L'organisation des examens universitaires tourne au casse-tête, Le Monde, 4 mai 2009
Au moment où le mouvement de protestation dans les universités entre dans sa 14e semaine, la question de la validation du semestre devient brûlante. Dans un entretien au Journal du Dimanche du 3 mai, la ministre de l'enseignement supérieur, Valérie Pécresse, a affirmé qu'il n'était "pas question de valider automatiquement des semestres alors que les enseignements n'auraient pas été délivrés normalement".
Ce souci est partagé par les étudiants. Selon un sondage CSA pour le Parisien/Aujourd'hui-en-France du lundi 4 mai (réalisé les 28 et 29 avril, par téléphone auprès de 1 015 personnes) 52 % des sondés estiment qu'il faut maintenir les examens tout en les simplifiant, tandis que 41 % préféreraient qu'ils se déroulent dans les conditions habituelles. Seuls 4 % des étudiants veulent que leurs examens soient supprimés et que soit validé automatiquement le second semestre pour tous.
Cette solution avait été défendue par la Coordination nationale des universités (CNU) dès le 6 avril. Réuni mercredi 29 avril, le collectif, où sont représentées les principales composantes du mouvement universitaire, avait appelé une nouvelle fois les enseignants-chercheurs et les personnels non-enseignants à "ne pas organiser les examens jusqu'à satisfaction de (leurs) revendications". La porte-parole de la Conférence des présidents d'universités (CPU), Simone Bonnafous avait condamné cette prise de position "C'est un tort très considérable qui serait porté aux universités. On ne peut pas sacrifier l'année des étudiants", avait réagi la présidente de l'université de Paris-XII Val-de-Marne. En tout état de cause, "des solutions" seront trouvées au "cas par cas", avait-elle assuré.
Sur le terrain, les universités tentent d'organiser une fin d'année présentable. Selon le dernier pointage du ministère, une vingtaine d'établissements serait affectés à des degrés divers par le mouvement de protestation. La coordination nationale affirme quant à elle que sur 83 universités, 49 retiennent les notes du premier semestre, 51 sont en grève totale ou partielle, 44 sont bloquées, et 14 ont appelé au boycott des jurys de baccalauréat où siègent des professeurs d'université.
Les opposants aux réformes de Valérie Pécresse et de Xavier Darcos ne veulent pas désarmer et cherchent de nouvelles formes de mobilisation.
Dans la nuit de dimanche à lundi, la "ronde infinie des obstinés", une marche permanente sur le parvis de l'Hôtel de Ville de Paris, lancée par les enseignants de l'université de Paris-VIII pour amener le gouvernement à retirer ses réformes, a fêté ses 1 000 heures. Lundi midi ses organisateurs devraient annoncer s'ils continuent ou s'ils privilégient d'autres modes de protestation.
Parmi les actions déjà prévues, la coordination nationale des universités a retenu le principe d'une journée de manifestations nationale le 12 ou le 15 mai 2009, une "marche des obstinés" de Chartres à Paris fin mai 2009 ou encore une "Academic pride", le 4 juin 2009.
En réaction à la circulaire qui accompagne le décret sur le statut des enseignants-chercheurs diffusée le 30 avril 2009, le SNESup-FSU, majoritaire, a reconnu par la voix de son secrétaire général, Stéphane Tassel qu'elle "apporte des réponses à des questions que l'on posait depuis longtemps, notamment sur la modulation de service". Pour autant, "notre opposition au décret demeure", a poursuivi le syndicaliste.
Catherine Rollot