mercredi 19 mai 2010

Après les primes individuelles, Valérie Pécresse annonce des primes collectives pour les chercheurs

Le Monde, 5 mai 2010

Après les primes d'excellence individuelles tant décriées et refusées par une poignée de chercheurs, le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche promeut des "primes collectives".

Lors du cinquième anniversaire de l'Agence nationale de la recherche (ANR), mercredi 5 mai 2010, Valérie Pécresse a annoncé qu'"un dispositif d’intéressement collectif va être mis en place pour tous les agents des organismes de recherche et des universités grâce à un décret qu'[elle] vien[t] de prendre. Les contrats de l'ANR pourront bien évidemment entrer dans le calcul de l'intéressement".

Présenté dès octobre 2008 dans le cadre du plan de revalorisation des carrières des personnels de recherche, et de suite oublié, ce nouveau dispositif a pour objectif de récompenser "tous les personnels qui travaillent ensemble dans une unité de recherche, quels que soient leur grade, leur statut, leur établissement de rattachement".

Seront ainsi concernés par l'intéressement à un contrat de recherche des chercheurs, enseignants-chercheurs ou personnels administratifs et techniques.

"DÉCLOISONNEMENT"

Le décret prévoit également que les bénéficiaires de cet intéressement pourront le cumuler avec leur prime individuelle.

"Ce texte contribue à un intéressement collectif de tous ceux qui ont participé à la préparation, la gestion et la réalisation d'un contrat de recherche", précise-t-on dans l'entourage de Valérie Pécresse.

Si les universités pouvaient déjà mettre en place ce dispositif, le nouveau décret permettra d'en donner la possibilité aux organismes de recherche. Et par là même de "décloisonner" les régimes indemnitaires des personnels dépendant des deux types d'organismes.

Concrètement, les conseils d'administration fixeront chaque année "les critères, les modalités et le montant maximal de cet intéressement. Le président ou le directeur de l'établissement arrêteront la liste des bénéficiaires et les attributions individuelles de l'intéressement en fonction des services rendus et de leur degré de participation aux projets".

Avec cette nouvelle possibilité, le ministère fait un pas en direction des chercheurs, qui définissent la recherche comme un effort avant tout collectif. Reste que sur le fond, cet intéressement collectif ne devrait pas trouver grâce aux yeux des syndicats et associations professionnelles.

Ces derniers se disent opposés à la politique d'allocation des ressources sur contrat, qui est par définition ponctuelle, au détriment des financements récurrents.

De fait, ce sont les équipes de recherche qui attirent déjà le plus de contrats qui bénéficieront de cet intéressement. Le fossé entre équipes bien financées et bien rémunérées et les autres devrait dès lors se creuser encore plus, à rebours d'un traitement égalitaire prôné par les syndicats.

Philippe Jacqué