Le Monde, 8 juin 2010
La politique de regroupement universitaire en cours et son pilotage par l'Etat ont été critiqués mardi 8 juin 2010 par la Cour des comptes.
"Le moment est peut-être venu de s'assurer que, dans ce paysage très évolutif, avec une succession d'annonces, la ligne stratégique du gouvernement est bien claire", a déclaré le président de la troisième chambre de la Cour des comptes, Jean Picq, devant la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, Valérie Pécresse, et des députés de la commission des finances de l'Assemblée nationale.
Depuis 2006, plusieurs initiatives de regroupements des universités et des organismes de recherche ont été adoptées par les gouvernements successifs, dont les pôles de recherche et d'enseignement supérieur (PRES), l'Opération campus et le grand emprunt, sans compter l'autonomie de gestion des universités.
S'interrogeant sur "l'impact encore faible" des PRES "en matière de formation et de recherche", la Cour des comptes, par la voix de M. Picq, a fait plusieurs recommandations au gouvernement pour y remédier.
"Une mise en cohérence des diverses initiatives législatives et financières majeures qui se sont succédé depuis quatre ans est indispensable pour savoir où l'on va", a déclaré M. Picq, demandant notamment "quel est le rôle des PRES dans la mise en œuvre du grand emprunt ?"
"TOUT ÇA EST EXTRÊMEMENT COHÉRENT"
Ensuite la Cour a prôné de "donner plus de pouvoir aux PRES" mais aussi de "renforcer le pilotage stratégique de l'Etat" notamment via des contrats d'objectifs signés avec les PRES, alors que ces contrats sont signés aujourd'hui avec chacune des universités membres des PRES.
En réponse, la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche a assuré que "les PRES doivent être efficaces", jugeant qu'il fallait "aller plus loin" dans "la coordination de l'offre de formation", au niveau des doctorats et des masters surtout.
Elle a ajouté que la contractualisation avec les PRES était possible, mais pas en doublon avec celles des universités et qu'il appartenait aux différents membres d'un PRES, dans le cadre de leur autonomie, de dire s'ils souhaitaient que "la structure porteuse" du contrat soit le PRES.
Concernant le grand emprunt, Mme Pécresse a assuré que "le PRES sera choisi comme porteur du grand emprunt dans un très grand nombre de sites, mais il n'est pas impossible que le grand emprunt fasse apparaître la faiblesse intrinsèque de certains PRES".
Interrogé par plusieurs députés sur la "cohérence" et la "lisibilité" de la politique de regroupements en cours, la ministre a répondu que "tout ça est extrêmement cohérent".