lundi 9 mars 2009

L'étude de Bernard Belloc sur les universités californiennes

La France peut-elle s’inspirer des universités Californiennes ? , educobs, 4 mars 2009 (mis en ligne pour la première fois sur le site NO en juin 2007)

Bernard Belloc, ancien Président des universités, devenu un conseiller très écouté de Nicolas Sarkozy, a réalisé un audit minutieux des universités publiques américaines, à partir de l’exemple de la Californie. Il nous l’a confié.

Son analyse tend à montrer que le système Américain élimine moins d’étudiants qu’en France, que 75 % des étudiants sont dans des facs publiques, que les frais de scolarité sont modiques, qu’il y a deux fois plus de boursiers qu’en France.

Et que l’ensemble est au plus haut niveau mondial. Un constat à revers d’idées communément admises, et qui prône quelques idées-choc : pas besoin de prépas, rapprochement entre universités et grandes écoles, réhabilitation du doctorat. Seul point non traité, mais il est capital : le succès de l’ensemble demande quel financement ?

L’analyse qui suit est la synthèse, opérée sous notre seule responsabilité, d’un rapport de 29 pages rédigé par Bernard Belloc, à la suite d’une mission d’étude en Californie, en 2005. (Document intégral consultable sur www.fondapol.org + taper « californie » sur le moteur de recherche)

Cet ancien Président de la Conférence des Présidents d’Université, qui a dirigé l’université de Toulouse 1, a été nommé conseiller à l’Elysée par Nicolas Sarkozy, après avoir effectué une mission scientifique à Pékin.

Proche de Christian Blanc, le « père » des Pôles supérieurs d’enseignement et de recherche (PRES) conçus par rapprocher université recherche et industrie, son influence, dans l’univers du Supérieur et de la Recherche est considérable. C’est lui qui a demandé le premier, dés 2001, au nom de la CPU, l’autonomie des universités.

L’observation du système Californien qu’il présente ici constitue à n’en pas douter un élément important en toile de fond des actuels réflexions et projets sur l’université et de la recherche.

Belloc avait d’ailleurs un temps songé à le publier sous ce titre-provoc : « Le service public d’enseignement supérieur et de recherche : un concept américain ? » .

Bernard Belloc montre dans ce document comment l’université Californienne, loin d’être réservée aux riches, fait réussir bien plus de jeunes que chez nous, contrairement à l'idée courante en France selon laquelle l'université américaine est porteuse d’inégalités. En fait ce système apparaît, à la lumière de cette étude, comme étant à « trois vitesses », à peu près comme en France.

On constate en effet une similitude troublante entre la façon dont les jeunes bacheliers américains se répartissent entre leurs trois niveaux d’enseignement supérieur (« colleges » non sélectifs, universités partiellement sélectives, université de recherche très sélectives) et la façon dont les bacheliers Français se répartissent entre universités non sélectives (65 % des bacheliers), les IUT et BTS sélectifs ( 23 % ) et les grandes écoles très sélectives (12 % ).

Mais, aux USA, 64 % d’une génération décroche un diplôme d’études longues, contre seulement 42 % chez nous. Car le système américain présente un avantage sur le plan de l’équité sociale .

Chez nous, la pédagogie de pointe est réservée aux 35 % des étudiants qui vont dans les cursus sélectifs ( IUT, BTS, grandes écoles…) , avec une dépense par élève de 12 000 E, contre 5 à 7000 E en fac. Ceux qui bénéficient de cet avantage sont en majorité des jeunes qui ont été aidés par leur familles pour se maintenir dans les bonnes filières au lycée. Les autres vont en fac et y subissent un fort taux d’échec.

Aux USA on fait porter un très gros effort pédagogique sur le cursus non sélectif (les colleges), accessible aux plus faibles, qui fonctionne comme une prépa pour intégrer les études longues. Autrement dit, aux USA, même sans l’équivalent de notre bac, on a de bonnes chances de poursuivre dans le supérieur si on se montre très motivé dans un domaine.

Entre les trois niveaux d’universités américaines, la fluidité est totale, chacune servant de marchepied à des études dans les autres. A l’inverse, le système Français est vraiment à deux vitesses dans la mesure où il sépare drastiquement l’université non sélective d’un coté, et les grandes écoles sélectives de l’autre, avec une grande coupure entre les deux, obligeant à des choix précoces à sens unique.

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Une Synthèse de l’étude de Bernard Belloc

En France on voit le système universitaire Américain comme très élitiste, très coûteux pour les étudiants, piloté seulement par le marché, et donc l’argent, avec tout ce que cela suppose d’exclusions de tous ordres, tourné entièrement vers la satisfaction de besoins économiques à court terme, et des activités de recherche directement utilisables par l’économie. S’il est vrai que des dérives existent, notamment dans les universités de la Cote Est, déplorées par les universitaires américains eux-mêmes, globalement, cette vision dénote une totale méconnaissance de ce que sont les universités aux Etats Unis. Et de leur rôle central comme facteur d’intégration et de promotion sociale.

D’abord c’est un système très diversifié . Il y a aux USA près de 2000 institutions universitaires de toutes natures et de tous statuts : des universités de recherche prestigieuses, des universités classiques qui ne délivrent pas de doctorats, mais fournissent d’excellents passeports pour la vie active, sous la forme de masters prisés, et des institutions de premiers cycles, les « Colleges ». Ces derniers sont un des piliers du système. Ils conduisent une très forte proportion des jeunes américains vers les études supérieures longues : environ 65 % contre 42 % en France. Même si la qualité des enseignements dans ces collèges est hétérogène, ils jouent une rôle social très important et donnent la possibilité à des jeunes issus de milieux très défavorisés d’accéder aux campus les plus prestigieux. Aux USA, 3 600 000 étudiants seulement, sur 15 000 000, sont dans des universités privées . 75 % des étudiants sont donc dans le secteur public, dont les deux tiers des ressources sont publiques et un tiers est privé.

L’exemple des universités publiques de Californie
Le réseau des universités publiques de Californie est une organisation très décentralisée relevant pourtant d’une pure logique de service public. Il montre que les solutions extrêmes parfois préconisées (compétition féroce entre établissements, privatisation, marchandisation…) sont loin d’être une fatalité et remet à leur juste place les clichés sur le système américain.
Ces universités accueillent 6% de la population de l’état. En France, cela correspondrait à 3 600 000 étudiants, contre 2 200 000 actuellement. On y trouve certaines des meilleures universités du monde, telles que Berkeley, UCLA et San Diego . Dans le classement mondial des universités établis par l’Université Jiao Tong de Shanghaï, 6 des 10 universités publiques de recherche de Californie sont dans les 50 premières mondiales, contre une pour la France.

Le système repose sur trois piliers : les Collèges des communautés californiens (CCC), l’Université d’Etat de Californie (CSU) et l’Université de Californie (UC). Les principes sont : accueil de tous les étudiants, orientation sélective, diversification, excellence. Quatre éléments qu’il semble impossible de faire coexister pacifiquement en France, où la vision conduit à opposer excellence et massification, orientation et sélection, service public et diversification.

1. Les « Colleges » (Californian Community Colleges, CCC)
On dénombre 108 colleges groupant pres de 2 millions d’étudiants, soit 73 % des inscrits dans le superieur public Californien. Leur mission est de fournir une formation académique et professionnelle en deux ans après le bac. Ils doivent accueillir tous ceux qui peuvent bénéficier de l’enseignement supérieur. Aucune sélection à l’entrée : tout jeune résident californien qui a terminé ses études secondaires est certain d’y trouver une place. Ils délivrent le « Two-year liberal arts degree », qui, selon niveau, permet de poursuivre les études en université. C’est un ensemble très diversifié géographiquement et en qui concerne les types de publics accueillis (zones rurales, zones urbaines plus ou moins difficiles, origines ethniques etc.) Cette hétérogénéité se traduit par une assez grande diversité dans les types d’enseignements dispensés. Dans tous les cas, un grand professionnalisme prévaut dans l’organisation, marqué par l’importance du suivi personnalisé des élèves et de l’évaluation des actions pédagogiques.

2. L’Université d’Etat de Californie (« California State University », CSU)
Avec environ 350 000 étudiants, soit 20 % du total, cette institution qui compte 23 campus répartis dans tout l’Etat propose des filières « undergraduate » et « graduate » ( en gros : licence et masters) . Elle peut sélectionner ses étudiants parmi les 33,3 % d’élèves ayant obtenu les meilleurs résultats aux tests de terminale (SAT). Elle organise des formations professionnelles, mais ne peut délivrer seule de doctorats, qui est le monopole de l’Université de Californie dans le système public.

3. L’Université de Californie ( UC)
Avec environ 200 000 étudiants répartis sur 10 campus ( Berkeley, Davis, Irvine, Los Angeles, Merced, Riverside, San Diego, San Francisco, Santa Barbara, Santa Cruz ), soit environ 8% des étudiants inscrits dans le système public Californien, l’UC est l’unique université de recherche de Californie. Le campus le plus célèbre est celui de Los Angeles, l’UCLA . L’UC délivre tous les grades universitaires : bachelor (plus ou moins notre licence dans le nouveau système L-M-D), master et filières professionnelles. Mais elle est la seule université publique autorisée à délivrer grade de doctorat (PhD). Surtout, elle est autorisée à sélectionner à l’entrée parmi les 12,5% étudiants obtenant les meilleurs résultats aux tests d’aptitude scolaires en vigueur aux Etats Unis à la fin du secondaire, le Scholastic Assessement Test, (SAT) qui classe les élèves qui en font la demande. L’UC est l’institution leader de tout le système public californien. Ce rôle lui revient eu égard à la qualité de ses activités de recherche, qui lui a valu 44 prix Nobel. L’UC a proposé en moyenne ces dernières années 17 000 cours de formation continue pour les adultes, suivis par 400 000 personnes. Soit deux fois plus que l’effectif d’étudiants en formation initiale .

Les passerelles
La coordination entre les trois piliers du système est une obligation dans le code de l’éducation Californien. Elle oblige l’UC et la CSU à accueillir dans leurs programmes de premier cycle (bachelor) les étudiants issus des colleges qui satisfont à un certain niveau . Le plan pour l’enseignement supérieur recommande que les universités puisent près de 50 % de leurs étudiants parmi les diplômés des collèges. C’est un rôle essentiel d’ascenseur social pour les étudiants issus de milieux défavorisés et de stimulation pour les étudiants. La sélection est plus ardue pour accéder à l’UC que pour accéder à la CSU, consacrant le rôle leader des universités de recherche . La CSU et l’UC ont de nombreux programmes conjoints.

Le coût des études (chiffres 2005)
On sait que la qualité de vie dont jouissent les étudiants sur les campus californiens est exceptionnelle. Pour qui connaît les campus français, c’est toujours une révélation que de constater que système public, ici, ne rime pas avec misérabilisme. Selon le Code de l’éducation, l’UC et la CSU doivent accueillir pour tous les étudiants résidents californiens éligibles à une admission . L’Etat de Californie s’engage à fournir les ressources adéquates. Ici comme ailleurs aux USA, le taux d’accueil des étudiants dans le supérieur est donc très important : 6% contre 3,6 % en France. L’accès aux grandes universités est marqué par deux principes : admission indépendante des moyens des candidats (« need blind »), et contribution raisonnable des familles selon leur revenus (« need based »). La combinaison de ces deux principes doit éviter toute exclusion due à l’argent. Sans avoir une vision angélique de ce système, on ne peut que constater un accès plus large qu’en France des jeunes aux études supérieures. Les droits d’inscription pour les résidents de l’Etat de Californie sont d’environ 800 dollars pour l’UC, 300 dollars pour la CSU et 30 dollars pour les colleges. Il s’y ajoute des aides financières conséquentes, que ce soit au titre du programme des bourses d’Etat, ou des innombrables aides que les établissements eux-mêmes octroient à travers les fonds de leurs fondations. Toutes ces aides ne sont certes pas des bourses et on sait que les prêts aux étudiants sont très développés aux USA, avec certes des inconvénients, mais aussi plus d’avantages qu’on ne le croit. L’aide sociale moyenne aux étudiants aux USA est d’environ 9000 $ par an, dont 4900 $ de prêts, et 3600 $ de bourses . Le niveau moyen des bourses est donc très comparable aux niveau français, qui est d’environ 2700 E. Mais les étudiants français sont beaucoup moins nombreux à être aidés : un peu plus de 20 % contre 39% pour les seuls premiers cycles américains. Sachant que l’octroi de bourses exonère quasi automatiquement du paiement des droits d’inscription, même si on considère les avantages fiscaux des familles françaises, le montant des aides hors prêts accordées aux jeunes français est loin de ceux accordés aux américains.

Contrairement à la France, aux USA, les élites côtoient la recherche
La première leçon qu’on en tire est celle d’un système diversifié, doublé d’un ensemble de passerelles réelles entre filières, ouvrant de nombreuses possibilités de changement aux étudiants. Le système californien est fluide, diversifié et hiérarchisé. Avec, comme leader, une grande université de recherche et ses dix campus , aux cotés d’une grande université de formation très performante, installée sur 23 campus, et de collèges agissant comme des prepas pour aider les moins bons des bacheliers à intégrer ces universités.
De façon cohérente, l’université de recherche est autorisée à recruter les meilleurs élèves du secondaire, l’université de formation sélectionne dans un éventail plus large, et les Collèges doivent accueillir tous les élèves issus du secondaire . Ainsi les meilleurs élèves issus du secondaire sont d’emblée mis en contact avec les meilleurs chercheurs et les meilleurs universitaires. Une dynamique intellectuelle extraordinaire est créée dès l’entrée dans le supérieur pour les élèves à fort potentiel. On accroît ainsi la probabilité que les meilleurs esprits s’orientent vers la recherche. Mais beaucoup s’orienteront plutôt dans les grandes entreprises et administrations américaines. Cela crée une extraordinaire mixité intellectuelle qui fait que les élites américaines ont toutes étudié dans des universités de recherche. Pour elles l’importance de la recherche n’est plus à démontrer. On est loin du schéma français où seule une petite minorité des élites provient d’établissements ayant une forte tradition de recherche.

Les bons cerveaux manquent à l’université Française.
Nous pratiquons, comme les USA, une sélection redoutable des meilleurs éléments du secondaire. Mais ils sont orientés vers des grandes écoles dont seule une petite minorité a des activités de recherche reconnues. Nous pratiquons ensuite une sélection d’élèves plutôt bons mais que nous envoyons vers des filières courtes ( BTS et IUT). Tous les autres étudiants intègrent l’université, seule institution où se prépare le doctorat et où s’effectue la majorité des activités de recherche. Avec ce système, les meilleurs étudiants ne parviennent que par hasard jusqu’à la recherche et au doctorat, puisque l’immense majorité d’entre eux intègre des écoles nullement configurées pour la recherche, mais pour former des cadres d’entreprises. Le gâchis est considérable en termes de compétences et de talents. Ceux qui intègrent chez nous les classes préparatoires correspondent, en gros, aux 12,5 % des meilleurs élèves que sélectionnent les universités de recherche en Californie. En revanche, les élèves ayant de bons dossiers - qui, aux USA, intègrent l’université - sont aiguillés en France vers des programmes courts ( BTS et IUT), alors qu’ils mériteraient, comme aux USA, d’aller plutôt vers des établissements délivrant des formations longues. Enfin, la plus grande masse des élèves les plus faibles au lycée se retrouvent, en France, à l’université .
On voit ainsi le piège qui s’est refermé sur les universités Françaises. On leur demande d’être excellentes dans deux missions qui exigent une organisation, des moyens et des enseignants différents : l’accueil massif d’étudiants peu préparés en premier cycle ( dont beaucoup sont peu tentés par des études généralistes) et, - en troisième cycle – d’excellentes performances en recherche, alors que les meilleurs cerveaux du secondaire leur ont échappé pour aller dans les grandes écoles. C’est le grand écart !

Coté étudiants, un énorme gâchis de talents
Chez nous, l’immense majorité des jeunes qui pourraient aller jusqu’au Master sont orientés dans les filières post-bac sélectives ( IUT, BTS), et parfois ne soupçonnent même pas l’existence des masters. Dans ces cursus, ils prennent la place de jeunes qui, eux, cherchent une formation technologique courte, mais sont rejetés vers des filières générales où ils échouent. D’où la sous-qualification dramatique des jeunes français des classes d’age 20-25 ans, comparé aux autres pays développés, et, partant, le chômage qui les frappe. On ne peut espérer résorber celui-ci que par une orientation leur donnant une vraie chance d’accéder aux filières qu’ils souhaitent intégrer. Cette distorsion est accentuée par le cloisonnement très fort des filières en France : on est sur des rails parfois dès la classe de première au Lycée, et il n’y a pratiquement plus d’aiguillages ensuite.

Les leçons des universités Californiennes
Le système californien est doté d’un système de passerelles entre les filières et établissements qui fait qu’un jeune en ayant les compétences peut toujours grimper dans le programme supérieur. Voici ce que cela suggère.

1/ Créer des universités de recherche sélectives. Il ne s’agit pas de sélectionner à l’entrée des universités, ce qui ne ferait qu’accroître le phénomène d’exclusion et notamment d’exclusion sociale. Mais il faut sélectionner à l’entrée des établissements les plus performants en recherche, ce qui est différent et pas pratiqué en France .

2/ Rapprocher grandes écoles et université. Ces établissements de recherche ne sont pas tous des universités ni toutes des grandes écoles. La majorité de ces établissements reste à créer à travers le rapprochement des grandes écoles et des universités ayant une activité de formation doctorale et de recherche reconnues.

3/ Pas besoin de prépas. Pour que s’effectue cette sélection des meilleurs élèves vers les établissements de recherche, point n’est besoin de classes préparatoires telles qu’elles sont organisées chez nous ni de concours. Il suffit de réserver cette orientation aux 15 ou 20 % des meilleurs élèves des Lycées, tout en laissant ouvertes les portes pour ceux qui se révèleraient plus tard, ou pour lesquels un peu de temps doit être laissé pour que soit surmonté le handicap culturel originel que constitue leur milieu social familial.

4/ Investissement sur les premiers cycles. Il faut penser à des filières en deux ans généralistes, permettant à tous les lycéens d’obtenir un complément de formation leur ouvrant plus facilement les portes du marché de l’emploi. Développer les licences professionnelles qui prolongent ces filières, complétées par des licences généralistes orientées vers des secteurs d’activités professionnelles.

5/ Multiplication des passerelles. L’organisation de passerelles de transfert souples et reposant sur les qualités scolaires doit être impérativement organisée entre ces divers cursus.

6/ Réhabilitation du doctorat. Le niveau de formation le plus élevé dans la hiérarchie de ce système est le doctorat et non pas les diplômes d’ingénieurs, fussent-ils délivrés par les plus prestigieuses de nos écoles.

Ce n’est donc pas forcément une révolution qu’il faut organiser, mais plus sûrement des réorganisations par morceaux d’un système existant, en faisant éventuellement coexister temporairement organisation traditionnelle et innovations expérimentales. Comme toujours dans notre pays de nombreux corporatismes s’abriteront derrière les prétextes les plus nobles pour que rien ne change. Ce sera notamment le cas pour les classes préparatoires, qui devraient réorganiser leurs programmes autour de vrais programmes universitaires, du type de ceux enseignés dans toutes les universités de recherche pour les meilleurs élèves et non autour de la préparation de concours. Les filières technologiques courtes devront accepter d’accueillir plus généreusement les élèves dont c’est la vocation. Enfin, les universités devront accepter de se remettre en cause à travers des évaluations rigoureuses de leur niveau en recherche et accepter de se rapprocher des grandes écoles
Certaines universités devront se recentrer plus sur la formation que sur la recherche, ce qui n’a rien de déshonorant, comme le montre la reconnaissance dont jouit l’Université d’Etat de Californie. Idem pour les grandes écoles qui font peu de recherche.

Concernant le pilotage externe des établissements d’enseignement supérieur, il faut une continuité de la réflexion sur son rôle dans la société et l’économie. La Californie a développé une habitude de concertation entre toutes les parties prenantes - autorités politiques, partenaires socio-économiques et universitaires- évitant les réformes frontales génératrices de rancœurs et guerres civiles académiques. La méthode d’un « pacte pour l’éducation » décliné en quelques articles (1) est excellente. Il est inutile, comme le fait par exemple la loi de 1984 sur l’enseignement supérieur, de décliner dans le détail la composition des conseils, leur mode électoral, les procédures de révision des statuts et tout un ensemble d’éléments tout à fait secondaires sur le fond pour l’organisation et le fonctionnement du service public. Il faut laisser la diversité s’exprimer autour de quelques éléments communs à tout le système, pour pouvoir proposer une offre de formation diversifiée face à une demande sociale qui sera de plus en plus complexe et multiple.

Synthèse réalisée par Patrick Fauconnier ( Juin 2007)

(1) Comme le suggère le Cercle des Economistes

Références

- Bernard Belloc, le mystérieux « Monsieur université et recherche » de Sarkozy , educobs, 4 mars 2009

- La France peut-elle s’inspirer des universités Californiennes ? , educobs, 4 mars 2009