vendredi 3 avril 2009

Universités : les raisons de la poursuite du mouvement

Universités : les raisons de la poursuite du mouvement , Le Monde, 2 avril 2009

Plusieurs milliers d'étudiants et d'enseignants-chercheurs ont à nouveau défilé dans les rues, jeudi 2 avril, plus de deux mois après le début du mouvement de contestation dans les universités. Au départ concentré sur le nouveau statut des enseignants-chercheurs, la liste des revendications s'est progressivement étendue. Etat des lieux des points de crispation d'un mouvement qui devrait encore durer.

LE GOUVERNEMENT A CÉDÉ

Sur les suppressions de postes

François Fillon a annoncé le 25 février qu'aucun poste ne sera supprimé dans les universités en 2010 et 2011. Cela exclut l'université de la logique de non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite.

Environ mille postes ont toutefois été supprimés dans les facultés en 2009. Plusieurs syndicats demandent leur "restitution", mais Valérie Pécresse, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, refuse en affimant que son ministère "n'a pas été soumis à la règle du non-renouvellement d'un emploi à la retraite sur deux, les non-renouvellements ayant été limités à un emploi sur six."

Dernier recul en date, Valérie Pécresse annonce, mercredi 1er avril, que l'Etat financera directement les cent trente nouvelles chaires mixtes de recherche pour un coût de 4,5 millions d'euros. Les organismes de recherche, comme le CNRS, n'auront donc pas à bloquer des postes pour occuper ces nouvelles chaires.

LE GOUVERNEMENT A ENGAGÉ DES NÉGOCIATIONS

Sur le statut des enseignants-chercheurs :
Un compromis a été signé avec quatre syndicats minoritaires, le 6 mars, puis a été à nouveau amendé le 25 mars. Le nouveau décret devrait être prochainement transféré au Conseil d'Etat. Parmi les modifications : l'affirmation de l'indépendance des enseignants-chercheurs et du caractère national de leur statut.

Pour rassurer ceux qui craignent la toute-puissance des présidents d'université, le nouveau texte prévoit que la modulation de service d'un enseignant-chercheur (la répartition de son emploi du temps entre enseignement, recherche et activités administratives), qui sera du ressort de l'université, "ne peut être mise en œuvre sans l'accord de l'intéressé", une précision qui n'existait pas dans le projet de décret initial.

Il prévoit aussi leur évaluation tous les quatre ans, par le Conseil national des universités (CNU, composé de pairs), de manière transparente. S'agissant des promotions, l'accord s'est fait: 50 % d'entre elles se feront au niveau national par le CNU, 50 % au niveau des universités.

Insuffisant pour le Snesup-FSU, premier syndicat du supérieur, qui a quitté les négociations et a refusé ce projet. La Coordination nationale des universités le rejette également et appelle au durcissement du mouvement.

Sur la mastérisation du parcours des professeurs
Initialement prévue pour entrer en application dès l'année 2009, la mastérisation des concours de l'enseignement – la formation des enseignants – ne s'appliquera finalement que pour l'année universitaire 2010-2011, après une phase de concertation, comme l'explique un communiqué du ministère de l'enseignement supérieur. Les points principaux restent toutefois inchangés : le concours de l'éducation nationale nécessitera un master (et non plus une licence), une formation adaptée doit être mise en place dans les universités, et les IUFM vont disparaître. Une des principales critiques de ce projet est le manque de formation pratique des futurs enseignants.

LE GOUVERNEMENT REFUSE DE NÉGOCIER

Sur la loi LRU

La Coordination nationale des universités et la coordination étudiante demandent l'abrogation de la loi relative aux libertés et aux responsabilités des universités (LRU), votée à l'été 2007, et dont découlent les réformes actuellement contestées. Cette revendication, portée par certains étudiants depuis l'automne 2007, n'a jamais été à l'ordre du jour des négociations. La loi LRU est soutenue par la plupart des présidents d'université, et est déjà appliquée dans vingt d'entre elles.