lundi 31 mai 2010

Les étudiants plus nombreux à partir à l'étranger

Le Figaro, 31 mai 2010

En 2008-2009, la France a enregistré une augmentation de 9 % de ses jeunes hors des frontières.

Les étudiants français se décideraient-ils plus facilement à effectuer une année à l'étranger ?

La France a obtenu une augmentation de 9 % du nombre de ses étudiants partis en année Erasmus pour l'année 2009-2010, selon les chiffres de l'agence Europe éducation formation France.

Cette année-là, 28.283 jeunes ont participé au programme européen, rendu célèbre par le film L'Auberge espagnole, contre 25.942 l'année précédente. La France passe ainsi devant l'Allemagne qui occupait jusqu'alors la première place.

Cette augmentation est liée pour l'essentiel à la croissance des séjours effectués dans le cadre de stages : quelque 4723 jeunes sont partis un stage en poche, contre 3389 en 2007-2008, soit près d'un tiers d'augmentation.

Un chiffre dont le ministère de l'Enseignement supérieur se réjouit alors que le nombre de jeunes partis dans le cadre d'un échange purement universitaire avait baissé l'an dernier. Il augmente légèrement cette année.

Ce progrès, l'agence le met sur sa promotion accrue du programme Erasmus. Dans l'entourage de Valérie Pécresse, on avance l'élargissement du nombre de bourses étudiantes et leur revalorisation depuis 2008.

L'an dernier, la ministre de l'Enseignement supérieur s'était à plusieurs reprises inquiétée du fait que «contrairement à l'idée reçue selon laquelle la mondialisation aurait un effet entraînant, les étudiants français sont de moins en moins mobiles» . Elle évoquait même «une absence de désir de mobilité chez les jeunes» .

En dépit de chiffres plus encourageants, des milliers de bourses prévues par le gouvernement ne trouvent en réalité pas preneur chaque année. Sur plus de 27 000 bourses mises à disposition en France, 4000 n'ont ainsi pas été utilisées en 2008.

Compatibilité de diplômes

Le chiffre de ces 28.283 jeunes reste par ailleurs bien modeste en comparaison du million trois cent mille étudiants inscrits dans les universités françaises.

Certes, d'autres jeunes partent effectuer une année d'étude à l'étranger en dehors d'Erasmus, de leur propre chef ou grâce à des accords particuliers d'échanges signés, par exemple, entre leur école de commerce et telle ou telle autre institution de l'enseignement supérieur. Mais même avec l'aide d'une bourse, l'échange à l'étranger reste toutefois un luxe que beaucoup ne se permettent toujours pas.

Autre point noir, les problèmes de compatibilité de diplômes. En dépit du système européen LMD (Licence-master-doctorat), qui a pour intérêt de passer d'un établissement à l'autre sans perdre une année d'études, des étudiants se plaignent régulièrement de ne pas avoir réussi à faire reconnaître leur diplôme étranger.

Au point que certains ont encore à repasser des épreuves en rentrant en France. Plus rarement, ils se voient même dans l'obligation de «redoubler».


En pleine mutation, le système Erasmus s'oriente depuis peu vers les stages plébiscités par les étudiants. L'envie d'exotisme portée par L'Auberge espagnole ne suffit plus. Les étudiants sont plus inspirés par des perspectives d'insertion professionnelle.