mercredi 29 septembre 2010

Universités : les cursus pour étudiants brillants

Le Figaro, 29 septembre 2010 - Natacha Polony

Les bi-licences, associant par exemple droit et langues ou sciences et philosophie, se multiplient. Aux étudiants les plus motivés, elles proposent des enseignements pointus et exigeants.

Que faire après son baccalauréat quand on est un élève brillant, ­intéressé par plusieurs domaines et soucieux de sa future insertion professionnelle ? La réponse n'est pas forcément à chercher dans les classes préparatoires aux grandes écoles, qui pourtant attirent de plus en plus de jeunes. Car les universités font aujourd'hui mentir leur réputation de garderie pour élèves faibles et mal orientés. Même les premières années, qui ont si mauvaise presse, offrent aux meilleurs étudiants des parcours désormais à leur mesure.

Les bi-licences et les doubles cursus, qui permettent d'associer deux domaines de compétence à travers des horaires aménagés pour obtenir soit un diplôme de bi-licence, soit deux diplômes de deux licences différentes, sont plébiscités par les étudiants. Et pas seulement parce qu'ils offrent une pluridisciplinarité pour des étudiants qui n'auraient pas choisi leur voie. En fait, ces cursus n'ont plus grand-chose à voir avec le bricolage de l'étudiant indécis qui s'inscrivait en anglais et en histoire avant de voir venir.

Des experts à double casquette

Les pionniers, Paris-X et Paris-I, proposent depuis longtemps d'associer au sein d'une seule formation le droit et les langues ou le droit et la gestion.

«C'est une démarche tout à fait classique dans d'autres pays, précise Cornelius Crowley, vice-président de Paris-X Nanterre chargé des études. Ces parcours ne se contentent pas d'une dimension linguistique, mais ils constituent une ouverture vers les systèmes juridiques étrangers.»

Mais ce qui s'était mis en place au gré des affinités des universitaires et de leur envie d'associer leurs disciplines prend une dimension nouvelle avec le plan licence porté depuis 2007 par le ministère de l'Enseignement supérieur et le rapprochement des universités au sein des pôles de recherche et d'enseignement supérieur (Pres).

«Réparer ce qu'avait cassé Mai 68», tel est, pour Valérie Pécresse, l'intérêt des Pres, qui retrouvent la vocation pluridisciplinaire de l'université. Principal bénéfice, les universités peuvent s'associer pour proposer aux étudiants des parcours originaux mêlant sciences et philosophie ou droit et histoire de l'art. Une façon de répondre aux exigences d'un marché du travail demandeur d'experts à double casquette.

Mais si ces filières sont aujourd'hui plébiscitées, c'est parce que le peu de places disponibles et la quantité de travail exigée en font des bastions de l'excellence à l'intérieur d'universités mal aimées de l'opinion publique. D'où la grande prudence des présidents d'université à l'égard de ces cursus aux allures d'heureuse exception.

«Nous respectons la procédure d'admission post-bac, précise ainsi Jean-Claude Colliard, président de l'université Panthéon-Sorbonne (Paris-I), simplement, nous réservons ces filières aux étudiants les plus motivés, puisqu'elles réclament une grande capacité de travail. Bien sûr, l'université ne peut pas faire que ce genre de cursus. Elle n'a pas vocation à sélectionner ses étudiants. »

Pas officiellement de sélection, donc, mais, selon le président de Paris-I, «des critères objectifs», comme les notes et les mentions au bac. Et les candidats se bouculent : ils sont 4 500 au test de langue imposé par Paris-X Nanterre pour intégrer ses bi-licences de droit et langues, à raison de 80 ou 120 heureux élus suivant la langue choisie.

Car ces filières offrent de réels débouchés professionnels, puisqu'elles sont pensées en fonction de besoins précis. Et les grands cabinets d'avocats s'arrachent ces juristes bilingues et spécialisés dans le droit russe ou allemand.

D'autant que les doubles cursus ouverts grâce aux possibilités offertes par les Pres déboucheront, d'ici à trois ans, sur des masters parfois couplés avec des grandes écoles, comme pour Paris-I et HEC.

Les réticences des syndicats étudiants, Unef en tête, qui voient là un contournement de la vocation non sélective de l'université, risquent de ne pas peser lourd face à une demande en explosion.

Les autres filières

Les universités développent de plus en plus d'offres pour les très bons étudiants, à la recherche d'un diplôme promettant une véritable valeur ajoutée. Le Collège de droit d'Assas a été conçu pour accueillir la crème des étudiants en droit, qui se voit offrir un parcours adapté : rassemblés entre membres du collège pour les cours de licence, ils ont le choix, en supplément, entre trois enseignements d'ouverture associant de la philosophie ou des langues.

Comme on est à l'université, celui qui n'a pas intégré ce collège en première année n'en est pas définitivement exclu. Les élèves du collège qui n'obtiennent pas 13/20 de moyenne cèdent leur place aux meilleurs élèves de licence.

On trouve également des aménagements pour associer médecine et École normale supérieure dans la filière médecine, ou un véritable double cursus ingénieur-pharmacien et ingénieur-médecin, grâce à un partenariat entre l'université Jules-Verne et l'École des mines de Saint-Étienne au sein du Centre ingénierie et santé.

Mais outre les bilicences, certaines universités optent pour des cursus renforcés. Toulouse-I a choisi de sélectionner au cours du premier semestre ses meilleurs éléments en droit ou en économie pour leur proposer des cours supplémentaires, avec pour vocation de nourrir la Toulouse School of Economics (TSE), concurrente prestigieuse de son homologue londonienne.

dimanche 26 septembre 2010

Nicolas Sarkozy à Saclay

- Nicolas Sarkozy à Saclay

Elias Zerhouni

Elias A. Zerhouni

- sur le site du NIH

- sur Wikipedia France

Le rapport Zerhouni

- LE RAPPORT ZERHOUNI SUR L'INSERM EMBARRASSANT POUR VALÉRIE PÉCRESSE

- Le rapport d’évaluation de l’INSERM par l’AERES (rapport Zerhouni)

Nouvelles tendances dans la recherche E. Zerhouni


41_FR Nouvelles tendances dans la recherche E. Zerhouni
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vendredi 17 septembre 2010

Le rude marché mondial de la matière grise

Le Monde, 16 septembre 2010

L'enseignement supérieur français est décidément soumis au régime de la douche écossaise. Début août 2010 , le "classement de Shanghaï" ne retenait que sept universités ou grandes écoles tricolores parmi les 200 meilleures mondiales.

Quelques jours plus tard, à l'inverse, la recherche mathématique française triomphait en décrochant deux médailles Fields, l'équivalent du prix Nobel dans cette discipline.

Au début de la semaine, la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, Valérie Pécresse, saluait la rentrée universitaire par un vibrant satisfecit, assurant qu'"une nouvelle université est en train de voir le jour, une université offensive".

Hélas, le classement des 200 meilleures universités mondiales établi depuis 2004 par le magazine britannique Times Higher Education - et dont nous publions aujourd'hui les résultats en exclusivité - vient sévèrement tempérer cet enthousiasme : seules l'Ecole polytechnique, l'Ecole normale supérieure de Paris, ainsi que celle de Lyon, et l'université parisienne Pierre-et-Marie-Curie figurent au palmarès.

Le verdict est d'autant plus cruel que ce classement ne prête pas le flanc, ou beaucoup moins, aux critiques formulées chaque année contre la rusticité de celui de Shanghaï.

Mieux, le Times Higher Education a changé, cette année, de méthodologie et multiplié ses critères d'évaluation pour prendre en compte non seulement les performances de la recherche, mais aussi la qualité de l'enseignement, la diffusion scientifique et les efforts de financement.

Cela ne gomme pas tous les biais résultant des spécificités du système français, notamment l'existence de très nombreux centres de recherche associant universités et grands organismes de recherche, comme le CNRS, qui complique la tâche des évaluateurs.

Mais le résultat est clair : 4 établissements français seulement s'imposent sur la scène mondiale, contre 72 américains, 29 britanniques, 14 allemands et 10 néerlandais...

Au plan hexagonal, ces résultats relanceront deux débats.

D'une part, celui de la masse critique nécessaire pour s'imposer dans la planète universitaire, dès lors que trois grandes écoles devancent la première et unique université classée ; d'autre part, celui de l'effort de financement, indéniable depuis trois ans, mais qui doit impérativement être maintenu pour produire ses effets à moyen et long terme. Gageons que Mme Pécresse saura en tirer argument au moment des ultimes arbitrages budgétaires.

Au plan mondial, ce classement confirme l'écrasante suprématie occidentale dans la compétition internationale acharnée pour attirer et s'attacher les meilleurs cerveaux, clef de la recherche et des innovations du futur.

Mais il témoigne aussi que les ambitions de l'Asie commencent sérieusement à émerger sur le "marché" mondial de la matière grise : les universités de Hongkong, Pohang (Corée du Sud), Singapour et Pékin devancent ainsi les françaises. Nul doute que cette concurrence sera de plus en plus rude.

mercredi 15 septembre 2010

Classement du Times: universités US en tête

AFP, 16 septembre 2010

Les universités américaines dominent un nouveau classement des universités et grandes écoles publié aujourd'hui par le Times Higher Education, seules trois universités françaises se plaçant dans les cent premières du classement.

Celui-ci peut être trouvé à l'adresse http://www.timeshighereducation.co.uk/world-university-rankings

Les établissements américains se placent parmi les meilleurs : l'université de Harvard arrive en tête, suivie du California Institute of Technology, puis du Massachusetts Institute of Technology. L'Université de Stanford et celle de Princeton se hissent respectivement aux 4e et 5e rang, selon ce classement transmis à l'AFP.

Les établissements britanniques Université de Cambridge et Université d'Oxford se placent à la 6e place ex-æquo.

Côté français, l'Ecole polytechnique de Paris, l'Ecole Normale supérieure (ENS) de Paris et l'ENS Lyon sont les seules à apparaître dans le top 100, en se plaçant, respectivement, aux 39e, 42e et 100e rangs. L'Université Pierre-et-Marie-Curie décroche la 140e place, dans le top 200.

Le Times Higher Education ne donne pas de comparaisons avec les classements des années précédentes, dans la mesure où il dit avoir changé de méthodologie, selon un communiqué du magazine.

Celle-ci prend en compte 13 critères contre 6 auparavant, donne "moins d'importance au prestige et à la réputation des établissements", mais "plus de poids à des critères objectifs utilisés pour mesurer l'excellence des établissements" comprenant "la recherche, l'enseignement et le transfert de connaissances", selon le communiqué.

"Les experts chargés du classement pensent que le manque d'établissements de grande taille dédiés à la recherche de haut niveau a une fois de plus joué en défaveur de la France", mais que "la réorganisation" du système visant à "faire émerger des pôles d'excellence axés sur la recherche" devrait "permettre à la France d'améliorer son classement au cours des années à venir", ajoute-t-il.

Le bureau d'études britannique QS (Quacquarelli Symonds Ltd) qui jusqu'à l'an dernier publiait son classement dans le Times Higher Education, a rendu public un autre palmarès le 8 septembre.

L'université veut contrer les filières d'élite

Le Monde, 13 septembre 2010

A peine les étudiants des classes préparatoires aux grandes écoles sont-ils rentrés dans leurs lycées que les universités ouvrent leurs portes aux quelque 1 371 500 étudiants inscrits cette année.

Depuis la décision gouvernementale d'octroyer un dixième mois de bourse aux étudiants effectivement scolarisés sur cette durée, les universités entament leurs cours dès septembre 2010 et n'hésitent plus à organiser des prérentrées pour les premières années de licence.

En favorisant l'autonomie, les rapprochements d'établissements, ainsi qu'en multipliant les opérations de financements sur appel d'offres (comme l'opération de rénovation des campus, organisée en 2009) ou les investissements d'avenir permis par le grand emprunt, le gouvernement a mis en place les conditions d'une compétition entre les établissements.

Traditionnellement inscrites dans un cadre national qui a favorisé l'idée d'"égalité" entre les établissements (égalité d'accès à l'université, égalité des diplômes délivrés sur tout le territoire, égalité de traitement des universitaires), les universités sont aujourd'hui poussées à définir un projet et à se faire leur propre place dans le système universitaire.

Le gouvernement souhaite ainsi qu'elles assument leur statut, soit d'université tournée vers la recherche au niveau international, soit d'université de proximité avec une ou deux spécialités en recherche de haut niveau.

Si tous les universitaires sont conscients des différences qui existent déjà entre établissements, cette approche rompt pourtant avec une tradition séculaire.

"Avec cette politique, on accentue l'université à deux vitesses, qui mène à une formation à deux vitesses", conteste ainsi Stéphane Tassel, secrétaire général du Snesup.

"Même si personne ne veut le dire, tout le monde sait aujourd'hui qu'en France il n'y a pas une mais 83 vitesses (soit le nombre d'universités publiques) dans le système universitaire. Autant l'assumer et aider les universités à définir leur propre projet. Et ce ne sont pas nécessairement les grandes universités parisiennes installées qui sont aujourd'hui les mieux armées", explique un bon observateur du système universitaire.

Dans ce nouveau cadre, un certain nombre d'universités se sentent complètement décomplexées et n'hésitent pas à entrer frontalement en compétition directe avec les traditionnelles filières d'élites, les classes préparatoires aux grandes écoles.

Pour attirer les étudiants les plus prometteurs, elles offrent des formations rénovées et le plus souvent sélectives.

"Tout comme nous devons différencier le rôle des universités en les spécialisant, nous devons offrir à un public étudiant très hétérogène des parcours qui conviennent à chacun", juge Louis Vogel, le président de l'université Paris-II-Panthéon-Assas.

Depuis une dizaine d'années, des universités, comme Nanterre ou Paris-I-Panthéon-Sorbonne, offrent ainsi des doubles licences (deux licences disciplinaires préparées en trois ans) ou des bilicences (une licence préparée en trois ans avec deux disciplines), avec toutes les combinaisons imaginables : droit-langues, philosophie-lettres, droit-histoire de l'art, etc.

Selon le ministère de l'enseignement supérieur, le phénomène est en plein développement. Plus d'une dizaine d'universités, dont récemment Paris-II, Paris-IV et Paris-VI, ensemble, offrent des dizaines de doubles licences habilitées.

"L'intérêt de ces formations est double, explique un universitaire. Elles permettent de sélectionner ses étudiants, sur leur niveau de langues ou sur une mention obtenue au baccalauréat, mais aussi de lutter contre la balkanisation des sciences sociales. Une bilicence économie-sociologie peut ainsi être beaucoup plus riche qu'une simple licence, ces deux disciplines se nourrissant mutuellement".

Certaines universités ont préféré opter pour des licences renforcées. L'université de Nancy-I-Henri Poincaré, qui a fait ce choix, ouvre cette année en licence de mathématiques une "classe préparatoire maths-physique" interne.

"Sur 140 étudiants inscrits, nous avons sélectionné 12 volontaires qui bénéficieront de 50 % d'heures en plus en première année, soit 31 heures de cours, au lieu de 21 heures, explique Didier Schmitt, le directeur des études de L1. L'objectif est certes de préparer aux concours d'écoles d'ingénieurs, mais avant tout d'en donner plus à de très bons étudiants".

Quant aux facultés de droit, elles se sont engouffrées dans la voie des "collèges de droit", une licence renforcée en droit réservée à une petite élite. Après Paris-II, Montpellier-I ouvre son collège de droit à une cinquantaine de bacheliers. A Toulouse-I, le collège de droit ne pourra être intégré qu'en deuxième année et sera réservé aux meilleurs étudiants de L1.

"Nous proposons aux très bons étudiants des cours supplémentaires de culture juridique, explique Bernard Beigner, doyen de la faculté de droit. En parallèle, nous avons notre plan pour les étudiants en difficulté. Nous en finissons en quelque sorte avec le menu unique qui prévalait jusqu'à maintenant."

"Les universités devraient concentrer leurs efforts pour faire baisser l'échec en licence. Notamment en augmentant les horaires de tous les étudiants, et non d'une seule petite partie, et en intégrant les classes prépas dans les universités !", lui rétorque le président de l'UNEF, Jean-Baptiste Prévost. Excellence pour tous ou quelques-uns, le débat reste entier.

Philippe Jacqué

mardi 14 septembre 2010

En 2010, 1,6 % d'étudiants en plus dans les universités

le Monde, 14 septembre 2010

Malgré la baisse du nombre de bacheliers (- 1,3 %), les effectifs d'étudiants qui s'inscrivent cette année à l'université sont en hausse. Cette remontée a été entamée en 2009, après trois années de baisse.

Quelque 1 371 500 jeunes, soit 21 600 de plus que qu'en 2009 (+1,6 %), sont attendus à cette rentrée.

Si, en licence, le nombre d'étudiants inscrits est relativement stable, en master, les inscriptions affluent (+ 18 500, +3,5 %).

Le nombre de doctorants repart également à la hausse (+3 %) après une chute de 1,5 % l'an dernier.

Comme l'université, les sections de techniciens supérieurs voient leurs effectifs augmenter (+ 3 000 étudiants, +1,2 %).

En Institut universitaire technologique (IUT) et en classes préparatoires aux grandes écoles, en revanche, les effectifs s'effritent respectivement de 200 (- 0,1 %) et de 400 inscrits (- 0,5 %).

lundi 13 septembre 2010

A Assas, les parcours sont adaptés au niveau de chacun

Le Monde, 13 septembre 2010

C'était en 2008, juste après avoir passé les concours d'entrée aux instituts d'études politiques (IEP), Marthe Corpet, mention très bien au bac, découvre l'existence du tout nouveau collège de droit de l'université Panthéon-Assas.

Une licence de droit classique renforcée de plusieurs heures de séminaires en droit comparé, en gestion ou en philosophie du droit. "Je me suis tout de suite dit : la fac est sauvée ! Et je me suis inscrite, et ce même si j'avais réussi les concours des IEP..."

Sélectionnée sur ses résultats au baccalauréat et après paiement de deux cents euros en plus du tarif conventionnel, Marthe Corpet vit désormais dans "une promotion de têtes de classe, où le travail en groupe est très efficace."

Car ici tout est fait pour rappeler une école : week-end d'intégration, cours en petits comités avec des professeurs plus habitués à l'enseignement en master qu'en licence, diplôme du collège en supplément de leur licence... De quoi attirer des candidats qui autrefois hésitaient entre Science Po ou une classe préparatoire aux grandes écoles.

Licence différenciée

"En créant le collège de droit, nous avons voulu mettre en place une offre de formation en licence différenciée selon les publics, explique Louis Vogel, le président de l'université. Chaque année, nous recevons 2 600 étudiants en première année... Si on met tout le monde dans le même circuit, on court à la catastrophe !"

Alors à côté du collège de droit, Assas a créé deux parcours de première année de licence (L1). Le parcours classique ouvert à la majorité des étudiants et un parcours de réussite offert à 120 étudiants volontaires.

"Ce sont des étudiants qui sont quasiment sûrs de rater leur première année, car ils ont d'importantes lacunes en orthographe, par exemple. Or, en droit, cela ne pardonne pas", indique Louis Vogel.

Cette L1 de réussite est allégée de trois matières de droit et renforcée de cours d'expression écrite et orale, de culture générale et d'un tutorat.

"Et cela n'est pas une filière-ghetto, comme certains l'ont cru, car à la fin, si les étudiants valident leur année, ils reprennent en 2e année de licence classique", reprend le président d'université. D'ailleurs, 20 % de ces étudiants réussissent mieux - à profil similaire - que ceux du parcours classique de L1.

"L'intérêt de ce système en plusieurs parcours, c'est que rien n'est figé, décrypte Denis Baranger, professeur de droit public au collège de droit. En L1 ou en L2, des étudiants se révèlent et s'ils obtiennent une bonne moyenne, ils peuvent rejoindre le collège de droit. Quant aux étudiants du collège, s'ils n'obtiennent pas 13/20, ils retrouvent le parcours classique."

L'an dernier, environ un tiers des étudiants sont sortis en fin de L1 du collège et un peu moins lors de la seconde année. "Mon rêve serait qu'un étudiant ayant commencé dans le parcours de réussite puisse finir lauréat du collège de droit ! ", assure Louis Vogel.

Quant à Marthe Corpet, qui vient de rejoindre les rangs de l'UNEF (gauche, majoritaire), le premier syndicat étudiant, son rêve serait que tous les étudiants d'Assas puissent bénéficier du collège de droit : "Tous les étudiants doivent avoir accès à ces conditions d'études exceptionnelles !"

Philippe Jacqué

samedi 4 septembre 2010

Bientôt un concours unique pour la filière littéraire dans le supérieur

Le Monde, 3 septembre 2010

Un "concours unique" va être créé entre Normale sup, des écoles de commerce et les instituts d'études politiques de province, afin d'élargir les débouchés de la filière littéraire, a annoncé vendredi 3 septembre 2010 à Enghien (Val-d'Oise) la ministre de l'enseignement supérieur, Valérie Pécresse.

Il s'agit d'"offrir des débouchés à la hauteur des formations littéraires de grande qualité" que sont les classes préparatoires littéraires d'hypokhâgne (première année) et de khâgne (deuxième année), a-t-elle expliqué.

Les Ecoles normales supérieures (ENS) d'Ulm (Paris) et de Lyon, débouchés traditionnels pour les "khâgneux", n'en recrutent en effet que deux cents chaque année à l'issue d'un concours très sélectif passé par quelque quatre mille cinq cents élèves.

ÉLARGIE À HEC, L'ESSEC OU L'ESCP EUROPE

L'idée du "concours unique" est que de bons élèves ayant raté les ENS puissent quand même intégrer des écoles de commerce ou des instituts d'études politiques (IEP).

Pour cela, la "banque d'épreuves littéraires" commune aux deux ENS depuis 2007 va être élargie en 2011 aux six écoles de management qui recrutaient via le concours Ecricome, aux IEP de province (Aix, Bordeaux, Grenoble, Lille, Lyon, Rennes, Strasbourg, Toulouse) et à d'autres écoles comme l'Ecole des chartes.

Un partenariat en ce sens va être signé le 17 septembre, selon Mme Pécresse.

Les trente et une écoles de commerce et management qui recrutaient via le concours BCE (banque commune d'épreuves), dont les plus prestigieuses comme HEC, l'Essec ou l'ESCP Europe, "doivent encore se déterminer sur le rythme d'entrée dans le dispositif, soit 2011, soit 2012", a précisé la ministre.

"Je trouve dommage que Sciences Po Paris ne participe pas", a-t-elle commenté, expliquant que c'était parce que l'IEP parisien avait récemment supprimé son recrutement à bac + 1, ce qui n'est pas le cas de ceux de province.

"DÉCLOISONNER" LES FORMATIONS

En visite au lycée Gustave-Monod d'Enghien, Mme Pécresse a par ailleurs salué l'ouverture d'une classe préparatoire en partenariat avec l'université Paris 13-Villetaneuse (Seine-Saint-Denis).

Désormais et à titre expérimental, l'académie de Versailles ouvrira chaque nouvelle classe préparatoire en lien avec une université, l'idée étant de "décloisonner" les formations et de plus faire travailler ensemble les "prépa" aux grandes écoles et le monde universitaire.

vendredi 3 septembre 2010

Valérie Pécresse présente le concours unique pour Normale-Sup, Sciences Po et HEC

Le Monde, 3 septembre 2010

Peu à peu, une véritable filière littéraire se dessine dans l'enseignement supérieur. Lors d'un déplacement à Enghien (Val-d'Oise), vendredi 3 septembre 2010, Valérie Pécresse, ministre de l'enseignement supérieur, devait annoncer l'élargissement de la banque d'épreuves littéraire (BEL) commune aux écoles normales supérieures et à de nombreux autres établissements.

Un protocole d'accord devrait être signé entre les principaux partenaires, le 17 septembre 2010.

Dans l'air depuis des années, la BEL est discutée depuis des mois. Elle devrait permettre aux nombreux étudiants refoulés à l'entrée à Normale-Sup de se réorienter en douceur. Cette filière littéraire, hors université, offrira ainsi une variété de débouchés.

Après une première année commune en hypokhâgne, les étudiants entreront en khâgne Ulm ou en khâgne Lyon pour préparer les épreuves de la BEL.

Selon leur réussite et leur choix, ils pourront intégrer l'une des écoles normales supérieures (ENS), un institut d'études politiques (IEP d'Aix-en-Provence, de Lille, de Lyon, de Rennes ou de Toulouse) ou une grande école de management.

A travers deux banques d'épreuves (Ecricome et BCE), 31 écoles de commerce leur seront en effet accessibles, dont les trois plus prestigieuses : HEC, Essec, ESCP Europe, à l'issue de ce concours commun.

Les reçus pourront également choisir l'Ecole supérieure d'interprètes et de traducteurs (ESIT), l'Institut supérieur du management public et politique (Ismapp), l'Ecole des chartes ou l'école de journalisme et de communication Celsa.

Aujourd'hui, les écoles normales supérieures de Paris et de Lyon n'ont guère que 250 places à offrir aux 5 000 jeunes qui sortent chaque année de khâgne.

"On ne pouvait plus s'en contenter, considère Olivier Faron, directeur général de l'ENS Lyon. Là, on passera à 600 ou 700 places."

"Fleurons négligés"

Certes, les étudiants littéraires n'ayant pas trouvé place à Normale-Sup pouvaient déjà passer les épreuves d'entrée de tous ces établissements, mais "il fallait jongler avec les concours", fait-on remarquer dans l'entourage de Valérie Pécresse.

"Hypokhâgne et khâgne sont des fleurons négligés de notre système éducatif, regrette la ministre. Cette pépite, je veux la faire briller. Les très bons étudiants littéraires doivent pouvoir bénéficier de très bons débouchés." L'ouverture offrira, enfin, une meilleure visibilité en termes d'orientation à une filière qui prend l'eau de toutes parts au lycée.

Mme Pécresse espère que l'élargissement de la BEL sera effectif dès 2011. Mais, si l'accord est signé le 17 septembre 2010, tout ne sera pas réglé pour autant.

"Il y a encore plein de petites questions techniques à aborder", souligne Gilles Pollet, directeur de l'IEP de Lyon. Si l'on se fie aux discussions qui avaient précédé le rapprochement des épreuves des deux ENS, cela pourrait prendre du temps.

"Il n'y aura pas une formule unique et générale, avertit Thierry Debay, responsable de la BCE. Les modalités d'admission seront différentes selon les écoles. Cela fera l'objet de pourparlers."

M. Debay, qui se montrait très prudent sinon réticent avant l'été, précise : "Sur les coefficients, les notes à prendre en compte, les dates des jurys, le niveau auquel l'étudiant entrera dans l'école, etc., tout reste à faire. Le plus probable est que nous ne serons prêts qu'en 2012."

La route est donc encore longue. D'autant que Mme Pécresse ne compte pas s'arrêter en si bon chemin, rêvant déjà de mobiliser d'autres écoles de journalisme ou d'art.

Benoît Floc'h