Facs : 93% des étudiants pour le maintien des examens, Le Figaro, 4 mai 2009
Alors que le mouvement universitaire entame sa 14ème semaine de protestation, plusieurs voix s'élèvent contre les bloqueurs des facultés. L'UMP demande même que cette «minorité» soit «poursuivie» en justice.
Malgré des cours perturbés voire supprimés pendant 14 semaines, 83% des Français et 93% des étudiants se montrent favorables au maintien des examens du deuxième semestre, selon un sondage CSA* publié lundi dans «Le Parisien/Aujourd'hui en France». Alors qu'enseignants-chercheurs et étudiants réclament des modifications de la loi Pécresse, la moitié des Français (51%) jugent qu'il faut maintenir les examens dans les conditions «habituelles», et 32% qu'il faut les maintenir mais les simplifier. Ils ne sont que 11% à proposer de supprimer les examens et valider automatiquement le semestre pour tous les étudiants.
Parmi les étudiants, dont on ne connaît pas le panel au sein de l'échantillon du CSA, 52% se prononcent pour le maintien des examens simplifiés, tandis que 41% préféreraient qu'ils soient maintenus dans les conditions habituelles. Seuls 4% des étudiants veulent que leurs examens soient supprimés et que soit validé automatiquement le second semestre pour tous, comme l'a proposé la Coordination nationale des universités.
Pas de diplôme dans une pochette-surprise
Une demande d'ailleurs qualifiée lundi sur Europe 1 d' «irresponsable» et «choquante», par le président de l'université Paris-V Descartes Axel Kahn. Le généticien a par ailleurs mis en garde contre la dévaluation des diplômes en cas d'examens simplifiés. «Si jamais on arrivait à valider automatiquement les semestres, moi, de toute façon, je n'apposerais jamais, jamais, jamais ma signature à une telle mesure et je préférerais m'en aller», a ainsi déclaré M. Kahn. Il faut «des examens qui ne soient pas dévalués. Si par hasard les diplômes sont dévalués, si on dit ‘voilà, durant l'année 2008-2009, on a pu obtenir en quelque sorte son diplôme dans une pochette-surprise', vous vous rendez compte de l'avenir des étudiants?», a-t-il mis en garde. Valérie Pécresse avait déjà écarté cette idée au cours du week-end dans une interview au Journal du Dimanche, en expliquant qu'il n'était «pas question de valider automatiquement des semestres».
Le secrétaire général de l'Elysée Claude Guéant a pour sa part qualifié lundi de «formidable gâchis» le blocage latent des universités, du fait d'une «minorité». Dans les universités « qui sont gênées dans leur fonctionnement, c'est la loi de la minorité qui s'impose quels que soient les résultats des assemblées générales» avec «des piquets de 15 ou 20 personnes qui empêchent le fonctionnement de l'université», a-t-il expliqué sur RTL. Le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale Jean-François Copé a de son côté estimé lundi sur France Inter que ce mouvement «n'est pas responsable». «On en est arrivé là parce que, malheureusement, il y a dans notre pays une culture de l'opposition systématique qui est trop forte par rapport à ce qui se passe dans les autres pays», a-t-il avancé.
Des enseignements pendant l'été ?
Le porte-parole de l'UMP Frédéric Lefebvre est allé plus loin, lundi, en demandant à ce que les auteurs des «entraves» au fonctionnement des universités soient «poursuivis» en justice. «Je souhaite que les autorités publiques réagissent si un certain nombre d'individus devaient participer à entraver les examens comme ils menacent de le faire, parce que ce n'est pas acceptable dans une démocratie», a-t-il ajouté.
L'ancien ministre socialiste de l'Education, Jack Lang, a pour sa part affirmé lundi que le gouvernement devait prendre «une mesure choc» pour débloquer la situation, avec «soit le retrait de certaines mesures, soit le changement d'équipe ministérielle». «Il y a des moments où il faut savoir arrêter certaines décisions qui créent l'inquiétude», a-t-il ainsi déclaré sur France Inter. Pour permettre aux étudiants de passer leurs examens, Jack Lang a estimé qu'»une des solutions serait de pouvoir continuer des enseignements (...) au mois de juin, voire au mois de juillet» moyennant «un financement de l'Etat». «A situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle», a-t-il ainsi expliqué.