En France, la bibliométrie est diversement utilisée, Le Monde, 22 avril 2009
En 2008, les chercheurs et enseignants-chercheurs d'environ un quart des unités du CNRS ont pour la première fois dû faire état de leur h-index à l'administration. "L'idée n'était pas de faire de l'évaluation individuelle mais d'agréger ces données pour avoir des indicateurs sur des unités de recherche", dit Serge Bauin, responsable de l'unité d'indicateurs de politique scientifique au CNRS. Devant le tollé suscité par l'initiative, l'organisme a renoncé - certaines unités de recherche ayant collectivement refusé de se plier à l'exercice. "Cela reviendra peut-être, mais sous une autre forme, probablement avec d'autres outils que le h-index, qui pose trop de problèmes", ajoute M. Bauin.
D'autres établissements utilisent parfois mécaniquement ces indices quantitatifs pour attribuer des financements. Dans une lettre du 7 avril adressée à la présidence de l'université Lyon-I, des présidents de sections du Conseil national des universités ont ainsi manifesté leur "étonnement" d'apprendre que le conseil scientifique de l'établissement avait décidé d'"un financement des unités de recherche sur la base directe de critères bibliométriques"... "Il s'agissait d'attribuer un bonus budgétaire en fonction des citations obtenues par les unités", précise Emmanuel Lesigne, professeur à l'université de Tours et cosignataire de la lettre.
Quant à l'Agence d'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur (Aeres), elle a recours aux indicateurs bibliométriques pour juger les unités de recherche. "Les indices bibliométriques ne représentent qu'une petite fraction de l'évaluation et elle est appréciée en fonction de chaque discipline, dit Jean-François Dhainaut, président de l'Aeres. Nous tenons compte de plusieurs critères, comme la production de chaque unité incluant les publications, les ouvrages, les participations à des congrès, les partenariats avec le monde socio-économique ou l'industrie, les brevets... Mais aussi de la gouvernance de l'unité et de sa stratégie, de la qualité de son projet ou de son attractivité."
Stéphane Foucart