mercredi 24 novembre 2010

Mission sur le décrochage à l'université

AFP, 24/11/2010

Le sénateur Christian Demuynck (UMP, Seine-Saint-Denis) a été chargé par la ministre de l'Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, d'une mission sur le décrochage à l'université, a-t-on appris auprès du sénateur et du ministère.

La mission s'intéressera aux "raisons du décrochage" et aux réponses qui peuvent être apportées. Le rapport devra être remis en avril 2011, pour application dès la prochaine rentrée universitaire, selon la lettre de mission transmise à l'AFP. Celui-ci devra faire des propositions "qui mettent en oeuvre des politiques adaptées, en particulier dans le domaine de l’orientation", a précisé le sénateur dans un communiqué.

Est aussi attendu un premier bilan des dispositifs de réorientation existant actuellement à l'université. Dans son communiqué, le sénateur note que cette mission intervient notamment alors qu'un rapport récent de l'Inspection générale de l'administration de l'Education nationale et de la recherche (IGAENR) a "dressé un premier bilan négatif et hétérogène" de l'application du plan "Réussir en licence" lancé par la ministre.

Mis en place à la rentrée 2008, ce plan a pour objectif de réduire l'échec en début de parcours à l'université, grâce à une meilleure orientation, du tutorat, des formations pluridisciplinaires ou un encadrement renforcé, avec plus d'heures d'enseignement et de plus petits groupes.

mardi 23 novembre 2010

Débat avec François Vatin, professeur de sociologie à l'université Paris-Ouest-Nanterre, co-auteur de "Refonder l'Université

Le Monde, 8 octobre 2010

L'intégralité du débat avec François Vatin, professeur de sociologie à l'université Paris-Ouest-Nanterre, co-auteur de "Refonder l'Université", mardi 23 novembre 2010 -

Dans un chat sur Le Monde.fr, François Vatin, professeur de sociologie, co-auteur de "Refonder l'université", préconise la mise en place d'une année de propédeutique pour les bacheliers qui entrent à l'université sans disposer des prérequis.

Azerty : En mai 2009, votre texte dans Le Monde démarrait ainsi : "Il est désormais évident que l'université française n'est plus seulement en crise. Elle est, pour nombre de ses composantes, à peu près à l'agonie." Que diriez-vous à quelqu'un qui trouverait cela extrêmement exagéré ?

Il suffit d'interroger les collègues pour prendre conscience du faible nombre d'étudiants que l'on trouve notamment dans beaucoup de masters recherche, en sciences dures comme en sciences humaines. On peut aussi noter la concurrence de plus en plus vive qui est faite par les établissements privés, dès la sortie du baccalauréat.

Universitas : D'après vous, quelles sont aujourd'hui les trois mesures d'urgence à prendre pour "refonder" l'université ?

Mettre en place un système d'orientation équilibré à la sortie du baccalauréat entre différents cursus, universitaires et non universitaires. Installer un dispositif de remédiation ("année zéro") pour les bacheliers entrant à l'université et ne disposant pas des prérequis pour suivre des études universitaires. Organiser une sélection à l'entrée en master pour pouvoir structurer un vrai cycle de master sur deux ans (en supprimant la sélection entre le master 1 et le master 2).

Arnaud-71 : Cette "année zéro" n'a-t-elle pas un caractère discriminatoire ? Cela irait à l'encontre de notre histoire qui permet à tous d'aller à l'université.

Le dispositif d'"année zéro" vise précisément à ce que l'université reste ouverte à tous. Bien organisé, il permettrait d'amener au final plus d'étudiants jusqu'à la licence et à un rythme plus rapide. Le système actuel est hypocrite, il se traduit par une sélection impitoyable dans le cours du cursus, qui conduit les bacheliers non préparés aux études universitaires à sortir sans diplôme ou à mettre de fait quatre ans, voire plus, pour obtenir une licence.

Manola : La clé de la refondation de l'université n'est-elle pas la fin de la concurrence déloyale que le système des classes préparatoires et des grandes écoles livre à l'université ? Le problème, c'est que le pouvoir de décision concernant l'avenir du supérieur est entre les mains de ceux qui sont issus des grandes écoles et qui bloquent toute évolution. En tant que normalien, qu'en pensez-vous ?

Je ne suis pas normalien. J'ai fait mes études intégralement à l'université, en sciences économiques, à Aix-en-Provence. Pour le reste, je partage largement votre analyse. Mais il faut préciser que cette concurrence n'est plus aujourd'hui le seul fait des classes préparatoires et des "grandes écoles". Il faut compter aussi, dès la sortie du baccalauréat, les IUT (qui ne font que formellement partie de l'université), les STS (les sections de techniciens supérieurs, qui relèvent du secondaire, comme les classes préparatoires), et les nombreuses formations privées.

Ce sont celles-ci dont le poids a augmenté le plus considérablement dans les poursuites d'études après le baccalauréat, au cours de ces dernières années. D'après une enquête officielle du ministère, en 2008, ces formations accueillaient 14% des bacheliers, contre 24% pour les licences universitaires (hors médecine-pharmacie). En 1996, ces chiffres étaient respectivement de 7% pour les formations supérieures privées, contre 36% pour les licences universitaires.

Villeneuve : Le nivellement par le bas des exigences au bac n'est-il pas en train de savonner la planche des premiers cycles ?

Bien évidemment, si le niveau des bacheliers était meilleur, la situation serait meilleure pour toutes les formations supérieures. La question que je pose est indépendante de celle du niveau moyen des bacheliers, elle est de savoir comment les bacheliers sont orientés dans les diverses filières d'enseignement supérieur, et pourquoi on confie à l'université - et à elle seule - le rôle d'accueillir ceux qui n'ont pas trouvé de place ailleurs.

Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas encore de bons étudiants qui entrent à l'université, mais tout est fait pour les en dissuader. Sauf, bien sûr, dans les disciplines qui disposent encore du monopole professionnel (médecine-pharmacie mais aussi droit, même si, dans cette discipline, ce monopole est aujourd'hui fragilisé).

Doudou : La plupart des élèves français sont disposés à payer 10 000 euros de frais de scolarité pour une école de commerce, ou 40 000 dollars pour une année d'études dans une grande université américaine. Pourtant, en France, beaucoup sont contre une augmentation des frais à l'université, pourtant dérisoires. Comment refonder quelque chose qui, dans l'esprit de la majorité, ne vaut rien ?


Vous êtes là au coeur de la question. Il s'agit précisément de redonner du crédit aux études universitaires. Il faut savoir que la qualité de l'enseignement actuellement fourni dans les universités est en général supérieure à ce qu'elle est dans la plupart des écoles de commerce. Il s'agit d'un enseignement lié à la recherche, avec des enseignants qui ont été recrutés à l'issue d'épreuves extrêmement difficiles. La situation actuelle constitue donc un grave gâchis pour la nation, puisque l'on prive les meilleurs élèves de l'enseignement fourni par les meilleurs enseignants.

Cette question est indépendante de celle du montant des frais d'inscription, sur lequel il y a matière à débat. Personne ne discute de la valeur des études suivies dans les écoles normales supérieures, où non seulement les frais d'inscription sont d'un montant comparable à ceux perçus par les universités, mais où, en plus, les élèves sont payés pendant leurs études. La revalorisation symbolique de l'université ne passe donc pas forcément par une augmentation des droits d'inscription.

A. Vandermonde : Si on trouve peu d'étudiants en master recherche, c'est que la recherche n'offre plus de débouchés pour ceux qui s'engagent dans ces voies, qui mènent au doctorat. Or la recherche universitaire française fonctionne actuellement grâce aux non-titulaires (doctorants, post-doctorants...). Une refonte de l'université peut-elle se dispenser d'une hausse substantielle du nombre de postes de maître de conférences ?

Il y a en France un grave problème des études doctorales qui est en fait symétrique au problème de l'entrée en premier cycle universitaire. Le taux de formation de docteurs en France par rapport à la population est plus faible qu'il ne l'est dans les pays de développement économique et social comparable.

Pourtant, comme le montrent les enquêtes du Centre d'étude et de recherche sur les qualifications (Cereq), la situation des docteurs sur le marché du travail est particulièrement mauvaise en France. Ils n'ont aucun avantage par rapport à des titulaires de master 2.

Cela ne concerne pas que les sciences humaines, c'est chez les chimistes que le taux de chômage trois ans après la thèse est le plus élevé (15%). Cette situation s'explique par la logique de recrutement de l'élite, sur les emplois publics comme privés, dans le système classes préparatoires-grandes écoles. Si l'on sélectionne ainsi précocement, à l'âge de 18-20 ans, l'élite de la nation sur des épreuves à caractère scolaire, on ne peut pas faire de place à des personnes qui se présentent à l'âge de 25-30 ans à l'issue d'un parcours de recherche et de réflexion personnelle approfondie.

Il faut donc ouvrir le marché des docteurs au-delà du seul secteur de l'enseignement supérieur et de la recherche, mais à l'évidence, cela ne peut pas se faire si on ne met pas en cause le système de domination exclusive des grandes écoles.

Charles : Que peut-on emprunter à l'organisation des universités étrangères pour refonder le supérieur français ?


Le dualisme qui caractérise le système d'enseignement supérieur français n'a, à ma connaissance, pas de correspondant dans aucun autre grand pays. C'est pourquoi les comparaisons terme à terme qui sont souvent menées entre les universités françaises et les universités étrangères souffrent d'un biais méthodologique, puisqu'à l'étranger, on peut globalement identifier université et enseignement supérieur, alors qu'en France, l'université ne constitue qu'une fraction réduite de l'enseignement supérieur.

Elvire : Que pensez-vous de l'inflation des structures intermédiaires qui accompagnent la loi relative aux libertés et responsabilités des universités (LRU) - pôles de recherche et d'enseignement supérieur (PRES), pôles de compétitivité, laboratoires d'excellence, etc. - et qui absorbent de plus en plus l'énergie des enseignants-chercheurs occupés à se positionner et à répondre aux multiples appels à projet ?


Je trouve, apparemment comme vous, que cette multiplication de dispositifs crée la confusion, la concurrence permanente, qui n'est pas forcément synonyme d'émulation et de sélection des meilleurs, et au final, un gâchis de temps pour les universitaires dont l'énergie pourrait être plus utilement mobilisée ailleurs.

A-C Husson : Pensez-vous que les classes préparatoires peuvent continuer à exister dans leur forme actuelle ? Peut-on, selon vous, envisager un rapprochement entre ce système et le système universitaire ?

Je pense qu'en termes pédagogiques, il y a des avantages et des inconvénients dans l'organisation classique des premiers cycles universitaires et dans celle des classes préparatoires, et que donc il serait possible, effectivement, de mettre en place un nouveau régime pédagogique qui emprunte aux deux systèmes. C'est là, bien sûr, aussi une question de moyens. Il ne faut pas ignorer que le coût de l'étudiant universitaire est beaucoup moins élevé que celui de l'élève en classe préparatoire et qu'il y a donc une certaine hypocrisie dans les reproches qui sont faits à l'université de mal encadrer ses étudiants.

Pauline : Que faire face au problème de la crise de l'emploi dont souffrent les jeunes à la sortie de l'université ? On le sait, la quasi-majorité des étudiants n'ira pas en doctorat. Faudrait-il professionnaliser davantage les filières ? Quelles sont les solutions ?

Les filières de master sont aujourd'hui massivement professionnalisées. Il est erroné par ailleurs de penser que les diplômés d'études universitaires ne trouvent pas d'emploi. Bien sûr, la situation varie en fonction de la conjoncture économique, et nous savons tous qu'elle est particulièrement défavorable en ce moment. Par ailleurs, il est bien clair que dans une configuration où un bon tiers de la jeunesse française entre sur le marché du travail avec un diplôme de niveau universitaire, celui-ci ne saurait accorder la même place dans la hiérarchie sociale par rapport à une période où seulement 10% de la jeunesse bénéficiait d'un tel niveau de diplôme.

Jean-Arnaud : Le financement des universités peut-il se passer des investissements du privé ?


Je n'ai pas de position dogmatique sur la question, mais il faut bien savoir que pour des raisons historiques, en France, le principal mécène - et ce n'est pas que pour l'université - reste l'Etat. Nous n'avons pas une tradition comparable à ce qui existe dans les pays anglo-saxons ou en Allemagne en termes de fondations privées, et dans ce contexte, un désengagement de l'Etat sans opportunité de ressources alternatives me paraîtrait extrêmement dangereux.

LRU : N'est-ce pas Valérie Pécresse qui est aujourd'hui la principale "refondatrice" de l'université ?

Dès la parution du Manifeste pour la refondation de l'université, en mai 2009, Valérie Pécresse s'est déclarée en accord, pour l'essentiel, avec nos orientations. Depuis, elle n'a répondu à aucune des questions que nous posions dans ce manifeste et que nous avons étayées dans l'ouvrage Refonder l'université (La Découverte, 2010, 276 pages, 19 euros).

Chat modéré par Philippe Jacqué

mercredi 3 novembre 2010

Ce rapport enterré sur les étudiants chinois en France

Le Point le 03/11/2010 à 12:47

Une absence de stratégie doublée d'une politique de sélection conditionnée par la demande chinoise ouverte à tous les dérapages : les inspections générales de l'administration de l'Éducation nationale et de la Recherche et du ministère des Affaires étrangères mettent les pieds dans le plat. Avec un rapport commandé en décembre 2009 par Valérie Pécresse et Bernard Kouchner, consacré à la sélection et à l'accueil des étudiants chinois en France. Soit la deuxième population d'étudiants étrangers dans les universités et établissements publics du supérieur, avec plus de 27.000 inscrits, juste derrière le Maroc.

Nicolas Sarkozy avait d'ailleurs souligné lors de sa visite d'État en Chine, fin avril, que le nombre d'étudiants chinois accueillis en France avait été multiplié... par dix en dix ans. Dans la lignée de Jacques Chirac qui, le premier, avait grand ouvert les portes de l'enseignement supérieur aux jeunes Chinois, le président de la République avait déclaré être prêt à en recevoir davantage encore. Une ambition douchée par ce rapport qui remet en cause les modalités du recrutement des étudiants chinois tel qu'il est pratiqué depuis des années. Et qui pourrait expliquer qu'il a aussitôt été remisé au fond d'un tiroir.

Des exclus du système chinois

Iconoclastes, les rédacteurs du rapport affirment que les étudiants accueillis en France sont d'abord des exclus des universités chinoises : "La France accueille très majoritairement des étudiants qui ne sont pas admis dans le système d'enseignement supérieur chinois, très sélectif, qui ne seront probablement pas la future élite chinoise, et qui arrivent avec un niveau d'études globalement inférieur à celui des autres étudiants étrangers. Les meilleurs étudiants chinois restent en Chine, ou bien se dirigent vers des filières dont ils s'assurent de la sélectivité, dans les autres pays ou dans nos grandes écoles." Alors que, à l'instar d'autres pays occidentaux, la France a toujours claironné investir dans la formation d'une élite pour bâtir son influence de demain en Chine...

Un objectif mal maîtrisé, précédé d'une cascade de ratés dans la sélection. Des universités prennent ainsi des préinscriptions massives d'étudiants chinois, souvent peu ou pas francophones, et n'assurent aucun suivi : après quelques mois de cours de français langue étrangère (FLE), ces étudiants disparaissent et s'inscrivent ailleurs... dans le meilleur des cas. Côté ambassade de France en Chine, l'application informatique censée gérer les projets d'études des jeunes Chinois et servir d'interface avec l'université d'accueil en France ne fonctionne pas.
"Baisse de l'attractivité française"

Dès lors, des agences installées en Chine, avec parfois des intermédiaires en France, profitent des failles du système et prospèrent en vendant leurs services. Elles proposent un package aux étudiants, avec la clef visa, inscription dans un établissement français et logement. Selon le rapport, les errements guettent : "Nous prônons le caractère attractif des études en France, tout en mettant en place une série de procédures qui aboutissent de fait à freiner cette attractivité et à laisser le champ libre à des intermédiaires qui monnayent l'inscription et l'accueil."
Une analyse se voulant à froid destinée à éviter que ne se répète une affaire du type de celle qui a secoué l'université du Sud Toulon-Var en 2009, avec des inscriptions massives d'étudiants chinois - qui représentaient le tiers des inscrits dans certains masters - et des présomptions de fraude aux diplômes. "Ces événements ainsi que leur assez forte médiatisation ont engendré un certain malaise dans les milieux universitaires chinois et français, beaucoup d'inquiétudes ainsi qu'une baisse de l'attractivité française en Chine", relèvent les inspecteurs généraux. La France a ainsi discrètement glissé de la cinquième à la neuvième place des pays d'accueil des étudiants chinois. La conséquence d'une politique illisible et à la petite semaine.

mardi 26 octobre 2010

La grande rénovation des campus français

Le Figaro, 26 octobre 2010

Valérie Pécresse présente ce mercredi matin au président de la République les projets de rénovation des universités.

Nicolas Sarkozy l'avait annoncé en novembre 2007, lors de la cession de 3 % du capital d'EDF : 5 milliards d'euros issus de cette vente devaient être consacrés à la rénovation des campus universitaires.

Revenant sur ce projet, le président expliquait le 14 octobre 2010 les changements attendus pour la qualité de vie des étudiants : «Nous avons fait le choix de l'opération Campus car il n'y a pas de fatalité : quelle est la fatalité qui voudrait que les campus aérés, magnifiques, écologiques, heureux, gais, que les bâtiments universitaires modernes et pas lézardés, que les implantations sportives de qualité, que les bibliothèques ouvertes y compris le dimanche, tout cela soit à l'étranger et pas chez nous ?»

Trois ans après le lancement du plan Campus, Valérie Pécresse et Nicolas Sarkozy inaugurent ce mercredi à la Cité de l'architecture l'exposition, ouverte au public à partir de demain, des projets architecturaux retenus pour bénéficier des crédits engagés. Des vidéos, des maquettes et des perspectives pour imaginer les campus de demain.

On y découvre les espaces en bordure du Rhône de Lyon Cité Campus, où se côtoient établissements d'enseignement supérieur, organismes de recherche, entreprises et institutions privées, le projet de «quartier universitaire» de Grenoble, intégré dans la ville et comprenant le territoire de la presqu'île, confluent de l'Isère et du Drac, dédié aux nanotechnologies…

En tout, cinquante-huit chantiers, répartis sur douze pôles universitaires, dont les premiers devraient être lancés avant la fin de l'année.

Ces chantiers couvrent la rénovation de bâtiments, notamment de cités universitaires, l'aménagement d'espaces verts, la création ou la refonte d'infrastructures sportives, le développement de la médecine préventive, la mise en place de nouveaux horaires pour les bibliothèques universitaires… Autant de domaines qui permettront d'améliorer la qualité de vie des étudiants, mais qui participent également à la restructuration des campus autour de leurs grands champs disciplinaires, permettant des regroupements et parfois des fusions entre universités et grandes écoles.

Jury international

Après le lancement du plan Campus et l'appel à projets lancé auprès des universités, un jury international avait sélectionné en juin 2008 les projets retenus selon quatre critères : ambition scientifique et pédagogique du projet, urgence de la situation immobilière, développement de la vie de campus et insertion du projet dans un tissu régional socio-économique.

In fine, douze sites ont reçu la faveur du jury, de l'université de Toulouse au plateau de Saclay, et du campus Condorcet au nord de Paris, à l'université d'Aix-Marseille.

Le ministère de l'Enseignement supérieur a donc arbitré en 2009 pour allouer les dotations à chaque campus.

Le plan de relance a permis d'ajouter deux projets aux dix prévus initialement, ce dont ont bénéficié le Campus Grand Lille et le Campus Lorrain.

De leur côté, les collectivités locales se sont associées au financement. Et pour accélérer le processus, l'État lancera les chantiers avec les intérêts de la dotation prévue.

Le but : que les images présentées à la Cité de l'architecture s'incarnent rapidement sur les sites choisis. Autant de lieux d'étude et de recherche qui pourraient commencer à ressembler à ces campus universitaires étrangers, dont les grands espaces et les infrastructures ne sont que la traduction d'une excellence scientifique.

jeudi 7 octobre 2010

L'orthographe à l'université ?

Le Monde, 7 octobre 2010

Michel Mathieu-Colas, ancien élève de l'Ecole normale supérieure, maître de conférences honoraire à l'université Paris-XIII.

A l'occasion de la rentrée universitaire, la question de l'orthographe revient sur le devant de la scène. Les établissements d'enseignement supérieur sont de plus en plus nombreux à proposer des cours de "remise à niveau" pour l'ensemble des étudiants, quelle que soit leur discipline. Ayant enseigné l'orthographe pendant de nombreuses années à l'université Paris-XIII – et piloté récemment une opération "Qualité de l'expression" dans le cadre du plan Réussir en licence –, j'ai pu mesurer, tout à la fois, l'aggravation de la situation et la possibilité d'y remédier. Quoi qu'en pensent certains, un tel enseignement a parfaitement sa place à l'université, à condition de développer une pédagogie appropriée.
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Encore faut-il être convaincu que l'orthographe n'est pas un ornement inutile, une "pièce rapportée" dont on pourrait se dispenser. D'abord parce qu'elle fonctionne, qu'on le veuille ou non, comme un marqueur social. C'est rendre un bien mauvais service aux jeunes que de leur dissimuler l'importance des codes, comme semble le faire le système scolaire quand il invite les enseignants à fermer les yeux sur les fautes, alors qu'il faudrait au contraire affronter les difficultés.

Cependant, dira-t-on, pourquoi perdre son temps ? Notre système d'écriture, chargé d'ans et d'histoire, est trop irrationnel, truffé d'exceptions et d'irrégularités. N'a-t-on pas décrit l'orthographe comme "la science des ânes", symbolisée par la dictée – un type d'apprentissage fondé sur la mémoire et la répétition ? Nous ne sommes plus à l'époque de nos (arrière-)grands-parents, qui se faisaient un honneur de ne pas commettre de fautes… Les générations actuelles pensent avoir mieux à faire et souhaitent se libérer d'un tel endoctrinement.

C'est précisément cette conception "désespérante" de l'orthographe que je voudrais démystifier. Notre code graphique n'a pas seulement une valeur sociale, il remplit plus fondamentalement une fonction linguistique, et tout est loin d'y être aussi absurde qu'on veut bien nous le faire croire. Cela est évident, déjà, pour l'orthographe grammaticale : "il la voit" mais "il l'a vue" ; "on en a" mais "on n'en a pas". Il est vrai que les règles peuvent paraître compliquées ("la nouvelle qu'avaient publiée les journaux…"), mais elles ne font que mettre en évidence le fonctionnement syntaxique de la phrase (quel est le sujet, quel est l'objet ?). La maîtrise de l'écriture ne peut être séparée, à ce niveau d'analyse, de la perception du sens.

Reste l'orthographe lexicale, qui concentre l'essentiel des critiques. Les irrégularités sont bien connues : elles affectent pêle-mêle les doubles consonnes (alléger/alourdir), les lettres finales (délai/relais), les accents (cône/zone), le trait d'union (portemanteau/porte-chapeau[x]) et bien d'autres cas particuliers. L'usage actuel résulte d'une histoire complexe, faite de strates successives, d'hésitations, de revirements, avec son lot de demi-mesures et de fausses étymologies. Il y a là trop d'anomalies pour qu'on puisse sérieusement envisager une rationalisation satisfaisante, et les réformes, même minimales, ont beaucoup de mal à s'imposer, faute de consensus.

CE DÉFI VAUT ENCORE LA PEINE D'ÊTRE RELEVÉ

Mais il faut garder le sens des proportions. Les anomalies ne doivent pas masquer le degré de cohérence qui fonde le code graphique. S'il y a plusieurs graphies pour un même son, leur distribution n'est pas aléatoire : le choix est souvent corrélé à des critères de position ou à des correspondances morphologiques (serin, seriner/serein, sérénité). Les lettres muettes, à l'occasion, soulignent les flexions (le "s" de inclus annonce le féminin incluse) ou les dérivations (le "c" et le "t" de instinct se font entendre dans instinctif). Certaines consonnes doubles sont clairement interprétables : si l'adjectif enneigé s'écrit avec deux "n", alors que enivré n'en prend qu'un, c'est en raison de la formation des mots (en+neige, en+ivre). Les graphies étymologiques ne sont pas dépourvues de toute signification : inhumer et exhumer révèlent, dans leur forme même, la présence de la terre (humus). Et bien d'autres observations iraient dans le même sens.

Dès lors, pourquoi renoncer à enseigner ce noyau intelligible de notre écriture ? L'orthographe, dans ses fondements, peut faire l'objet d'un apprentissage raisonné. Une pédagogie fondée sur la réflexion est plus valorisante que les exercices de mémorisation traditionnels, en même temps qu'elle assure des acquis plus solides (ce qu'on a compris ne s'oublie plus). En outre, elle permet de mieux cerner, par contraste, les zones d'ombre et les bizarreries : la perception des exceptions sera d'autant plus aisée qu'on aura pris conscience des régularités. On évitera ainsi de tout mettre sur le même plan : si, pour les anomalies, on peut s'en remettre à la mémoire, aux dictionnaires ou aux correcteurs (comme le propose François de Closets), tout ce qui est accessible à l'analyse peut et doit être assimilé.

Bref, on l'aura compris, l'orthographe ne se réduit pas à un tissu d'absurdités qui ne laisserait d'autres choix que le renoncement ou le "rabâchage". Avec de l'attention et de la réflexion, chacun peut en maîtriser l'essentiel. Ce défi vaut encore la peine d'être relevé, et l'université s'honore en y contribuant.
Michel Mathieu-Colas, ancien élève de l'Ecole normale supérieure, maître de conférences honoraire à l'université Paris-XIII.

Reconstruire l'université

Le Monde, 7 octobre 2010

Ils se sont fait connaître, le 14 mai 2009, dans un appel à "refonder l'université" publié dans Le Monde. Cette quarantaine d'enseignants-chercheurs, venus de tous les bords et que l'on surnomme désormais les "refondateurs", viennent de transformer l'essai dans un livre-manifeste publié le jeudi 7 octobre.

Seul un noyau de ces refondateurs - le juriste Olivier Beaud, les sociologues Alain Caillé et François Vatin, le philosophe Marcel Gauchet et le physicien Pierre Encrenaz - a tenu la plume de cette longue analyse du grand mouvement universitaire de 2009, mais aussi et surtout de l'état actuel de l'enseignement supérieur français.

Ce groupe s'est en effet donné pour objectif non pas de refonder la seule université, mais de lancer le débat et d'avancer des propositions pour "reconstruire l'ensemble du supérieur". Car la thèse centrale de cet essai est bien là.

Si l'université a connu et connaît un grand nombre de problèmes, on ne les résoudra pas en la dotant seulement d'une autonomie de gestion, argumentent les refondateurs. Il est urgent de revoir l'équilibre global du système d'enseignement supérieur.

"La loi d'autonomie souffre d'un vice congénital, écrivent-ils. Elle ne traite que de l'université, comme si la crise était interne à cette seule institution. Or le problème à résoudre est celui de la cohérence d'ensemble de l'enseignement supérieur français. L'université ne pourra pas retrouver son rôle historique, celui d'un lieu de référence dédié à la production, à la conservation et à la transmission du savoir, tant qu'elle aura comme fonction pratique privilégiée d'accueillir le public qui n'aura pas trouvé de place dans les autres cursus d'enseignement supérieur."

Bref, il faut instaurer une équité entre l'ensemble des voies d'études. Cela passe par un alignement des financements de l'université sur les classes préparatoires, instituts universitaires de technologie (IUT) et autres sections de techniciens supérieurs (STS), mais aussi par un recrutement sélectif.

Transformées progressivement en "voitures-balais" du supérieur, les facultés doivent désormais pouvoir accueillir les étudiants, en fonction des capacités de ces derniers.

Cela passe par un "grand service public propédeutique réunissant (ce qui ne veut pas dire normalisant dans un dispositif uniforme) IUT, STS, classes prépas et premiers cycles". Mais aussi par un régime de sélection-orientation commun à l'ensemble des filières.

RÉINVENTER LA PROPÉDEUTIQUE

Ce dispositif étant difficilement acceptable, tant pour l'opinion publique que pour les universitaires très attachés à l'accueil de tous les bacheliers, ces premiers cycles continueraient de recruter l'essentiel des bacheliers.

Mais, aux jeunes titulaires notamment d'un bac technologique ou professionnel, dont le niveau serait jugé trop fragile, serait proposée une "année zéro".

Cette propédeutique permettrait de les préparer spécifiquement à l'université. Après examen, ils pourraient rejoindre une première année. Aujourd'hui, seul un étudiant sur deux valide sa première année, 20 % décidant de la redoubler.

Avantages de ce dispositif : il permet d'améliorer l'encadrement en licence et d'assurer une prise en charge idoine de tous. Il remet également de l'équité dans le système et donne aux universités les mêmes outils pour attirer les bons étudiants que les autres filières du supérieur.

Refonder l'université. Pourquoi l'enseignement supérieur reste à reconstruire. La Découverte, 274 p., 19 euros

Philippe Jacqué

Quand les universités françaises lèvent des fonds

Le Point, 6 octobre 2010

Par Marie-Sandrine Sgherri

À l'image des grandes écoles, les universités françaises se lancent dans une activité inédite pour elles : le fundraising, autrement dit la levée de fonds. Mardi, c'était au tour de Dauphine, l'université de gestion parisienne. Elle espère récolter de ses anciens élèves et d'entreprises 35 millions d'euros en quatre ans.

C'est peu de dire que ces appels à la générosité ne sont pas dans les moeurs de l'enseignement supérieur français. Seule exception, l'INSEAD, une école de business très atypique, située à Fontainebleau : elle a déjà procédé à deux appels de fonds auprès de ses anciens et le dernier, clos en 2008, lui a rapporté plus de 200 millions d'euros.

D'origine américaine, l'INSEAD n'a fait que reproduire une pratique très banale aux États-Unis où elle a parfois des résultats spectaculaires : ainsi en 2008, la Chicago School of Business recevait de David Booth, un ancien lauréat de son MBA, la somme record de 300 millions de dollars, d'où son nouveau nom de Chicago "Booth" School of Business.

Outre-Atlantique, ces dons servent à alimenter un fonds (l'endowment) que les universités placent sur les marchés financiers. L'an dernier, celui de Harvard se montait, après des pertes dues à la crise, à 20 milliards d'euros, soit... les deux tiers du budget total de notre enseignement supérieur ! Les institutions françaises ne jouent donc pas tout à fait dans la même division...

Niche fiscale

Mais la loi sur l'autonomie des universités de 2007 a joué un rôle de déclencheur. Auparavant, les universités ou les grandes écoles se contentaient de contacter leurs anciens élèves pour qu'ils incitent leur entreprise à s'acquitter de la taxe d'apprentissage en leur faveur.

Cette pratique est maintenue, mais elle se double désormais pour les plus prestigieuses d'entre elles d'appels de fonds à l'américaine avec cérémonie de remerciements, remise de titre aux donateurs et surtout rappel incessant du fait que donner permet de faire baisser ses impôts !

Le régime de défiscalisation est en effet particulièrement avantageux : par exemple, pour ceux qui ne s'acquittent que de l'impôt sur le revenu, les deux tiers du don sont déductibles. Pour ceux qui payent l'ISF, la déduction atteint 75 %. Une superbe niche fiscale que le gouvernement a bien songé à raboter, mais qu'il a finalement maintenue.

L'École polytechnique a été la première à annoncer sa levée de fonds en 2008. Elle espérait modestement récolter 25 millions d'ici à 2012, mais l'objectif a été atteint dès 2010, ce qui l'a incitée à relever ses ambitions : elle attend désormais 35 millions. La prudence reste pourtant de mise de la part des institutions.

Pour preuve, l'université Pierre-et-Marie-Curie. La première institution française dans le classement de Shanghai devait se lancer en 2009, mais refroidie par la crise financière, elle a repoussé l'opération sine die.

mercredi 29 septembre 2010

Universités : les cursus pour étudiants brillants

Le Figaro, 29 septembre 2010 - Natacha Polony

Les bi-licences, associant par exemple droit et langues ou sciences et philosophie, se multiplient. Aux étudiants les plus motivés, elles proposent des enseignements pointus et exigeants.

Que faire après son baccalauréat quand on est un élève brillant, ­intéressé par plusieurs domaines et soucieux de sa future insertion professionnelle ? La réponse n'est pas forcément à chercher dans les classes préparatoires aux grandes écoles, qui pourtant attirent de plus en plus de jeunes. Car les universités font aujourd'hui mentir leur réputation de garderie pour élèves faibles et mal orientés. Même les premières années, qui ont si mauvaise presse, offrent aux meilleurs étudiants des parcours désormais à leur mesure.

Les bi-licences et les doubles cursus, qui permettent d'associer deux domaines de compétence à travers des horaires aménagés pour obtenir soit un diplôme de bi-licence, soit deux diplômes de deux licences différentes, sont plébiscités par les étudiants. Et pas seulement parce qu'ils offrent une pluridisciplinarité pour des étudiants qui n'auraient pas choisi leur voie. En fait, ces cursus n'ont plus grand-chose à voir avec le bricolage de l'étudiant indécis qui s'inscrivait en anglais et en histoire avant de voir venir.

Des experts à double casquette

Les pionniers, Paris-X et Paris-I, proposent depuis longtemps d'associer au sein d'une seule formation le droit et les langues ou le droit et la gestion.

«C'est une démarche tout à fait classique dans d'autres pays, précise Cornelius Crowley, vice-président de Paris-X Nanterre chargé des études. Ces parcours ne se contentent pas d'une dimension linguistique, mais ils constituent une ouverture vers les systèmes juridiques étrangers.»

Mais ce qui s'était mis en place au gré des affinités des universitaires et de leur envie d'associer leurs disciplines prend une dimension nouvelle avec le plan licence porté depuis 2007 par le ministère de l'Enseignement supérieur et le rapprochement des universités au sein des pôles de recherche et d'enseignement supérieur (Pres).

«Réparer ce qu'avait cassé Mai 68», tel est, pour Valérie Pécresse, l'intérêt des Pres, qui retrouvent la vocation pluridisciplinaire de l'université. Principal bénéfice, les universités peuvent s'associer pour proposer aux étudiants des parcours originaux mêlant sciences et philosophie ou droit et histoire de l'art. Une façon de répondre aux exigences d'un marché du travail demandeur d'experts à double casquette.

Mais si ces filières sont aujourd'hui plébiscitées, c'est parce que le peu de places disponibles et la quantité de travail exigée en font des bastions de l'excellence à l'intérieur d'universités mal aimées de l'opinion publique. D'où la grande prudence des présidents d'université à l'égard de ces cursus aux allures d'heureuse exception.

«Nous respectons la procédure d'admission post-bac, précise ainsi Jean-Claude Colliard, président de l'université Panthéon-Sorbonne (Paris-I), simplement, nous réservons ces filières aux étudiants les plus motivés, puisqu'elles réclament une grande capacité de travail. Bien sûr, l'université ne peut pas faire que ce genre de cursus. Elle n'a pas vocation à sélectionner ses étudiants. »

Pas officiellement de sélection, donc, mais, selon le président de Paris-I, «des critères objectifs», comme les notes et les mentions au bac. Et les candidats se bouculent : ils sont 4 500 au test de langue imposé par Paris-X Nanterre pour intégrer ses bi-licences de droit et langues, à raison de 80 ou 120 heureux élus suivant la langue choisie.

Car ces filières offrent de réels débouchés professionnels, puisqu'elles sont pensées en fonction de besoins précis. Et les grands cabinets d'avocats s'arrachent ces juristes bilingues et spécialisés dans le droit russe ou allemand.

D'autant que les doubles cursus ouverts grâce aux possibilités offertes par les Pres déboucheront, d'ici à trois ans, sur des masters parfois couplés avec des grandes écoles, comme pour Paris-I et HEC.

Les réticences des syndicats étudiants, Unef en tête, qui voient là un contournement de la vocation non sélective de l'université, risquent de ne pas peser lourd face à une demande en explosion.

Les autres filières

Les universités développent de plus en plus d'offres pour les très bons étudiants, à la recherche d'un diplôme promettant une véritable valeur ajoutée. Le Collège de droit d'Assas a été conçu pour accueillir la crème des étudiants en droit, qui se voit offrir un parcours adapté : rassemblés entre membres du collège pour les cours de licence, ils ont le choix, en supplément, entre trois enseignements d'ouverture associant de la philosophie ou des langues.

Comme on est à l'université, celui qui n'a pas intégré ce collège en première année n'en est pas définitivement exclu. Les élèves du collège qui n'obtiennent pas 13/20 de moyenne cèdent leur place aux meilleurs élèves de licence.

On trouve également des aménagements pour associer médecine et École normale supérieure dans la filière médecine, ou un véritable double cursus ingénieur-pharmacien et ingénieur-médecin, grâce à un partenariat entre l'université Jules-Verne et l'École des mines de Saint-Étienne au sein du Centre ingénierie et santé.

Mais outre les bilicences, certaines universités optent pour des cursus renforcés. Toulouse-I a choisi de sélectionner au cours du premier semestre ses meilleurs éléments en droit ou en économie pour leur proposer des cours supplémentaires, avec pour vocation de nourrir la Toulouse School of Economics (TSE), concurrente prestigieuse de son homologue londonienne.

dimanche 26 septembre 2010

Nicolas Sarkozy à Saclay

- Nicolas Sarkozy à Saclay

Elias Zerhouni

Elias A. Zerhouni

- sur le site du NIH

- sur Wikipedia France

Le rapport Zerhouni

- LE RAPPORT ZERHOUNI SUR L'INSERM EMBARRASSANT POUR VALÉRIE PÉCRESSE

- Le rapport d’évaluation de l’INSERM par l’AERES (rapport Zerhouni)

Nouvelles tendances dans la recherche E. Zerhouni


41_FR Nouvelles tendances dans la recherche E. Zerhouni
envoyé par BioVision2009. - Regardez plus de vidéos de science.

vendredi 17 septembre 2010

Le rude marché mondial de la matière grise

Le Monde, 16 septembre 2010

L'enseignement supérieur français est décidément soumis au régime de la douche écossaise. Début août 2010 , le "classement de Shanghaï" ne retenait que sept universités ou grandes écoles tricolores parmi les 200 meilleures mondiales.

Quelques jours plus tard, à l'inverse, la recherche mathématique française triomphait en décrochant deux médailles Fields, l'équivalent du prix Nobel dans cette discipline.

Au début de la semaine, la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, Valérie Pécresse, saluait la rentrée universitaire par un vibrant satisfecit, assurant qu'"une nouvelle université est en train de voir le jour, une université offensive".

Hélas, le classement des 200 meilleures universités mondiales établi depuis 2004 par le magazine britannique Times Higher Education - et dont nous publions aujourd'hui les résultats en exclusivité - vient sévèrement tempérer cet enthousiasme : seules l'Ecole polytechnique, l'Ecole normale supérieure de Paris, ainsi que celle de Lyon, et l'université parisienne Pierre-et-Marie-Curie figurent au palmarès.

Le verdict est d'autant plus cruel que ce classement ne prête pas le flanc, ou beaucoup moins, aux critiques formulées chaque année contre la rusticité de celui de Shanghaï.

Mieux, le Times Higher Education a changé, cette année, de méthodologie et multiplié ses critères d'évaluation pour prendre en compte non seulement les performances de la recherche, mais aussi la qualité de l'enseignement, la diffusion scientifique et les efforts de financement.

Cela ne gomme pas tous les biais résultant des spécificités du système français, notamment l'existence de très nombreux centres de recherche associant universités et grands organismes de recherche, comme le CNRS, qui complique la tâche des évaluateurs.

Mais le résultat est clair : 4 établissements français seulement s'imposent sur la scène mondiale, contre 72 américains, 29 britanniques, 14 allemands et 10 néerlandais...

Au plan hexagonal, ces résultats relanceront deux débats.

D'une part, celui de la masse critique nécessaire pour s'imposer dans la planète universitaire, dès lors que trois grandes écoles devancent la première et unique université classée ; d'autre part, celui de l'effort de financement, indéniable depuis trois ans, mais qui doit impérativement être maintenu pour produire ses effets à moyen et long terme. Gageons que Mme Pécresse saura en tirer argument au moment des ultimes arbitrages budgétaires.

Au plan mondial, ce classement confirme l'écrasante suprématie occidentale dans la compétition internationale acharnée pour attirer et s'attacher les meilleurs cerveaux, clef de la recherche et des innovations du futur.

Mais il témoigne aussi que les ambitions de l'Asie commencent sérieusement à émerger sur le "marché" mondial de la matière grise : les universités de Hongkong, Pohang (Corée du Sud), Singapour et Pékin devancent ainsi les françaises. Nul doute que cette concurrence sera de plus en plus rude.

mercredi 15 septembre 2010

Classement du Times: universités US en tête

AFP, 16 septembre 2010

Les universités américaines dominent un nouveau classement des universités et grandes écoles publié aujourd'hui par le Times Higher Education, seules trois universités françaises se plaçant dans les cent premières du classement.

Celui-ci peut être trouvé à l'adresse http://www.timeshighereducation.co.uk/world-university-rankings

Les établissements américains se placent parmi les meilleurs : l'université de Harvard arrive en tête, suivie du California Institute of Technology, puis du Massachusetts Institute of Technology. L'Université de Stanford et celle de Princeton se hissent respectivement aux 4e et 5e rang, selon ce classement transmis à l'AFP.

Les établissements britanniques Université de Cambridge et Université d'Oxford se placent à la 6e place ex-æquo.

Côté français, l'Ecole polytechnique de Paris, l'Ecole Normale supérieure (ENS) de Paris et l'ENS Lyon sont les seules à apparaître dans le top 100, en se plaçant, respectivement, aux 39e, 42e et 100e rangs. L'Université Pierre-et-Marie-Curie décroche la 140e place, dans le top 200.

Le Times Higher Education ne donne pas de comparaisons avec les classements des années précédentes, dans la mesure où il dit avoir changé de méthodologie, selon un communiqué du magazine.

Celle-ci prend en compte 13 critères contre 6 auparavant, donne "moins d'importance au prestige et à la réputation des établissements", mais "plus de poids à des critères objectifs utilisés pour mesurer l'excellence des établissements" comprenant "la recherche, l'enseignement et le transfert de connaissances", selon le communiqué.

"Les experts chargés du classement pensent que le manque d'établissements de grande taille dédiés à la recherche de haut niveau a une fois de plus joué en défaveur de la France", mais que "la réorganisation" du système visant à "faire émerger des pôles d'excellence axés sur la recherche" devrait "permettre à la France d'améliorer son classement au cours des années à venir", ajoute-t-il.

Le bureau d'études britannique QS (Quacquarelli Symonds Ltd) qui jusqu'à l'an dernier publiait son classement dans le Times Higher Education, a rendu public un autre palmarès le 8 septembre.

L'université veut contrer les filières d'élite

Le Monde, 13 septembre 2010

A peine les étudiants des classes préparatoires aux grandes écoles sont-ils rentrés dans leurs lycées que les universités ouvrent leurs portes aux quelque 1 371 500 étudiants inscrits cette année.

Depuis la décision gouvernementale d'octroyer un dixième mois de bourse aux étudiants effectivement scolarisés sur cette durée, les universités entament leurs cours dès septembre 2010 et n'hésitent plus à organiser des prérentrées pour les premières années de licence.

En favorisant l'autonomie, les rapprochements d'établissements, ainsi qu'en multipliant les opérations de financements sur appel d'offres (comme l'opération de rénovation des campus, organisée en 2009) ou les investissements d'avenir permis par le grand emprunt, le gouvernement a mis en place les conditions d'une compétition entre les établissements.

Traditionnellement inscrites dans un cadre national qui a favorisé l'idée d'"égalité" entre les établissements (égalité d'accès à l'université, égalité des diplômes délivrés sur tout le territoire, égalité de traitement des universitaires), les universités sont aujourd'hui poussées à définir un projet et à se faire leur propre place dans le système universitaire.

Le gouvernement souhaite ainsi qu'elles assument leur statut, soit d'université tournée vers la recherche au niveau international, soit d'université de proximité avec une ou deux spécialités en recherche de haut niveau.

Si tous les universitaires sont conscients des différences qui existent déjà entre établissements, cette approche rompt pourtant avec une tradition séculaire.

"Avec cette politique, on accentue l'université à deux vitesses, qui mène à une formation à deux vitesses", conteste ainsi Stéphane Tassel, secrétaire général du Snesup.

"Même si personne ne veut le dire, tout le monde sait aujourd'hui qu'en France il n'y a pas une mais 83 vitesses (soit le nombre d'universités publiques) dans le système universitaire. Autant l'assumer et aider les universités à définir leur propre projet. Et ce ne sont pas nécessairement les grandes universités parisiennes installées qui sont aujourd'hui les mieux armées", explique un bon observateur du système universitaire.

Dans ce nouveau cadre, un certain nombre d'universités se sentent complètement décomplexées et n'hésitent pas à entrer frontalement en compétition directe avec les traditionnelles filières d'élites, les classes préparatoires aux grandes écoles.

Pour attirer les étudiants les plus prometteurs, elles offrent des formations rénovées et le plus souvent sélectives.

"Tout comme nous devons différencier le rôle des universités en les spécialisant, nous devons offrir à un public étudiant très hétérogène des parcours qui conviennent à chacun", juge Louis Vogel, le président de l'université Paris-II-Panthéon-Assas.

Depuis une dizaine d'années, des universités, comme Nanterre ou Paris-I-Panthéon-Sorbonne, offrent ainsi des doubles licences (deux licences disciplinaires préparées en trois ans) ou des bilicences (une licence préparée en trois ans avec deux disciplines), avec toutes les combinaisons imaginables : droit-langues, philosophie-lettres, droit-histoire de l'art, etc.

Selon le ministère de l'enseignement supérieur, le phénomène est en plein développement. Plus d'une dizaine d'universités, dont récemment Paris-II, Paris-IV et Paris-VI, ensemble, offrent des dizaines de doubles licences habilitées.

"L'intérêt de ces formations est double, explique un universitaire. Elles permettent de sélectionner ses étudiants, sur leur niveau de langues ou sur une mention obtenue au baccalauréat, mais aussi de lutter contre la balkanisation des sciences sociales. Une bilicence économie-sociologie peut ainsi être beaucoup plus riche qu'une simple licence, ces deux disciplines se nourrissant mutuellement".

Certaines universités ont préféré opter pour des licences renforcées. L'université de Nancy-I-Henri Poincaré, qui a fait ce choix, ouvre cette année en licence de mathématiques une "classe préparatoire maths-physique" interne.

"Sur 140 étudiants inscrits, nous avons sélectionné 12 volontaires qui bénéficieront de 50 % d'heures en plus en première année, soit 31 heures de cours, au lieu de 21 heures, explique Didier Schmitt, le directeur des études de L1. L'objectif est certes de préparer aux concours d'écoles d'ingénieurs, mais avant tout d'en donner plus à de très bons étudiants".

Quant aux facultés de droit, elles se sont engouffrées dans la voie des "collèges de droit", une licence renforcée en droit réservée à une petite élite. Après Paris-II, Montpellier-I ouvre son collège de droit à une cinquantaine de bacheliers. A Toulouse-I, le collège de droit ne pourra être intégré qu'en deuxième année et sera réservé aux meilleurs étudiants de L1.

"Nous proposons aux très bons étudiants des cours supplémentaires de culture juridique, explique Bernard Beigner, doyen de la faculté de droit. En parallèle, nous avons notre plan pour les étudiants en difficulté. Nous en finissons en quelque sorte avec le menu unique qui prévalait jusqu'à maintenant."

"Les universités devraient concentrer leurs efforts pour faire baisser l'échec en licence. Notamment en augmentant les horaires de tous les étudiants, et non d'une seule petite partie, et en intégrant les classes prépas dans les universités !", lui rétorque le président de l'UNEF, Jean-Baptiste Prévost. Excellence pour tous ou quelques-uns, le débat reste entier.

Philippe Jacqué

mardi 14 septembre 2010

En 2010, 1,6 % d'étudiants en plus dans les universités

le Monde, 14 septembre 2010

Malgré la baisse du nombre de bacheliers (- 1,3 %), les effectifs d'étudiants qui s'inscrivent cette année à l'université sont en hausse. Cette remontée a été entamée en 2009, après trois années de baisse.

Quelque 1 371 500 jeunes, soit 21 600 de plus que qu'en 2009 (+1,6 %), sont attendus à cette rentrée.

Si, en licence, le nombre d'étudiants inscrits est relativement stable, en master, les inscriptions affluent (+ 18 500, +3,5 %).

Le nombre de doctorants repart également à la hausse (+3 %) après une chute de 1,5 % l'an dernier.

Comme l'université, les sections de techniciens supérieurs voient leurs effectifs augmenter (+ 3 000 étudiants, +1,2 %).

En Institut universitaire technologique (IUT) et en classes préparatoires aux grandes écoles, en revanche, les effectifs s'effritent respectivement de 200 (- 0,1 %) et de 400 inscrits (- 0,5 %).

lundi 13 septembre 2010

A Assas, les parcours sont adaptés au niveau de chacun

Le Monde, 13 septembre 2010

C'était en 2008, juste après avoir passé les concours d'entrée aux instituts d'études politiques (IEP), Marthe Corpet, mention très bien au bac, découvre l'existence du tout nouveau collège de droit de l'université Panthéon-Assas.

Une licence de droit classique renforcée de plusieurs heures de séminaires en droit comparé, en gestion ou en philosophie du droit. "Je me suis tout de suite dit : la fac est sauvée ! Et je me suis inscrite, et ce même si j'avais réussi les concours des IEP..."

Sélectionnée sur ses résultats au baccalauréat et après paiement de deux cents euros en plus du tarif conventionnel, Marthe Corpet vit désormais dans "une promotion de têtes de classe, où le travail en groupe est très efficace."

Car ici tout est fait pour rappeler une école : week-end d'intégration, cours en petits comités avec des professeurs plus habitués à l'enseignement en master qu'en licence, diplôme du collège en supplément de leur licence... De quoi attirer des candidats qui autrefois hésitaient entre Science Po ou une classe préparatoire aux grandes écoles.

Licence différenciée

"En créant le collège de droit, nous avons voulu mettre en place une offre de formation en licence différenciée selon les publics, explique Louis Vogel, le président de l'université. Chaque année, nous recevons 2 600 étudiants en première année... Si on met tout le monde dans le même circuit, on court à la catastrophe !"

Alors à côté du collège de droit, Assas a créé deux parcours de première année de licence (L1). Le parcours classique ouvert à la majorité des étudiants et un parcours de réussite offert à 120 étudiants volontaires.

"Ce sont des étudiants qui sont quasiment sûrs de rater leur première année, car ils ont d'importantes lacunes en orthographe, par exemple. Or, en droit, cela ne pardonne pas", indique Louis Vogel.

Cette L1 de réussite est allégée de trois matières de droit et renforcée de cours d'expression écrite et orale, de culture générale et d'un tutorat.

"Et cela n'est pas une filière-ghetto, comme certains l'ont cru, car à la fin, si les étudiants valident leur année, ils reprennent en 2e année de licence classique", reprend le président d'université. D'ailleurs, 20 % de ces étudiants réussissent mieux - à profil similaire - que ceux du parcours classique de L1.

"L'intérêt de ce système en plusieurs parcours, c'est que rien n'est figé, décrypte Denis Baranger, professeur de droit public au collège de droit. En L1 ou en L2, des étudiants se révèlent et s'ils obtiennent une bonne moyenne, ils peuvent rejoindre le collège de droit. Quant aux étudiants du collège, s'ils n'obtiennent pas 13/20, ils retrouvent le parcours classique."

L'an dernier, environ un tiers des étudiants sont sortis en fin de L1 du collège et un peu moins lors de la seconde année. "Mon rêve serait qu'un étudiant ayant commencé dans le parcours de réussite puisse finir lauréat du collège de droit ! ", assure Louis Vogel.

Quant à Marthe Corpet, qui vient de rejoindre les rangs de l'UNEF (gauche, majoritaire), le premier syndicat étudiant, son rêve serait que tous les étudiants d'Assas puissent bénéficier du collège de droit : "Tous les étudiants doivent avoir accès à ces conditions d'études exceptionnelles !"

Philippe Jacqué

samedi 4 septembre 2010

Bientôt un concours unique pour la filière littéraire dans le supérieur

Le Monde, 3 septembre 2010

Un "concours unique" va être créé entre Normale sup, des écoles de commerce et les instituts d'études politiques de province, afin d'élargir les débouchés de la filière littéraire, a annoncé vendredi 3 septembre 2010 à Enghien (Val-d'Oise) la ministre de l'enseignement supérieur, Valérie Pécresse.

Il s'agit d'"offrir des débouchés à la hauteur des formations littéraires de grande qualité" que sont les classes préparatoires littéraires d'hypokhâgne (première année) et de khâgne (deuxième année), a-t-elle expliqué.

Les Ecoles normales supérieures (ENS) d'Ulm (Paris) et de Lyon, débouchés traditionnels pour les "khâgneux", n'en recrutent en effet que deux cents chaque année à l'issue d'un concours très sélectif passé par quelque quatre mille cinq cents élèves.

ÉLARGIE À HEC, L'ESSEC OU L'ESCP EUROPE

L'idée du "concours unique" est que de bons élèves ayant raté les ENS puissent quand même intégrer des écoles de commerce ou des instituts d'études politiques (IEP).

Pour cela, la "banque d'épreuves littéraires" commune aux deux ENS depuis 2007 va être élargie en 2011 aux six écoles de management qui recrutaient via le concours Ecricome, aux IEP de province (Aix, Bordeaux, Grenoble, Lille, Lyon, Rennes, Strasbourg, Toulouse) et à d'autres écoles comme l'Ecole des chartes.

Un partenariat en ce sens va être signé le 17 septembre, selon Mme Pécresse.

Les trente et une écoles de commerce et management qui recrutaient via le concours BCE (banque commune d'épreuves), dont les plus prestigieuses comme HEC, l'Essec ou l'ESCP Europe, "doivent encore se déterminer sur le rythme d'entrée dans le dispositif, soit 2011, soit 2012", a précisé la ministre.

"Je trouve dommage que Sciences Po Paris ne participe pas", a-t-elle commenté, expliquant que c'était parce que l'IEP parisien avait récemment supprimé son recrutement à bac + 1, ce qui n'est pas le cas de ceux de province.

"DÉCLOISONNER" LES FORMATIONS

En visite au lycée Gustave-Monod d'Enghien, Mme Pécresse a par ailleurs salué l'ouverture d'une classe préparatoire en partenariat avec l'université Paris 13-Villetaneuse (Seine-Saint-Denis).

Désormais et à titre expérimental, l'académie de Versailles ouvrira chaque nouvelle classe préparatoire en lien avec une université, l'idée étant de "décloisonner" les formations et de plus faire travailler ensemble les "prépa" aux grandes écoles et le monde universitaire.

vendredi 3 septembre 2010

Valérie Pécresse présente le concours unique pour Normale-Sup, Sciences Po et HEC

Le Monde, 3 septembre 2010

Peu à peu, une véritable filière littéraire se dessine dans l'enseignement supérieur. Lors d'un déplacement à Enghien (Val-d'Oise), vendredi 3 septembre 2010, Valérie Pécresse, ministre de l'enseignement supérieur, devait annoncer l'élargissement de la banque d'épreuves littéraire (BEL) commune aux écoles normales supérieures et à de nombreux autres établissements.

Un protocole d'accord devrait être signé entre les principaux partenaires, le 17 septembre 2010.

Dans l'air depuis des années, la BEL est discutée depuis des mois. Elle devrait permettre aux nombreux étudiants refoulés à l'entrée à Normale-Sup de se réorienter en douceur. Cette filière littéraire, hors université, offrira ainsi une variété de débouchés.

Après une première année commune en hypokhâgne, les étudiants entreront en khâgne Ulm ou en khâgne Lyon pour préparer les épreuves de la BEL.

Selon leur réussite et leur choix, ils pourront intégrer l'une des écoles normales supérieures (ENS), un institut d'études politiques (IEP d'Aix-en-Provence, de Lille, de Lyon, de Rennes ou de Toulouse) ou une grande école de management.

A travers deux banques d'épreuves (Ecricome et BCE), 31 écoles de commerce leur seront en effet accessibles, dont les trois plus prestigieuses : HEC, Essec, ESCP Europe, à l'issue de ce concours commun.

Les reçus pourront également choisir l'Ecole supérieure d'interprètes et de traducteurs (ESIT), l'Institut supérieur du management public et politique (Ismapp), l'Ecole des chartes ou l'école de journalisme et de communication Celsa.

Aujourd'hui, les écoles normales supérieures de Paris et de Lyon n'ont guère que 250 places à offrir aux 5 000 jeunes qui sortent chaque année de khâgne.

"On ne pouvait plus s'en contenter, considère Olivier Faron, directeur général de l'ENS Lyon. Là, on passera à 600 ou 700 places."

"Fleurons négligés"

Certes, les étudiants littéraires n'ayant pas trouvé place à Normale-Sup pouvaient déjà passer les épreuves d'entrée de tous ces établissements, mais "il fallait jongler avec les concours", fait-on remarquer dans l'entourage de Valérie Pécresse.

"Hypokhâgne et khâgne sont des fleurons négligés de notre système éducatif, regrette la ministre. Cette pépite, je veux la faire briller. Les très bons étudiants littéraires doivent pouvoir bénéficier de très bons débouchés." L'ouverture offrira, enfin, une meilleure visibilité en termes d'orientation à une filière qui prend l'eau de toutes parts au lycée.

Mme Pécresse espère que l'élargissement de la BEL sera effectif dès 2011. Mais, si l'accord est signé le 17 septembre 2010, tout ne sera pas réglé pour autant.

"Il y a encore plein de petites questions techniques à aborder", souligne Gilles Pollet, directeur de l'IEP de Lyon. Si l'on se fie aux discussions qui avaient précédé le rapprochement des épreuves des deux ENS, cela pourrait prendre du temps.

"Il n'y aura pas une formule unique et générale, avertit Thierry Debay, responsable de la BCE. Les modalités d'admission seront différentes selon les écoles. Cela fera l'objet de pourparlers."

M. Debay, qui se montrait très prudent sinon réticent avant l'été, précise : "Sur les coefficients, les notes à prendre en compte, les dates des jurys, le niveau auquel l'étudiant entrera dans l'école, etc., tout reste à faire. Le plus probable est que nous ne serons prêts qu'en 2012."

La route est donc encore longue. D'autant que Mme Pécresse ne compte pas s'arrêter en si bon chemin, rêvant déjà de mobiliser d'autres écoles de journalisme ou d'art.

Benoît Floc'h

jeudi 26 août 2010

L'université reste une chasse gardée

A propos du livre "Les Classes populaires dans l'enseignement supérieur", Actes de la recherche en sciences sociales, Seuil, 16 euros. Le Monde, 26 août 2010

C'est l'histoire de l'arbre qui cache la forêt. L'injonction faite aux classes préparatoires aux grandes écoles d'accueillir 30 % de boursiers - lancée par Jacques Chirac dès 2006 et relancée depuis par Nicolas Sarkozy - semble aujourd'hui la clef de la démocratisation de l'enseignement supérieur. La revue Actes de la recherche en sciences sociales s'emploie, dans sa dernière livraison, à dégonfler cette baudruche.

La médiatisation de cette question " contribue à masquer les véritables enjeux de la démocratisation", écrivent les sociologues Stéphane Beaud et Bernard Convert. A leurs yeux, ce débat tend à faire croire que l'élargissement de l'accès à l'enseignement supérieur "passerait d'abord par un accès accru aux grandes écoles alors que les élèves des classes préparatoires ne représentent que 5 % d'une classe d'âge et qu'une infime minorité (2 à 3 %) des enfants de milieu populaire accède aux grandes écoles". Alors que "l'institution de masse par laquelle se fait l'essentiel de la promotion scolaire et intellectuelle des classes populaires reste l'université".

Pour autant, si les étudiants, notamment issus de milieux populaires, ont afflué à l'université, cette dernière ne s'est pas réellement démocratisée. Une enquête de Sandrine Garcia en témoigne. Elle pointe les difficultés des universités à faire face à ce public issu des classes populaires.

Doté d'un bagage scolaire insuffisant, ces étudiants font en effet une découverte éprouvante de l'autonomie à l'université. Selon la sociologue, "l'absence d'obligation d'assister au cours n'est ni perçue ni vécue comme l'expression positive d'une liberté, mais comme quelque chose dont on peut se dispenser sans conséquences et qui n'implique nullement une activité alternative". Dans le même sens, les cours magistraux, facultatifs à l'université, apparaissent aux étudiants comme des moments de rencontre plus que comme des séquences de travail essentielles.

La rationalité propre de ces étudiants explique en particulier l'échec des dispositifs de soutien, le plus souvent facultatifs, mis en place depuis 1994 dans les universités. Pour les étudiants, "ce qui n'est ni obligatoire ni vérifié est facultatif". De même, augmenter les horaires, dans le cadre du plan de réussite en licence actuellement en place, risque de ne servir à rien pour aider les étudiants les plus fragiles si ceux-ci sèchent les cours.

Autre signe de l'échec de la démocratisation de l'université, la persistance des inégalités sociales entre étudiants. Dans une enquête sur l'emploi étudiant, Vanessa Pinto constate les trajectoires divergentes d'étudiantes travaillant pendant leurs études. Les mieux loties, qui utilisent les "petits boulots" pour se forger une expérience professionnelle ou se faire de l'argent de poche, réussissent à mener leurs études à leur terme, tandis que celles qui sont obligées de travailler pour vivre n'arrivent pas à utiliser l'université comme un tremplin professionnel et social.

Une autre menace pèse sur la démocratisation de l'université : la baisse des postes mis aux concours de la fonction publique. En effet, selon l'enquête de Cédric Hugrée, "si la fonction publique d'enseignement capte l'essentiel des aspirations professionnelles et des insertions des étudiant(e)s des milieux populaires diplômé(e)s (majoritairement féminines), ce n'est pas seulement parce qu'elle offre une sortie stable pour des milieux marqués par une profonde déstabilisation depuis trente ans. C'est aussi, peut-être, que ces professions aménagent des sorties honorables et raisonnables à des mobilités scolaires malgré tout notables du point de vue des familles".

En somme, envoyer quelques bons élèves de banlieue dans une classe préparatoire ou une grande école huppée ne réglera pas l'ensemble des problèmes de la démocratisation de l'enseignement supérieur.

Les Classes populaires dans l'enseignement supérieur, Actes de la recherche en sciences sociales, Seuil, 16 euros

Philippe Jacqué

jeudi 8 juillet 2010

Au 1er janvier, 90% des facs seront autonomes

Le Figaro, 8 juillet 2010

La loi sur l'autonomie des universités, qui leur permet de gérer leur budget, a trois ans.

La loi sur l'autonomie des universités fêtera bientôt ses trois ans d'existence. Voulu par Nicolas Sarkozy, ce texte leur permet de gérer leur budget comme elles le souhaitent.

Vingt-quatre nouveaux établissements seront autonomes au 1er janvier 2011, comme Toulouse-II (le Mirail) ou encore Paris-IV (la Sorbonne), dont les enseignants-chercheurs étaient l'an dernier en première ligne pour contester certains décrets d'application de la loi.

Avec cette nouvelle vague, 75 universités seront autonomes l'an prochain, soit 90 % d'entre elles. Les neuf dernières devront passer à l'autonomie avant le 11 août 2012.

Les présidents des premières universités passées à l'autonomie ont présenté jeudi les conséquences de cette loi, en présence de Valérie Pécresse, au ministère de l'Enseignement supérieur.

À les entendre, la réputation de l'université s'est améliorée à l'extérieur. En matière d'insertion professionnelle, la LRU «a fortement modifié notre image auprès du patronat. On devient un interlocuteur majeur», affirme Marc Gontard, président de l'université Rennes-II.

Le Medef local, avec qui les relations sont devenues plus fréquentes, a ainsi mis en place des actions pour référencer de façon lisible les diplômes universitaires, par compétences.

«Cela a conduit le Crédit agricole à recruter quelques étudiants en psychologie, en sport et en sciences de l'éducation pour les former en interne», explique-t-il.

Si les universités pratiquaient déjà des politiques incitatives, l'autonomie élargit leur champ d'action.

L'université de Metz a une souplesse accrue dans la rémunération et la possibilité de primes pour les contrats à durée indéterminée.

«Ce sont surtout les personnels administratifs et la présidence qui en ont profité car c'étaient les plus impactés», explique Luc Johann. Symbolique de cette souplesse, quelques universités ont aussi recruté cette année des chercheurs réputés à l'étranger comme Paris-VII qui a fait venir un professeur américain, Prix Nobel de physique.

Un «stress important»

Dans les établissements, le contrôle de la masse salariale et les services financiers ont dû être renforcés. Des cadres issus de la fonction publique territoriale ou hospitalière ont été embauchés, ainsi que des personnes issues du privé.

Des primes de quelques milliers d'euros ont par ailleurs été attribuées à des enseignants-chercheurs pour leur implication dans le fonctionnement administratif de l'université ou encore parce qu'ils étaient bien notés par leurs étudiants.

Il ne s'agit pour autant pas réellement d'une révolution, selon un maître de conférences parisien.

«Seule la recherche compte lorsqu'on veut progresser dans la carrière. Une prime c'est bien mais ça concerne une petite minorité et ça ne change pas les mentalités. L'enseignement et les tâches administratives sont toujours aussi peu considérées», estime-t-il.

Plusieurs présidents sont tombés d'accord pour dire que l'application de la loi générait un «stress important» pour les personnels, soumis à de forts changements, tout en précisant qu'il fallait être vigilant sur «les concurrences parfois excessives entre universités».

Le mode électoral du conseil d'administration continue par ailleurs à provoquer des frustrations. Selon Vincent Berger, de Paris-VII, le mode de scrutin peut amener à des majorités écrasantes, sans alternative, qui «frustrent une partie des gens».

A contrario, les deux listes principales (professeurs et enseignants-chercheurs) peuvent se neutraliser et laisser du coup le pouvoir aux étudiants ou aux personnels administratifs.

«Dans un conseil à dominante syndicale, comme le mien, il faut beaucoup discuter. Certaines de mes décisions sur la professionnalisation des formations ont été retardées», explique Marc Gontard.

Sylvie Faucheux, à Saint-Quentin en Yveline, critique quant à elle la persistance de «bastions» qui s'opposent aux décisions du conseil d'administration, celui des UFR (unités de formations et de recherche), traditionnellement très soucieuses de leur propre autonomie.

mardi 8 juin 2010

Valérie Pécresse veut noter les universités et les grandes écoles sur leur "performance sociale"

Le Monde, 8 juin 2010

Le gouvernement ajoute une nouvelle brique à la politique qu'il mène en faveur de l'ouverture sociale de l'enseignement supérieur. Mardi 8 juin 2010, Valérie Pécresse, ministre de l'enseignement supérieur, a annoncé la création prochaine d'un "indicateur de performance sociale" qui permettra, dès 2011, de mesurer l'effort que réalisent les universités et les grandes écoles d'ingénieurs ou de management dans ce domaine.

Pour les universités, l'enjeu n'est pas tant d'accueillir davantage d'étudiants boursiers ou issus de milieux modestes que de les aider à réussir leurs études et à poursuivre celles-ci jusqu'en master au moins. Quant aux grandes écoles, elles doivent encore accroître la part de ces jeunes parmi leurs effectifs.

Certes, a souligné la ministre, "la proportion de boursiers dans les écoles d'ingénieurs a augmenté de 59 % entre 2007 et 2009 et les boursiers représentent désormais 23 % des admis en 1re année", mais l'objectif est de 30 %, "y compris dans les écoles les plus prestigieuses : tout le défi est là".

Faisant cette annonce lors d'une visite sur le campus de l'Ecole centrale de Paris (ECP), à Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine), Mme Pécresse a félicité l'ECP, "temple de l'excellence", pour sa politique en matière d'ouverture sociale. La part de boursiers est en effet passée de 11 % en 2007 à 17 % en 2009.

Pour le gouvernement, ces indicateurs doivent permettre d'évaluer ce qui est fait en matière d'égalité des chances depuis quelques années, mais également de "récompenser" les établissements vertueux. L'évaluation de chaque université ou chaque école sera publique. Surtout, elle sera prise en compte dans l'attribution des moyens ou des subventions aux établissements du supérieur.

Reste qu'entre des universités publiques et des écoles, dont beaucoup sont privées, l'impact financier sera variable. L'Etat, par exemple, ne concourt pas au budget de 100 millions d'euros d'HEC. La grande école de management perçoit juste 100 000 euros de subventions pour certaines actions liées à l'ouverture sociale. Pour le budget de l'Essec, autre école prestigieuse, la part émanant de l'Etat n'est que de 2 %, soit 2 millions d'euros sur 95 millions.

"Un indicateur est un élément intéressant, note Pierre Tapie, directeur de l'Essec et président de la Conférence des grandes écoles, mais ce ne peut être qu'un élément parmi d'autres." Mme Pécresse a annoncé qu'"un groupe d'experts sera réuni pour définir les critères" des indicateurs. Ceux-ci devraient prendre en compte l'accueil et la réussite des étudiants boursiers, l'efficacité des actions menées, l'accompagnement social mis en place (l'attribution de bourses, notamment), le recours à l'apprentissage, etc.

Benoît Floc'h

La Cour des comptes critique la politique de regroupement des universités

Le Monde, 8 juin 2010

La politique de regroupement universitaire en cours et son pilotage par l'Etat ont été critiqués mardi 8 juin 2010 par la Cour des comptes.

"Le moment est peut-être venu de s'assurer que, dans ce paysage très évolutif, avec une succession d'annonces, la ligne stratégique du gouvernement est bien claire", a déclaré le président de la troisième chambre de la Cour des comptes, Jean Picq, devant la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, Valérie Pécresse, et des députés de la commission des finances de l'Assemblée nationale.

Depuis 2006, plusieurs initiatives de regroupements des universités et des organismes de recherche ont été adoptées par les gouvernements successifs, dont les pôles de recherche et d'enseignement supérieur (PRES), l'Opération campus et le grand emprunt, sans compter l'autonomie de gestion des universités.

S'interrogeant sur "l'impact encore faible" des PRES "en matière de formation et de recherche", la Cour des comptes, par la voix de M. Picq, a fait plusieurs recommandations au gouvernement pour y remédier.

"Une mise en cohérence des diverses initiatives législatives et financières majeures qui se sont succédé depuis quatre ans est indispensable pour savoir où l'on va", a déclaré M. Picq, demandant notamment "quel est le rôle des PRES dans la mise en œuvre du grand emprunt ?"

"TOUT ÇA EST EXTRÊMEMENT COHÉRENT"

Ensuite la Cour a prôné de "donner plus de pouvoir aux PRES" mais aussi de "renforcer le pilotage stratégique de l'Etat" notamment via des contrats d'objectifs signés avec les PRES, alors que ces contrats sont signés aujourd'hui avec chacune des universités membres des PRES.

En réponse, la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche a assuré que "les PRES doivent être efficaces", jugeant qu'il fallait "aller plus loin" dans "la coordination de l'offre de formation", au niveau des doctorats et des masters surtout.

Elle a ajouté que la contractualisation avec les PRES était possible, mais pas en doublon avec celles des universités et qu'il appartenait aux différents membres d'un PRES, dans le cadre de leur autonomie, de dire s'ils souhaitaient que "la structure porteuse" du contrat soit le PRES.

Concernant le grand emprunt, Mme Pécresse a assuré que "le PRES sera choisi comme porteur du grand emprunt dans un très grand nombre de sites, mais il n'est pas impossible que le grand emprunt fasse apparaître la faiblesse intrinsèque de certains PRES".

Interrogé par plusieurs députés sur la "cohérence" et la "lisibilité" de la politique de regroupements en cours, la ministre a répondu que "tout ça est extrêmement cohérent".

jeudi 3 juin 2010

Un nouveau Quartier latin va naître sur les friches industrielles du nord de Paris

Le Monde, 3 juin 2010

Il faudra attendre encore quelques années les bâtiments, mais une conférence sur le "campus dans la ville", à Aubervilliers, jeudi 3 juin 2010, doit donner un coup d'envoi symbolique du projet de "campus Condorcet".

D'ici à 2016, c'est un nouveau quartier universitaire qui doit émerger des friches industrielles et ferroviaires du nord de Paris.

Lauréat en 2009 du Plan Campus (450 millions d'euros de dotation de l'Etat en capital), Campus Condorcet, initié par la région Ile-de-France, doit rassembler à terme sur près de 200 000 mètres carrés pas moins de 15 500 chercheurs, étudiants et doctorants...

Grâce à ce Plan Campus et aux collectivités territoriales (Paris et Aubervilliers, département de Seine-Saint-Denis et région Ile-de-France), devraient progressivement sortir de terre dans les prochaines années une bibliothèque, un centre de conférences, des centres de recherche, des amphis, des logements, des lieux de vie.

Bref, les responsables politiques espèrent reproduire l'expérience réussie du quartier-campus de l'université Paris-VII, à Paris-Rive gauche, dans le Sud-Est parisien.

LA CRÈME DE LA RECHERCHE

De part et d'autre du périphérique parisien, entre la porte de la Chapelle, au sud, et Aubervilliers, au nord, ce nouveau haut lieu des sciences humaines et sociales doit attirer à terme la crème de la recherche en sciences humaines et sociales.

Après de nombreux débats, notamment à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) en 2007, huit établissements ont accepté de relocaliser une partie de leur recherche ou de leur enseignement.

A côté de l'EHESS, les universités Paris-I - Panthéon-Sorbonne, Paris-VIII - Saint-Denis et Paris-XIII - Villetaneuse devraient se retrouver l'Ecole pratique des hautes études (EPHE), l'Ecole des chartes, le Centre national de la recherche scientifique et l'Institut national d'études démographiques (INED).

UNE AUTRE HYPOTHÈSE

Si l'ensemble des établissements se retrouvera à Aubervilliers, seule l'université Paris-I doit pour l'instant occuper le site de la Chapelle. Cependant, les choses pourraient encore bouger. D'importantes discussions ont lieu actuellement pour envisager une autre hypothèse.

L'université Paris-I pourrait finalement rejoindre le site principal d'Aubervilliers, tandis que Paris-XIII installerait à la Chapelle son IUT de Villetaneuse dans la place laissée vacante.

Si beaucoup d'acteurs du dossier estiment qu'il est encore trop tôt pour annoncer cet échange, "il s'agit bien d'une hypothèse étudiée très sérieusement", explique Jean-Loup Salzmann, président de l'université de Villetaneuse.

Pour Paris-XIII, l'intérêt est triple : s'installer dans la capitale, étendre son bassin de recrutement d'étudiants et offrir de meilleures conditions de travail.

Pour Paris, doter la ville d'un second IUT est tentant, et permettra de diversifier l'offre de formation universitaire dans le nord de la capitale.

Pour passer de l'hypothèse à la réalité, le chemin reste tout de même long. Les collectivités territoriales (notamment la ville et la région, qui s'étaient engagées à financer l'installation de Paris-I) et l'Etat doivent en effet se mettre d'accord et amender le contrat de projet Etat-région. Un processus qui risque de prendre du temps.

Philippe Jacqué

lundi 31 mai 2010

Les étudiants plus nombreux à partir à l'étranger

Le Figaro, 31 mai 2010

En 2008-2009, la France a enregistré une augmentation de 9 % de ses jeunes hors des frontières.

Les étudiants français se décideraient-ils plus facilement à effectuer une année à l'étranger ?

La France a obtenu une augmentation de 9 % du nombre de ses étudiants partis en année Erasmus pour l'année 2009-2010, selon les chiffres de l'agence Europe éducation formation France.

Cette année-là, 28.283 jeunes ont participé au programme européen, rendu célèbre par le film L'Auberge espagnole, contre 25.942 l'année précédente. La France passe ainsi devant l'Allemagne qui occupait jusqu'alors la première place.

Cette augmentation est liée pour l'essentiel à la croissance des séjours effectués dans le cadre de stages : quelque 4723 jeunes sont partis un stage en poche, contre 3389 en 2007-2008, soit près d'un tiers d'augmentation.

Un chiffre dont le ministère de l'Enseignement supérieur se réjouit alors que le nombre de jeunes partis dans le cadre d'un échange purement universitaire avait baissé l'an dernier. Il augmente légèrement cette année.

Ce progrès, l'agence le met sur sa promotion accrue du programme Erasmus. Dans l'entourage de Valérie Pécresse, on avance l'élargissement du nombre de bourses étudiantes et leur revalorisation depuis 2008.

L'an dernier, la ministre de l'Enseignement supérieur s'était à plusieurs reprises inquiétée du fait que «contrairement à l'idée reçue selon laquelle la mondialisation aurait un effet entraînant, les étudiants français sont de moins en moins mobiles» . Elle évoquait même «une absence de désir de mobilité chez les jeunes» .

En dépit de chiffres plus encourageants, des milliers de bourses prévues par le gouvernement ne trouvent en réalité pas preneur chaque année. Sur plus de 27 000 bourses mises à disposition en France, 4000 n'ont ainsi pas été utilisées en 2008.

Compatibilité de diplômes

Le chiffre de ces 28.283 jeunes reste par ailleurs bien modeste en comparaison du million trois cent mille étudiants inscrits dans les universités françaises.

Certes, d'autres jeunes partent effectuer une année d'étude à l'étranger en dehors d'Erasmus, de leur propre chef ou grâce à des accords particuliers d'échanges signés, par exemple, entre leur école de commerce et telle ou telle autre institution de l'enseignement supérieur. Mais même avec l'aide d'une bourse, l'échange à l'étranger reste toutefois un luxe que beaucoup ne se permettent toujours pas.

Autre point noir, les problèmes de compatibilité de diplômes. En dépit du système européen LMD (Licence-master-doctorat), qui a pour intérêt de passer d'un établissement à l'autre sans perdre une année d'études, des étudiants se plaignent régulièrement de ne pas avoir réussi à faire reconnaître leur diplôme étranger.

Au point que certains ont encore à repasser des épreuves en rentrant en France. Plus rarement, ils se voient même dans l'obligation de «redoubler».


En pleine mutation, le système Erasmus s'oriente depuis peu vers les stages plébiscités par les étudiants. L'envie d'exotisme portée par L'Auberge espagnole ne suffit plus. Les étudiants sont plus inspirés par des perspectives d'insertion professionnelle.

Le pilotage des universités autonomes : au service des universitaires, par Laurent Batsch

Le Monde, 31 mai 2010

La gouvernance de l'université doit concilier deux logiques : celle de la science et celle du pilotage. La tension entre ces deux logiques est riche de progrès, elle est aussi porteuse de risques.

La compétence appartient à la communauté scientifique : les recrutements, les axes de la politique scientifique, l'évolution des formations et l'évaluation des performances doivent relever des spécialistes. C'est la condition de la qualité, et c'est une règle en vigueur dans tous les systèmes universitaires, quels que soient leur gouvernance et leur financement. Si le débat a émergé sur la gouvernance des universités, c'est en raison de deux évolutions profondes.

En premier lieu, la compétition entre les établissements internationaux a fait surgir la nécessité d'une dynamique collective au niveau de chaque établissement, qui a pu être ressentie comme une menace sur l'exercice des libertés académiques individuelles. Il est vrai que les choix individuels doivent s'inscrire dans un programme collectif, mais le projet d'établissement est élaboré et porté par la communauté universitaire. La dynamique de l'établissement élargit le champ des possibles pour les individus, en même temps qu'elle les invite à chercher une plus grande cohérence d'ensemble.

Une seconde évolution, celle du fonctionnement des universités, est venue percuter les modes traditionnels de gouvernance. Il y a belle lurette que la vie universitaire ne se réduit plus à mettre des bataillons d'étudiants dans un amphi devant un professeur qui lit son polycopié. Les formations ont été multipliées et professionnalisées. Les modalités pédagogiques se sont considérablement différenciées. Les prestations qui encadrent l'enseignement stricto sensu se sont étendues. Les attentes sur la qualité des services se sont accrues. La technicité des fonctions de support s'est élevée. Les sources de financement se sont diversifiées. Les échanges internationaux ont pris une place éminente. La valorisation de la recherche est entrée dans les mœurs. Et dans le même temps, les enseignants-chercheurs de plus en plus sollicités par les exigences de la recherche doivent arbitrer dans l'allocation de leur temps. Il s'ensuit que les fonctions de soutien et de pilotage de l'université se sont professionnalisées, alors que la disponibilité des universitaires pour les assumer s'est réduite. D'où la crainte de certains d'entre eux qu'une logique technocratique ne vienne s'imposer à l'exercice des prérogatives académiques.

LA DIFFÉRENCIATION DES RÔLES LIBÈRE LES UNIVERSITAIRES

Il y a donc la conjonction des deux facteurs : la promotion d'une dynamique collective d'établissement d'une part, et le recentrage des enseignants-chercheurs sur leur cœur de métier d'autre part. La loi LRU [portant sur l'autonomie des universités] et le décret sur les obligations de service des enseignants-chercheurs ont cristallisé une réaction à ces deux tendances longues.

Mais au nom de quoi faudrait-il récuser l'évolution ? Est-il attentatoire aux libertés individuelles qu'un établissement décide collectivement de ses priorités scientifiques et organise librement ses recrutements en fonction de ses objectifs ? Doit-on regretter que les enseignants-chercheurs mettent tous leurs efforts et tout leur temps sur l'enseignement et la recherche qui sont leur raison d'être et de travailler ? Faut-il déplorer la montée en puissance des fonctions de pilotage dont dépend de plus en plus la qualité des services rendus à tous ? Veut-on se réfugier dans les bras de l'Etat central au motif affiché qu'il est "le garant", à moins qu'on ne compte sur sa vacuité pour préserver le "chacun pour soi" ? Faut-il craindre la conduite collective des missions de l'université sur le terrain par ceux-là mêmes qui les assurent ?

L'évolution de notre système universitaire conduit inexorablement à une différenciation accrue des rôles dans l'université, qu'il convient d'assumer et de maîtriser. Aux universitaires revient la direction de la politique scientifique, tant en matière de recherche que de formation. Et la centralité de cette mission justifie la primauté accordée à la représentation des enseignants-chercheurs dans les instances décisionnelles. Par ailleurs, le pilotage de l'organisation et la dimension stratégique de son projet ne peuvent plus reposer sur l'investissement des seuls enseignants-chercheurs. Ceux-ci ont besoin de s'adosser à l'activité de cadres administratifs et techniques de haut niveau et de s'appuyer sur le conseil de personnalités ouvertes sur l'évolution de l'environnement économique et social au niveau international. Si elle est bien pensée et codifiée, la différenciation des rôles ne réduit nullement l'espace des libertés académiques : au contraire, elle libère les universitaires de contraintes administratives et elle améliore les conditions d'exercice de leur métier.

Ce n'est donc pas dans la réaction à l'autonomie de l'université qu'il faut chercher une voie d'avenir, mais plutôt dans l'accompagnement de l'évolution des conditions d'exercice du métier d'enseignant-chercheur, puisqu'il s'agit de cela. Parce qu'elle est un levier d'amélioration du pilotage des universités, l'autonomie est un excellent service rendu aux professionnels de l'enseignement et de la recherche : les universitaires.

Laurent Batsch est président de l'université Paris-Dauphine.

jeudi 20 mai 2010

Valérie Pécresse lance la rénovation des sections de technicien supérieur

Le Monde, 20 mai 2010

Elles font rarement parler d'elles, si ce n'est, généralement, en bien. Les sections de technicien supérieur (STS), ces filières qui mènent au brevet de technicien supérieur (BTS), vont faire l'objet d'une modernisation à partir de la rentrée prochaine, a annoncé jeudi 20 mai 2010 Valérie Pécresse, la ministre de l'enseignement supérieur, lors de la remise du rapport du recteur Jean Sarrazin sur les formations technologiques courtes.

Jusqu'à présent, les BTS n'ont pourtant pas démérité, comme le souligne le rapport Sarrazin. Avec 20 % d'enfants d'ouvrier, les STS, qui accueillent cette année 234 000 étudiants, jouent un rôle-clef dans la démocratisation de l'enseignement supérieur. De même, l'écrasante majorité des titulaires d'un BTS s'insèrent rapidement sur le marché du travail. Les trois quarts, qui plus est, trouvent un emploi à durée indéterminée. Dans ces conditions, pourquoi moderniser, au risque de le désorganiser, ce dispositif performant ?

Pour "favoriser la réussite de tous les étudiants" dans cette filière, assure la ministre.

"La réussite des étudiants reste encore très inégale selon leur voie d'origine", relève-t-elle : huit bacheliers généraux sur dix et sept bacheliers technologiques sur dix obtiennent leur BTS, quand seul un bachelier professionnel sur deux décroche ce diplôme. De plus, après la réforme de la voie professionnelle du lycée, réduisant de quatre à trois ans la longueur du cursus, le nombre de titulaires d'un bac pro devrait augmenter en BTS.

Enfin, dans un souci de rapprochement avec l'université, la ministre souhaite améliorer les coopérations et les passerelles entre les sections de technicien supérieur (STS), les instituts universitaires technologiques (IUT) et les universités.

DIX MESURES DE RÉNOVATION

Pour réformer, la ministre avance une dizaine de mesures à soumettre à la concertation, avec notamment les organisations syndicales.

La plus spectaculaire devrait être l'adaptation de certains ingrédients du plan "réussite en licence" aux STS. Afin de mieux aider plus particulièrement les bacheliers professionnels, un accompagnement personnalisé est proposé.

"Cet accompagnement pourrait par exemple prendre la forme d'un premier semestre préparatoire, avec des enseignements méthodologiques et un suivi individualisé, comme cela se pratique désormais dans beaucoup d'universités", précise la ministre.

Et ce même si la petite taille des classes de STS est déjà l'un des facteurs de réussite de cette filière.

Autre mesure proposée, améliorer la poursuite d'études des étudiants de STS en favorisant des dispositifs réunissant STS, universités et écoles d'ingénieurs.

De même, la ministre souhaite la multiplication des passerelles avec les autres formations d'après-bac (IUT, licence) : "Notre objectif doit être de faciliter les réorientations d'étudiants de première année de licence vers les STS et les passerelles entre STS et IUT. Cela peut se faire grâce à la signature d'accords-cadres déclinés sous forme de convention entre les universités, leurs IUT et les lycées, qui accueillent les STS."

Pour ce faire, la ministre souhaite une réorganisation de la formation de STS en modules, "pour permettre la validation de blocs de compétences convertibles en crédits ECTS", déjà utilisé dans les universités.

Cela permettra non seulement d'uniformiser le système d'enseignement supérieur, mais également, assure la ministre, d'"individualiser les parcours", de "proposer aux étudiants de licence qui le souhaitent une réorientation en STS sans allongement de la durée d'études" (dix-huit mois au lieu de vingt-quatre mois) et d'"offrir aux étudiants un accès plus progressif aux qualifications".

Un étudiant quittant la STS avant l'examen final devrait à termes disposer d'un certain nombre de crédits ECTS, et pourra dès lors revenir finir son BTS quelques années plus tard. Et non repartir du début.

DES BTS ADAPTÉS AU MARCHÉ LOCAL

Pour s'inscrire dans le discours gouvernemental, Mme Pécresse souhaite doubler la part des étudiants de STS en apprentissage.

"Seuls 15 % des reçus au BTS en formation initiale empruntent cette voie. Je souhaite porter cette proportion à 30 % et pour y parvenir, je propose notamment de retenir un principe simple : la moitié au moins des nouvelles sections de BTS devront être en apprentissage."

Enfin, la ministre souhaite "rendre les formations de STS plus souples et plus réactives pour répondre aux nouveaux besoins de l'économie et de la société, en prévoyant dans chaque référentiel de formation une part de modules métiers spécialisés. Ces derniers viendraient compléter des enseignements communs définis par grands champs professionnels : les BTS pourraient ainsi s'adapter aux besoins de l'économie locale et aux évolutions du marché de l'emploi".

A partir de ces propositions, la ministre entend ouvrir une concertation cet été, avec la volonté d'une première application à la rentrée prochaine.

Philippe Jacqué

mercredi 19 mai 2010

Universités : Valérie Pécresse s'inspire du modèle allemand

Le Figaro, 19 mai 2010

Les établissements français d'enseignement supérieur présenteront cet été leurs premiers projets dans le cadre du grand emprunt.

Grâce au projet d'excellence de l'enseignement supérieur allemand, né en 2005, l'université technique de Munich a réussi à faire revenir une dizaine de ses professeurs partis à l'étranger.

La ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Valérie Pécresse, aimerait que cette institution aux murs immaculés, forte de ses 24 400 étudiants, soit une source d'inspiration pour la quinzaine de présidents d'universités et de grandes écoles françaises qui l'accompagnaient ce mardi en Allemagne.

Ces derniers auront en effet bientôt à déposer leurs premiers projets dans le cadre du «grand emprunt» décidé par Nicolas Sarkozy et dont une large part sera accordée aux universités.

Un premier appel d'offres concerne les équipements d'excellence et les projets en santé pour 2,55 milliards d'euros. Il sera lancé cet été pour une sélection à l'automne. D'autres vagues de sélection suivront.

«Initiatives d'excellence»

L'Allemagne est décidément, pour Valérie Pécresse, le modèle à suivre. Elle affirme s'être «beaucoup inspirée de ce pays qui a pris de l'avance ces dernières années, surtout en matière d'innovation».

Cette inspiration a favorisé, en France, la création des pôles de compétitivité, l'agence nationale de la recherche, le plan campus et, plus récemment, les «initiatives d'excellence» du grand emprunt.

Également labellisé «initiative d'excellence» à l'issue d'un comité de sélection international en 2005, le campus de Garching, visité ce mardi, a partagé avec neuf autres universités allemandes près de 2 milliards d'euros.

Si ces dernières ont été primées, c'est principalement grâce à la visibilité internationale de leurs écoles doctorales et à leur projet de «clusters», ces structures qui englobent des laboratoires de recherche et des partenariats public-privé.

Elles ont aussi dû présenter des «concepts innovants». Pour Valérie Pécresse, ces trois critères «très intéressants» pourraient être retenus dans le cadre du grand emprunt.

«Main dans la main»

La directrice de l'École normale supérieure, Monique Canto-Sperber, a observé avec attention «le contact étroit entre la société et le monde universitaire».

«La recherche privée et la recherche publique fonctionnent la main dans la main. Ce n'est pas le cas en France», souligne-t-elle. Elle se réjouit surtout du fait que le système allemand ait permis de primer des institutions très diverses par la taille, telle la petite université de Constance et ses 7 000 étudiants.

«Il n'y a pas de conformisme intellectuel. L'idée de s'inspirer de l'excellence quelle que soit la forme qu'elle prend, c'est une bonne chose.»

Grâce à ces moyens supplémentaires à venir, Bernard Ramanantsoa, le directeur de HEC, espère quant à lui pouvoir attirer de grands chercheurs supplémentaires. Avec diverses institutions du plateau de recherche de Saclay, dans les Yvelines, il présentera un projet axé sur les «sciences de la décision».

Chercheurs de retour

Jean-Pierre Finance, le président de l'université de Nancy, souligne que la preuve du succès allemand réside dans les recettes financières supplémentaires accordées aux universités d'excellence.

«Ce système de sélection a permis de faire revenir des chercheurs allemands exilés. J'ai d'ailleurs perdu moi-même des professeurs d'informatique et de mathématiques repartis en Allemagne à cause de ce programme !»

Il compte bien s'inspirer de certaines des idées glanées lors de ce voyage d'études en Bavière, telle cette salle de garderie placée au cœur de l'université pour initier les enfants de maternelles aux sciences : «Ce n'est pas anecdotique, d'autant plus que nous cherchons par tous les moyens à attirer les jeunes vers les sciences.»

Les chiffres

- 11 milliards d'euros du grand emprunt sont consacrés à l'enseignement supérieur.

- 5 milliards d'euros sont prévus pour financer le plan campus destiné à rénover les universités. Ils proviennent de la vente par l'État des actions EDF.