lundi 31 mai 2010

Les étudiants plus nombreux à partir à l'étranger

Le Figaro, 31 mai 2010

En 2008-2009, la France a enregistré une augmentation de 9 % de ses jeunes hors des frontières.

Les étudiants français se décideraient-ils plus facilement à effectuer une année à l'étranger ?

La France a obtenu une augmentation de 9 % du nombre de ses étudiants partis en année Erasmus pour l'année 2009-2010, selon les chiffres de l'agence Europe éducation formation France.

Cette année-là, 28.283 jeunes ont participé au programme européen, rendu célèbre par le film L'Auberge espagnole, contre 25.942 l'année précédente. La France passe ainsi devant l'Allemagne qui occupait jusqu'alors la première place.

Cette augmentation est liée pour l'essentiel à la croissance des séjours effectués dans le cadre de stages : quelque 4723 jeunes sont partis un stage en poche, contre 3389 en 2007-2008, soit près d'un tiers d'augmentation.

Un chiffre dont le ministère de l'Enseignement supérieur se réjouit alors que le nombre de jeunes partis dans le cadre d'un échange purement universitaire avait baissé l'an dernier. Il augmente légèrement cette année.

Ce progrès, l'agence le met sur sa promotion accrue du programme Erasmus. Dans l'entourage de Valérie Pécresse, on avance l'élargissement du nombre de bourses étudiantes et leur revalorisation depuis 2008.

L'an dernier, la ministre de l'Enseignement supérieur s'était à plusieurs reprises inquiétée du fait que «contrairement à l'idée reçue selon laquelle la mondialisation aurait un effet entraînant, les étudiants français sont de moins en moins mobiles» . Elle évoquait même «une absence de désir de mobilité chez les jeunes» .

En dépit de chiffres plus encourageants, des milliers de bourses prévues par le gouvernement ne trouvent en réalité pas preneur chaque année. Sur plus de 27 000 bourses mises à disposition en France, 4000 n'ont ainsi pas été utilisées en 2008.

Compatibilité de diplômes

Le chiffre de ces 28.283 jeunes reste par ailleurs bien modeste en comparaison du million trois cent mille étudiants inscrits dans les universités françaises.

Certes, d'autres jeunes partent effectuer une année d'étude à l'étranger en dehors d'Erasmus, de leur propre chef ou grâce à des accords particuliers d'échanges signés, par exemple, entre leur école de commerce et telle ou telle autre institution de l'enseignement supérieur. Mais même avec l'aide d'une bourse, l'échange à l'étranger reste toutefois un luxe que beaucoup ne se permettent toujours pas.

Autre point noir, les problèmes de compatibilité de diplômes. En dépit du système européen LMD (Licence-master-doctorat), qui a pour intérêt de passer d'un établissement à l'autre sans perdre une année d'études, des étudiants se plaignent régulièrement de ne pas avoir réussi à faire reconnaître leur diplôme étranger.

Au point que certains ont encore à repasser des épreuves en rentrant en France. Plus rarement, ils se voient même dans l'obligation de «redoubler».


En pleine mutation, le système Erasmus s'oriente depuis peu vers les stages plébiscités par les étudiants. L'envie d'exotisme portée par L'Auberge espagnole ne suffit plus. Les étudiants sont plus inspirés par des perspectives d'insertion professionnelle.

Le pilotage des universités autonomes : au service des universitaires, par Laurent Batsch

Le Monde, 31 mai 2010

La gouvernance de l'université doit concilier deux logiques : celle de la science et celle du pilotage. La tension entre ces deux logiques est riche de progrès, elle est aussi porteuse de risques.

La compétence appartient à la communauté scientifique : les recrutements, les axes de la politique scientifique, l'évolution des formations et l'évaluation des performances doivent relever des spécialistes. C'est la condition de la qualité, et c'est une règle en vigueur dans tous les systèmes universitaires, quels que soient leur gouvernance et leur financement. Si le débat a émergé sur la gouvernance des universités, c'est en raison de deux évolutions profondes.

En premier lieu, la compétition entre les établissements internationaux a fait surgir la nécessité d'une dynamique collective au niveau de chaque établissement, qui a pu être ressentie comme une menace sur l'exercice des libertés académiques individuelles. Il est vrai que les choix individuels doivent s'inscrire dans un programme collectif, mais le projet d'établissement est élaboré et porté par la communauté universitaire. La dynamique de l'établissement élargit le champ des possibles pour les individus, en même temps qu'elle les invite à chercher une plus grande cohérence d'ensemble.

Une seconde évolution, celle du fonctionnement des universités, est venue percuter les modes traditionnels de gouvernance. Il y a belle lurette que la vie universitaire ne se réduit plus à mettre des bataillons d'étudiants dans un amphi devant un professeur qui lit son polycopié. Les formations ont été multipliées et professionnalisées. Les modalités pédagogiques se sont considérablement différenciées. Les prestations qui encadrent l'enseignement stricto sensu se sont étendues. Les attentes sur la qualité des services se sont accrues. La technicité des fonctions de support s'est élevée. Les sources de financement se sont diversifiées. Les échanges internationaux ont pris une place éminente. La valorisation de la recherche est entrée dans les mœurs. Et dans le même temps, les enseignants-chercheurs de plus en plus sollicités par les exigences de la recherche doivent arbitrer dans l'allocation de leur temps. Il s'ensuit que les fonctions de soutien et de pilotage de l'université se sont professionnalisées, alors que la disponibilité des universitaires pour les assumer s'est réduite. D'où la crainte de certains d'entre eux qu'une logique technocratique ne vienne s'imposer à l'exercice des prérogatives académiques.

LA DIFFÉRENCIATION DES RÔLES LIBÈRE LES UNIVERSITAIRES

Il y a donc la conjonction des deux facteurs : la promotion d'une dynamique collective d'établissement d'une part, et le recentrage des enseignants-chercheurs sur leur cœur de métier d'autre part. La loi LRU [portant sur l'autonomie des universités] et le décret sur les obligations de service des enseignants-chercheurs ont cristallisé une réaction à ces deux tendances longues.

Mais au nom de quoi faudrait-il récuser l'évolution ? Est-il attentatoire aux libertés individuelles qu'un établissement décide collectivement de ses priorités scientifiques et organise librement ses recrutements en fonction de ses objectifs ? Doit-on regretter que les enseignants-chercheurs mettent tous leurs efforts et tout leur temps sur l'enseignement et la recherche qui sont leur raison d'être et de travailler ? Faut-il déplorer la montée en puissance des fonctions de pilotage dont dépend de plus en plus la qualité des services rendus à tous ? Veut-on se réfugier dans les bras de l'Etat central au motif affiché qu'il est "le garant", à moins qu'on ne compte sur sa vacuité pour préserver le "chacun pour soi" ? Faut-il craindre la conduite collective des missions de l'université sur le terrain par ceux-là mêmes qui les assurent ?

L'évolution de notre système universitaire conduit inexorablement à une différenciation accrue des rôles dans l'université, qu'il convient d'assumer et de maîtriser. Aux universitaires revient la direction de la politique scientifique, tant en matière de recherche que de formation. Et la centralité de cette mission justifie la primauté accordée à la représentation des enseignants-chercheurs dans les instances décisionnelles. Par ailleurs, le pilotage de l'organisation et la dimension stratégique de son projet ne peuvent plus reposer sur l'investissement des seuls enseignants-chercheurs. Ceux-ci ont besoin de s'adosser à l'activité de cadres administratifs et techniques de haut niveau et de s'appuyer sur le conseil de personnalités ouvertes sur l'évolution de l'environnement économique et social au niveau international. Si elle est bien pensée et codifiée, la différenciation des rôles ne réduit nullement l'espace des libertés académiques : au contraire, elle libère les universitaires de contraintes administratives et elle améliore les conditions d'exercice de leur métier.

Ce n'est donc pas dans la réaction à l'autonomie de l'université qu'il faut chercher une voie d'avenir, mais plutôt dans l'accompagnement de l'évolution des conditions d'exercice du métier d'enseignant-chercheur, puisqu'il s'agit de cela. Parce qu'elle est un levier d'amélioration du pilotage des universités, l'autonomie est un excellent service rendu aux professionnels de l'enseignement et de la recherche : les universitaires.

Laurent Batsch est président de l'université Paris-Dauphine.

jeudi 20 mai 2010

Valérie Pécresse lance la rénovation des sections de technicien supérieur

Le Monde, 20 mai 2010

Elles font rarement parler d'elles, si ce n'est, généralement, en bien. Les sections de technicien supérieur (STS), ces filières qui mènent au brevet de technicien supérieur (BTS), vont faire l'objet d'une modernisation à partir de la rentrée prochaine, a annoncé jeudi 20 mai 2010 Valérie Pécresse, la ministre de l'enseignement supérieur, lors de la remise du rapport du recteur Jean Sarrazin sur les formations technologiques courtes.

Jusqu'à présent, les BTS n'ont pourtant pas démérité, comme le souligne le rapport Sarrazin. Avec 20 % d'enfants d'ouvrier, les STS, qui accueillent cette année 234 000 étudiants, jouent un rôle-clef dans la démocratisation de l'enseignement supérieur. De même, l'écrasante majorité des titulaires d'un BTS s'insèrent rapidement sur le marché du travail. Les trois quarts, qui plus est, trouvent un emploi à durée indéterminée. Dans ces conditions, pourquoi moderniser, au risque de le désorganiser, ce dispositif performant ?

Pour "favoriser la réussite de tous les étudiants" dans cette filière, assure la ministre.

"La réussite des étudiants reste encore très inégale selon leur voie d'origine", relève-t-elle : huit bacheliers généraux sur dix et sept bacheliers technologiques sur dix obtiennent leur BTS, quand seul un bachelier professionnel sur deux décroche ce diplôme. De plus, après la réforme de la voie professionnelle du lycée, réduisant de quatre à trois ans la longueur du cursus, le nombre de titulaires d'un bac pro devrait augmenter en BTS.

Enfin, dans un souci de rapprochement avec l'université, la ministre souhaite améliorer les coopérations et les passerelles entre les sections de technicien supérieur (STS), les instituts universitaires technologiques (IUT) et les universités.

DIX MESURES DE RÉNOVATION

Pour réformer, la ministre avance une dizaine de mesures à soumettre à la concertation, avec notamment les organisations syndicales.

La plus spectaculaire devrait être l'adaptation de certains ingrédients du plan "réussite en licence" aux STS. Afin de mieux aider plus particulièrement les bacheliers professionnels, un accompagnement personnalisé est proposé.

"Cet accompagnement pourrait par exemple prendre la forme d'un premier semestre préparatoire, avec des enseignements méthodologiques et un suivi individualisé, comme cela se pratique désormais dans beaucoup d'universités", précise la ministre.

Et ce même si la petite taille des classes de STS est déjà l'un des facteurs de réussite de cette filière.

Autre mesure proposée, améliorer la poursuite d'études des étudiants de STS en favorisant des dispositifs réunissant STS, universités et écoles d'ingénieurs.

De même, la ministre souhaite la multiplication des passerelles avec les autres formations d'après-bac (IUT, licence) : "Notre objectif doit être de faciliter les réorientations d'étudiants de première année de licence vers les STS et les passerelles entre STS et IUT. Cela peut se faire grâce à la signature d'accords-cadres déclinés sous forme de convention entre les universités, leurs IUT et les lycées, qui accueillent les STS."

Pour ce faire, la ministre souhaite une réorganisation de la formation de STS en modules, "pour permettre la validation de blocs de compétences convertibles en crédits ECTS", déjà utilisé dans les universités.

Cela permettra non seulement d'uniformiser le système d'enseignement supérieur, mais également, assure la ministre, d'"individualiser les parcours", de "proposer aux étudiants de licence qui le souhaitent une réorientation en STS sans allongement de la durée d'études" (dix-huit mois au lieu de vingt-quatre mois) et d'"offrir aux étudiants un accès plus progressif aux qualifications".

Un étudiant quittant la STS avant l'examen final devrait à termes disposer d'un certain nombre de crédits ECTS, et pourra dès lors revenir finir son BTS quelques années plus tard. Et non repartir du début.

DES BTS ADAPTÉS AU MARCHÉ LOCAL

Pour s'inscrire dans le discours gouvernemental, Mme Pécresse souhaite doubler la part des étudiants de STS en apprentissage.

"Seuls 15 % des reçus au BTS en formation initiale empruntent cette voie. Je souhaite porter cette proportion à 30 % et pour y parvenir, je propose notamment de retenir un principe simple : la moitié au moins des nouvelles sections de BTS devront être en apprentissage."

Enfin, la ministre souhaite "rendre les formations de STS plus souples et plus réactives pour répondre aux nouveaux besoins de l'économie et de la société, en prévoyant dans chaque référentiel de formation une part de modules métiers spécialisés. Ces derniers viendraient compléter des enseignements communs définis par grands champs professionnels : les BTS pourraient ainsi s'adapter aux besoins de l'économie locale et aux évolutions du marché de l'emploi".

A partir de ces propositions, la ministre entend ouvrir une concertation cet été, avec la volonté d'une première application à la rentrée prochaine.

Philippe Jacqué

mercredi 19 mai 2010

Universités : Valérie Pécresse s'inspire du modèle allemand

Le Figaro, 19 mai 2010

Les établissements français d'enseignement supérieur présenteront cet été leurs premiers projets dans le cadre du grand emprunt.

Grâce au projet d'excellence de l'enseignement supérieur allemand, né en 2005, l'université technique de Munich a réussi à faire revenir une dizaine de ses professeurs partis à l'étranger.

La ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Valérie Pécresse, aimerait que cette institution aux murs immaculés, forte de ses 24 400 étudiants, soit une source d'inspiration pour la quinzaine de présidents d'universités et de grandes écoles françaises qui l'accompagnaient ce mardi en Allemagne.

Ces derniers auront en effet bientôt à déposer leurs premiers projets dans le cadre du «grand emprunt» décidé par Nicolas Sarkozy et dont une large part sera accordée aux universités.

Un premier appel d'offres concerne les équipements d'excellence et les projets en santé pour 2,55 milliards d'euros. Il sera lancé cet été pour une sélection à l'automne. D'autres vagues de sélection suivront.

«Initiatives d'excellence»

L'Allemagne est décidément, pour Valérie Pécresse, le modèle à suivre. Elle affirme s'être «beaucoup inspirée de ce pays qui a pris de l'avance ces dernières années, surtout en matière d'innovation».

Cette inspiration a favorisé, en France, la création des pôles de compétitivité, l'agence nationale de la recherche, le plan campus et, plus récemment, les «initiatives d'excellence» du grand emprunt.

Également labellisé «initiative d'excellence» à l'issue d'un comité de sélection international en 2005, le campus de Garching, visité ce mardi, a partagé avec neuf autres universités allemandes près de 2 milliards d'euros.

Si ces dernières ont été primées, c'est principalement grâce à la visibilité internationale de leurs écoles doctorales et à leur projet de «clusters», ces structures qui englobent des laboratoires de recherche et des partenariats public-privé.

Elles ont aussi dû présenter des «concepts innovants». Pour Valérie Pécresse, ces trois critères «très intéressants» pourraient être retenus dans le cadre du grand emprunt.

«Main dans la main»

La directrice de l'École normale supérieure, Monique Canto-Sperber, a observé avec attention «le contact étroit entre la société et le monde universitaire».

«La recherche privée et la recherche publique fonctionnent la main dans la main. Ce n'est pas le cas en France», souligne-t-elle. Elle se réjouit surtout du fait que le système allemand ait permis de primer des institutions très diverses par la taille, telle la petite université de Constance et ses 7 000 étudiants.

«Il n'y a pas de conformisme intellectuel. L'idée de s'inspirer de l'excellence quelle que soit la forme qu'elle prend, c'est une bonne chose.»

Grâce à ces moyens supplémentaires à venir, Bernard Ramanantsoa, le directeur de HEC, espère quant à lui pouvoir attirer de grands chercheurs supplémentaires. Avec diverses institutions du plateau de recherche de Saclay, dans les Yvelines, il présentera un projet axé sur les «sciences de la décision».

Chercheurs de retour

Jean-Pierre Finance, le président de l'université de Nancy, souligne que la preuve du succès allemand réside dans les recettes financières supplémentaires accordées aux universités d'excellence.

«Ce système de sélection a permis de faire revenir des chercheurs allemands exilés. J'ai d'ailleurs perdu moi-même des professeurs d'informatique et de mathématiques repartis en Allemagne à cause de ce programme !»

Il compte bien s'inspirer de certaines des idées glanées lors de ce voyage d'études en Bavière, telle cette salle de garderie placée au cœur de l'université pour initier les enfants de maternelles aux sciences : «Ce n'est pas anecdotique, d'autant plus que nous cherchons par tous les moyens à attirer les jeunes vers les sciences.»

Les chiffres

- 11 milliards d'euros du grand emprunt sont consacrés à l'enseignement supérieur.

- 5 milliards d'euros sont prévus pour financer le plan campus destiné à rénover les universités. Ils proviennent de la vente par l'État des actions EDF.

Après les primes individuelles, Valérie Pécresse annonce des primes collectives pour les chercheurs

Le Monde, 5 mai 2010

Après les primes d'excellence individuelles tant décriées et refusées par une poignée de chercheurs, le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche promeut des "primes collectives".

Lors du cinquième anniversaire de l'Agence nationale de la recherche (ANR), mercredi 5 mai 2010, Valérie Pécresse a annoncé qu'"un dispositif d’intéressement collectif va être mis en place pour tous les agents des organismes de recherche et des universités grâce à un décret qu'[elle] vien[t] de prendre. Les contrats de l'ANR pourront bien évidemment entrer dans le calcul de l'intéressement".

Présenté dès octobre 2008 dans le cadre du plan de revalorisation des carrières des personnels de recherche, et de suite oublié, ce nouveau dispositif a pour objectif de récompenser "tous les personnels qui travaillent ensemble dans une unité de recherche, quels que soient leur grade, leur statut, leur établissement de rattachement".

Seront ainsi concernés par l'intéressement à un contrat de recherche des chercheurs, enseignants-chercheurs ou personnels administratifs et techniques.

"DÉCLOISONNEMENT"

Le décret prévoit également que les bénéficiaires de cet intéressement pourront le cumuler avec leur prime individuelle.

"Ce texte contribue à un intéressement collectif de tous ceux qui ont participé à la préparation, la gestion et la réalisation d'un contrat de recherche", précise-t-on dans l'entourage de Valérie Pécresse.

Si les universités pouvaient déjà mettre en place ce dispositif, le nouveau décret permettra d'en donner la possibilité aux organismes de recherche. Et par là même de "décloisonner" les régimes indemnitaires des personnels dépendant des deux types d'organismes.

Concrètement, les conseils d'administration fixeront chaque année "les critères, les modalités et le montant maximal de cet intéressement. Le président ou le directeur de l'établissement arrêteront la liste des bénéficiaires et les attributions individuelles de l'intéressement en fonction des services rendus et de leur degré de participation aux projets".

Avec cette nouvelle possibilité, le ministère fait un pas en direction des chercheurs, qui définissent la recherche comme un effort avant tout collectif. Reste que sur le fond, cet intéressement collectif ne devrait pas trouver grâce aux yeux des syndicats et associations professionnelles.

Ces derniers se disent opposés à la politique d'allocation des ressources sur contrat, qui est par définition ponctuelle, au détriment des financements récurrents.

De fait, ce sont les équipes de recherche qui attirent déjà le plus de contrats qui bénéficieront de cet intéressement. Le fossé entre équipes bien financées et bien rémunérées et les autres devrait dès lors se creuser encore plus, à rebours d'un traitement égalitaire prôné par les syndicats.

Philippe Jacqué

Des appels d'offres lancés "sous dix jours" pour financer les universités

Le Monde.fr | 19.05.10

Les investissements promis dans le cadre du grand emprunt devraient se matérialiser pour les chercheurs à l'automne. Les premiers appels d'offres, concernant la recherche dans les domaines de la santé et des biotechnologies (1,55 milliard d'euros) et les "équipements d'excellence" (1 milliard), seront lancés "sous dix jours", a annoncé la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, Valérie Pécresse, lors d'un déplacement à Munich, mardi 18 mai 2010.

Après validation des cahiers des charges de ces deux appels d'offres par le gouvernement, le 3 mai 2010, et bientôt le Parlement, les universités pourront déposer au mois de juillet 2010 leurs premiers projets à financer.

Pour la santé, sur 1,55 milliard, 350 millions d'euros seront destinés au financement de plate-formes technologiques, sur le modèle du génoscope d'Evry, 100 millions d'euros pour des démonstrateurs, 200 millions d'euros pour financer des études de cohortes et 900 millions pour financer des recherches en nanobiologie, bioinformatique, agronomie et sur la biomasse.

TROIS VAGUES SUCCESSIVES

"Ces 900 millions d'euros seront non consomptibles. Seuls les intérêts générés par leur placement serviront au financement des projets", précise Mme Pécresse.

Concernant les équipements d'excellence, le milliard servira à financer essentiellement du matériel de recherche mi-lourd, dont le prix d'achat et d'entretien va de 1 million à 20 millions d'euros.

Tous les financements ne devraient pas être alloués à l'automne 2010: trois vagues d'appels d'offres seront organisées successivement, afin de laisser une chance aux universités déboutées lors du premier appel d'offres d'améliorer leur projet.

Ces appels d'offres gérés par l'Agence nationale de la recherche et des jurys internationaux seront appointés.

"N'étant pas juge, le ministère viendra en soutien des universités et organismes de recherche. Nous ne nous interdisons pas d'encourager certaines universités à monter des projets sur certains de leur point fort que nous avons identifié au niveau national", ajoute Mme Pécresse.

Les appels d'offres pour le financement des instituts hospitalo-universitaires (IHU, 850 millions d'euros), les instituts de recherche technologique (IRT, 2 milliards) et les laboratoires d'excellence (1 milliard) devraient être pour leur part lancés un peu plus tard, mais encore avant l'été, avec des résultats attendus à la fin de l'année 2010.

La ministre organisera une présentation de l'ensemble des appels d'offres à la communauté universitaire le 1er juin 2010.



Philippe Jacqué

lundi 3 mai 2010

"Grand emprunt" : le gouvernement franchit une étape supplémentaire

03/05/2010 à 16:46 - Le Point.fr

Le gouvernement a franchi lundi une étape supplémentaire vers la mise en oeuvre du "grand emprunt" voulu par le président Nicolas Sarkozy en validant les premières conventions qui devraient permettre le déblocage de certains fonds dès le mois de juin.

Les dix premières conventions, passées avec différents opérateurs publics chargés de sélectionner les projets et de les financer, représentent des investissements de 6,85 milliards d'euros, sur un total de 35 milliards prévu dans le "programme d'investissements d'avenir" adopté en mars par le Parlement.

"Nous avons calculé qu'ils génèrent, avec les financements privés qu'ils vont déclencher, 16 milliards d'euros d'investissements", a déclaré le Premier ministre, François Fillon, lors d'une conférence de presse organisée à Matignon à l'issue d'un comité interministériel sur le grand emprunt.

Au total, le gouvernement espère que les 35 milliards d'euros du programme aboutissent à une enveloppe globale de l'ordre de 60 milliards par "effet de levier" grâce aux participations privées, des collectivités locales ou des aides européennes.

Un "cercle vertueux" qui reste toutefois hypothétique, car, selon une source gouvernementale, "le privé ne va probablement pas participer de manière considérable à l'effort dans l'enseignement supérieur".

La convention adoptée lundi sur "les équipements d'excellence" destinés aux organismes d'enseignement supérieur et de recherche (un milliard) ou celle sur "la santé et les biotechnologies" (1,55 milliard) ne prévoient d'ailleurs aucun financement extérieur.

À l'inverse, les 500 millions d'euros de "prêts verts" permettraient d'atteindre un total de 2,6 milliards par effet de levier.

Les conventions signées à l'été 2010

À l'été 2010, l'ensemble des conventions, une quarantaine en tout, devraient avoir été signées, de manière à ce que l'ensemble des 35 milliards puissent être affectés aux opérateurs.

Si les "prêts verts", qui ne sont pas soumis à des appels à projets, pourront être attribués dès le mois de juin, d'autres actions ne devraient toutefois pas commencer à être financées avant 2011.

François Fillon veut "aller vite" pour doper la croissance française à moyen et long terme, mais en s'assurant de la "rentabilité pour le pays" de chaque projet.

"Cet aspect du retour sur investissement sera fondamental. Sur un certain nombre de sujets, nous allons aider des entreprises privées à améliorer leur compétitivité. Nous allons prendre une part du risque qu'elles prennent, mais aussi des bénéfices qu'elles réaliseront", a précisé le Premier ministre.

"Les projets seront mis en concurrence, avec une sélection par des jurys indépendants, et nous procéderons a posteriori à des évaluations systématiques", a-t-il ajouté.

Selon René Ricol, le Commissaire général à l'investissement chargé par le Premier ministre de piloter ce programme, l'évaluation sera faite chaque année à partir du moment où l'argent aura été débloqué.

Les fonds seront en outre débloqués "par tranches", de façon à ce que "quand ça ne marche pas, on sache arrêter pour redéployer sur d'autres projets", a souligné René Ricol.

"Dans un contexte budgétaire difficile, il ne s'agit pas de dépenser d'un côté l'argent que nous économisons de l'autre", a ajouté François Fillon, rappelant que "les charges financières issues de l'emprunt seront intégralement couvertes par une diminution" des dépenses de l'État.

Une charge évaluée à 500 millions d'euros en 2010, qui sera compensée par une diminution d'environ deux pour cent des dépenses de fonctionnement, hors salaires, de chaque ministère.