Le Monde, 13 septembre 2010
C'était en 2008, juste après avoir passé les concours d'entrée aux instituts d'études politiques (IEP), Marthe Corpet, mention très bien au bac, découvre l'existence du tout nouveau collège de droit de l'université Panthéon-Assas.
Une licence de droit classique renforcée de plusieurs heures de séminaires en droit comparé, en gestion ou en philosophie du droit. "Je me suis tout de suite dit : la fac est sauvée ! Et je me suis inscrite, et ce même si j'avais réussi les concours des IEP..."
Sélectionnée sur ses résultats au baccalauréat et après paiement de deux cents euros en plus du tarif conventionnel, Marthe Corpet vit désormais dans "une promotion de têtes de classe, où le travail en groupe est très efficace."
Car ici tout est fait pour rappeler une école : week-end d'intégration, cours en petits comités avec des professeurs plus habitués à l'enseignement en master qu'en licence, diplôme du collège en supplément de leur licence... De quoi attirer des candidats qui autrefois hésitaient entre Science Po ou une classe préparatoire aux grandes écoles.
Licence différenciée
"En créant le collège de droit, nous avons voulu mettre en place une offre de formation en licence différenciée selon les publics, explique Louis Vogel, le président de l'université. Chaque année, nous recevons 2 600 étudiants en première année... Si on met tout le monde dans le même circuit, on court à la catastrophe !"
Alors à côté du collège de droit, Assas a créé deux parcours de première année de licence (L1). Le parcours classique ouvert à la majorité des étudiants et un parcours de réussite offert à 120 étudiants volontaires.
"Ce sont des étudiants qui sont quasiment sûrs de rater leur première année, car ils ont d'importantes lacunes en orthographe, par exemple. Or, en droit, cela ne pardonne pas", indique Louis Vogel.
Cette L1 de réussite est allégée de trois matières de droit et renforcée de cours d'expression écrite et orale, de culture générale et d'un tutorat.
"Et cela n'est pas une filière-ghetto, comme certains l'ont cru, car à la fin, si les étudiants valident leur année, ils reprennent en 2e année de licence classique", reprend le président d'université. D'ailleurs, 20 % de ces étudiants réussissent mieux - à profil similaire - que ceux du parcours classique de L1.
"L'intérêt de ce système en plusieurs parcours, c'est que rien n'est figé, décrypte Denis Baranger, professeur de droit public au collège de droit. En L1 ou en L2, des étudiants se révèlent et s'ils obtiennent une bonne moyenne, ils peuvent rejoindre le collège de droit. Quant aux étudiants du collège, s'ils n'obtiennent pas 13/20, ils retrouvent le parcours classique."
L'an dernier, environ un tiers des étudiants sont sortis en fin de L1 du collège et un peu moins lors de la seconde année. "Mon rêve serait qu'un étudiant ayant commencé dans le parcours de réussite puisse finir lauréat du collège de droit ! ", assure Louis Vogel.
Quant à Marthe Corpet, qui vient de rejoindre les rangs de l'UNEF (gauche, majoritaire), le premier syndicat étudiant, son rêve serait que tous les étudiants d'Assas puissent bénéficier du collège de droit : "Tous les étudiants doivent avoir accès à ces conditions d'études exceptionnelles !"
Philippe Jacqué