Le Monde, 29 juin 2011
"Un modèle où le doctorat sera le diplôme phare et la recherche un moteur", c'est ainsi que Valérie Pécresse, alors ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, prônait le développement du doctorat en France dans un entretien paru en janvier dans notre hors-série "Le Guide des masters et MBA".
A cet effet, et sous l'impulsion de la Confédération des jeunes chercheurs, le ministère a créé des contrats doctoraux qui ouvrent différents droits dont ceux à la retraite et attestent d'au moins trois ans d'expérience professionnelle dans le public ou le privé. "Reste à ce que cette formation par la recherche soit reconnue dans les conventions collectives. Les entreprises doivent mieux reconnaitre les connaissances et les compétences qu'il y a derrière le doctorat", insistait encore la ministre.
* DES COMPÉTENCES À VALORISER
Et pour que les docteurs soient encore plus pros, les universités leur demandent aujourd'hui de suivre des cours pour compléter leurs compétences disciplinaires. "Depuis l'année dernière, nous avons rendu obligatoires des cours d'anglais pour nos 390 doctorants, explique ainsi Pauline Dreux-Palassy, qui dirige le département de la recherche et de la valorisation de l'université de Cergy-Pontoise. Certains, notamment dans les sciences expérimentales ont un excellent niveau mais d'autres, notamment en droit, ont moins l'occasion de pratiquer l'anglais. Il nous fallait imposer à tous d'acquérir un niveau suffisant pour s'intégrer ensuite sur le marché du travail."
Même volonté à l'université de Nantes (1 400 doctorants), où chaque doctorant suit 100 heures de cours dont la moitié est disciplinaire et l'autre consacrée à la rédaction d'un CV ou au montage d'un projet financier. "Avec le soutien de l'Intelli'agence (ex-association Bernard Grégory), nous organisons aussi des 'Doctoriales' dans le cadre desquelles nos doctorants de toutes disciplines travaillent ensemble sur des projets innovants susceptibles d'intéresser des entreprises", explique Agnès Florin, responsable du collège doctoral Nantes-Atlantique.
Les doctorants peuvent également réaliser une mission complémentaire, dite "doctorants expert", pour laquelle ils consacrent 32 jours de travail à une entreprise de la région. "C'est un dispositif peu coûteux et très efficace pour qu'une entreprise et un doctorant apprennent à se connaître", insiste Agnès Florin.
* COMMENT AMENER LES INGÉNIEURS VERS LE DOCTORAT ?
Si les ingénieurs bénéficient en France d'une grande aura, un petit séjour en Allemagne les déçoit vite quand ils se rendent compte qu'ils passent derrière les ingénieurs-docteurs. Et c'est le cas dans beaucoup d'autres pays. Les grandes écoles d'ingénieurs mettent donc aujourd'hui tout en œuvre pour pousser leurs élèves à poursuivre leur cursus trois ans de plus. "A l'ESTP, nous avons aujourd'hui 15 thésards en contrat Cifre dans le cadre de notre Institut de la constructabilité mais aucun n'est encore ingénieur de l'ESTP, explique Florence Darmon, la directrice de l'école parisienne spécialisés dans le bâtiment et les travaux publics. Pour les motiver à poursuivre leur cursus, nous devons obtenir des entreprises qu'elles les rémunèrent au même niveau que des salariés."
Et elles devraient y trouver leur compte selon elle : "Avoir des ingénieurs chercheurs permettra aux entreprises de mieux faire communiquer ces deux mondes."
Une approche que reprend Olivier Fourure, directeur de la grande école d'ingénieurs aéronautique qu'est l'Isae de Toulouse (issue du rapprochement de l'Ensica et de Sup Aéro) : "Nous avons plus de 200 thésards dont 15 % issus des rangs de l'école. Mais ce chiffre monte depuis que nous initions, dès leur première année, nos élèves à la recherche en les amenant à aller dans nos laboratoires."
Et d'insister : "Nous sommes un secteur qui a particulièrement besoin d'innovation et nos ingénieurs trouvent en thèse les méthodes qui permettront à notre industrie aéronautique de rester un leader mondial."
* UN VÉRITABLE 3E CYCLE DE FORMATION À LA RECHERCHE
"Un docteur c'est quelqu'un de créatif, qui sait sortir du moule, qui arrive à se moduler en fonction des besoins de l'entreprise grâce à sa formation universitaire, confirme Pauline Dreux-Palassy. A nous de leur donner les armes pour faire valoir leurs qualités face aux ingénieurs. A les aider à passer d'un projet passionnel, leur thèse, à un projet professionnel." Et les thésards ont des compétences à faire valoir dont ils n'ont eux-mêmes peu conscience. "Dans le cas d'un scientifique, il aura par exemple appris à négocier avec des fournisseurs ou à faire du management ", reprend Pauline Dreux-Palassy.
La réputation des thésards de ne jamais finir leur thèse est aussi en passe d'être totalement dépassée. "Aujourd'hui en moyenne les thèses dans notre université durent un peu plus de quatre ans et nous travaillons pour arriver progressivement aux trois ans pour tous, ce qui n'est pas loin d'être le cas dans les disciplines scientifiques alors qu'on se rapproche plutôt des cinq ans en sciences humaines et sociales", commente Agnès Florin. Mais il faut aussi compter avec des personnes en activité auxquelles on donne plus de temps.
"Avec sa réduction à trois ans et l'obligation de suivre certains cours la thèse a changé de statut pour devenir un véritable troisième cycle de formation à la recherche, conclut Laurent Batsch, président de l'université Paris-Dauphine. Ce n'est plus l'œuvre d'une vie mais un apprentissage qui sera utile au doctorant, qu'il devienne lui-même enseignant-chercheur ou qu'il se destine à des services d'études en entreprise. L'image du 'doux rêveur' qui collait au thésard est totalement dépassée et on comprend bien maintenant que la thèse est une formation de l'esprit professionnalisante."
Olivier Rollot
"Trois années de grande satisfaction intellectuelle"
"Pour moi la poursuite en doctorat n'avait rien d'évidente. Il a fallu que la start up dans laquelle j'étais en stage me convainque de poursuivre mon cursus avec elle." Marie-Cécile Klak, 26 ans, gardera finalement un très bon souvenir de son doctorat : "Ce furent trois années de grande satisfaction intellectuelle même si au début cela fait un peu peur de se lancer."
Effectué dans le cadre d'un contrat Cifre(*), le doctorat en biochimie de Marie-Cécile Klak portait sur la recherche de pansements pour accélérer la cicatrisation des grands brûlés. "Un sujet particulièrement passionnant pour moi qui avait envie de travailler dans un laboratoire."
Marie-Cécile Klak a aussi beaucoup apprécié d'être soutenue dans son projet professionnel par le Nouveau chapitre de la thèse, une autre initiative de l'Intelli'agence qui met en contact doctorants et entreprises. "Nous travaillons pendant une semaine en groupes de doctorants de toutes disciplines, juristes comme scientifiques ou gestionnaires, pour présenter un projet aux entreprises présentes. Cela nous permet de mieux mesurer toutes les compétences que nous avons acquises."
Alors qu'elle vient de rejoindre la prestigieuse université américaine de Yale pour un contrat de post doctorante, elle se félicite décidément d'avoir choisi la voie universitaire : "Cela correspondait mieux à mon tempérament. Je ne voulais pas être encadrée dans une prépa avec quelqu'un qui me dise ce qu'il me fallait faire. Je voulais être autonome et créative." Le portrait même d'une thésarde…
(*) Les conventions industrielles de formation par la recherche (Cifre) permettent de subventionner les entreprises qui embauchent un doctorant dans le cadre d'une collaboration de recherche avec un laboratoire public.
jeudi 30 juin 2011
mardi 28 juin 2011
Ne tirez pas sur les grandes écoles
Le Monde, 28 juin 2011
Le succès des grandes écoles ne se dément pas alors que dans la période de campagne électorale qui se prépare, les premières frappes s'abattent sur elles. En ce début de mois de juin, c'est plus de 20 000 candidats qui ont décidé de s'élancer sur le tour de France des oraux des grandes écoles de management.
A l'heure du "printemps arabe" et de la gronde des jeunes "indignés" espagnols, qui traduisent le désarroi d'une jeunesse désenchantée par des longues études sans emplois qualifiés à la clé, nos écoles ne proposent certes pas la garantie d'un emploi à vie contre un diplôme. Ce qu'elles offrent à chaque étudiant, c'est l'opportunité de construire un projet professionnel personnel qui débouche sur une employabilité proche de 100 % en fin du parcours. La recette diffère selon l'école, mais elle est partout fondée sur l'alternance entre théorie et pratique, recherche et action. Et forte de sa dimension internationale, elle prépare ses étudiants à évoluer dans une économie globalisée.
Le modèle de la grande école attire les critiques pour sa reproduction sociale. Jugement fondé mais qui tend de plus en plus à se corriger. Les partenariats avec des lycées accueillant des élèves excellents mais n'ayant pas le capital culturel et les réseaux familiaux pour se projeter dans des études longues se multiplient, tout comme les bourses, les prêts sans caution à taux très faible ainsi que les jobs étudiants. Pour nos écoles, il est primordial de renouveler les élites et répondre ainsi aux besoins des entreprises qui viennent sur nos campus à la recherche de la diversité culturelle et sociale de cadres non formatés apportant des idées neuves et ressemblant à leurs clients.
Il est aussi critiqué au motif qu'il serait davantage financé par la collectivité que par l'université, argument particulièrement mal fondé pour les grandes écoles de management, dont les fonds publics représentent aujourd‘hui moins de 10 % de leur budget. Ces mêmes écoles tirent l'essentiel de leurs ressources de droits de scolarité en moyenne inférieurs de 30 % à ce que les universités publiques anglaises vont réclamer à leurs étudiants Bachelor à partir de l'an prochain !
Nous nous réjouissons que l'université bénéficie aujourd'hui d'une injection massive de fonds publics qui lui permet de se moderniser, de s'autonomiser et de s'inscrire dans une démarche professionnalisante. Mais à l'ère de l'économie de la connaissance où la richesse des nations développées vient de leur matière grise, dépassons les oppositions stériles.
Ne tirons pas sur le pianiste et appuyons-nous sur l'originalité et la performance de notre système dual ! Au cours des dix dernières années, les écoles de management ont mué de manière spectaculaire. Elles sont nombreuses à être aujourd'hui accréditées par les organismes internationaux (Equis, AACSB, AMBA). Elles sont de mieux en mieux classées dans les rankings des journaux de référence (Financial Times).
Elles ont attiré dans leurs masters des proportions importantes d'étudiants internationaux qui font de leur salle de classe une assemblée multiculturelle et développé une faculté permanente d'enseignants-chercheurs dont les publications scientifiques internationales sont significativement plus nombreuses que celles de leurs collègues universitaires des mêmes disciplines.
Cette dynamique, favorisée par une gouvernance resserrée et résolument entrepreneuriale, bénéficie considérablement à l'économie nationale et régionale, contribuant à la culture de l'innovation, à l'animation des pôles de compétitivité comme à l'accompagnement des entreprises dans leur conquête des marchés mondiaux. Et les écoles sont prêtes à s'inscrire dans une logique de coopération territoriale avec tous les autres acteurs de l'enseignement supérieur et, au premier chef, l'université au sein des pôles de recherche et d'enseignement (PRES), pour autant que ceux-ci ne soient pas un corset bureaucratique mais un espace de partage et de mise en synergie d'expertises complémentaires.
Bienvenue sur nos campus à tous les candidats et merci à eux pour la confiance dont ils nous honorent. Cette confiance, notre principal rôle va être de la replacer en eux. Le monde professionnel dans lequel ils évolueront sera tout sauf un long fleuve tranquille… Complexe, imprévisible, dangereux parfois, il va requérir des caractères bien trempés et des esprits souples qui sauront saisir toutes les opportunités de développement.
C'est notre fierté de les préparer à assumer demain leurs responsabilités quel que soit le terrain qu'ils choisiront pour y investir leur énergie : grandes entreprises ou start-ups, ONG ou collectivités publiques. Le tour de France est parti pour les candidats. A leur tour maintenant de décider de leur avenir.
Arnaud Langlois-Meurinne, directeur général de Rouen Business School
Le succès des grandes écoles ne se dément pas alors que dans la période de campagne électorale qui se prépare, les premières frappes s'abattent sur elles. En ce début de mois de juin, c'est plus de 20 000 candidats qui ont décidé de s'élancer sur le tour de France des oraux des grandes écoles de management.
A l'heure du "printemps arabe" et de la gronde des jeunes "indignés" espagnols, qui traduisent le désarroi d'une jeunesse désenchantée par des longues études sans emplois qualifiés à la clé, nos écoles ne proposent certes pas la garantie d'un emploi à vie contre un diplôme. Ce qu'elles offrent à chaque étudiant, c'est l'opportunité de construire un projet professionnel personnel qui débouche sur une employabilité proche de 100 % en fin du parcours. La recette diffère selon l'école, mais elle est partout fondée sur l'alternance entre théorie et pratique, recherche et action. Et forte de sa dimension internationale, elle prépare ses étudiants à évoluer dans une économie globalisée.
Le modèle de la grande école attire les critiques pour sa reproduction sociale. Jugement fondé mais qui tend de plus en plus à se corriger. Les partenariats avec des lycées accueillant des élèves excellents mais n'ayant pas le capital culturel et les réseaux familiaux pour se projeter dans des études longues se multiplient, tout comme les bourses, les prêts sans caution à taux très faible ainsi que les jobs étudiants. Pour nos écoles, il est primordial de renouveler les élites et répondre ainsi aux besoins des entreprises qui viennent sur nos campus à la recherche de la diversité culturelle et sociale de cadres non formatés apportant des idées neuves et ressemblant à leurs clients.
Il est aussi critiqué au motif qu'il serait davantage financé par la collectivité que par l'université, argument particulièrement mal fondé pour les grandes écoles de management, dont les fonds publics représentent aujourd‘hui moins de 10 % de leur budget. Ces mêmes écoles tirent l'essentiel de leurs ressources de droits de scolarité en moyenne inférieurs de 30 % à ce que les universités publiques anglaises vont réclamer à leurs étudiants Bachelor à partir de l'an prochain !
Nous nous réjouissons que l'université bénéficie aujourd'hui d'une injection massive de fonds publics qui lui permet de se moderniser, de s'autonomiser et de s'inscrire dans une démarche professionnalisante. Mais à l'ère de l'économie de la connaissance où la richesse des nations développées vient de leur matière grise, dépassons les oppositions stériles.
Ne tirons pas sur le pianiste et appuyons-nous sur l'originalité et la performance de notre système dual ! Au cours des dix dernières années, les écoles de management ont mué de manière spectaculaire. Elles sont nombreuses à être aujourd'hui accréditées par les organismes internationaux (Equis, AACSB, AMBA). Elles sont de mieux en mieux classées dans les rankings des journaux de référence (Financial Times).
Elles ont attiré dans leurs masters des proportions importantes d'étudiants internationaux qui font de leur salle de classe une assemblée multiculturelle et développé une faculté permanente d'enseignants-chercheurs dont les publications scientifiques internationales sont significativement plus nombreuses que celles de leurs collègues universitaires des mêmes disciplines.
Cette dynamique, favorisée par une gouvernance resserrée et résolument entrepreneuriale, bénéficie considérablement à l'économie nationale et régionale, contribuant à la culture de l'innovation, à l'animation des pôles de compétitivité comme à l'accompagnement des entreprises dans leur conquête des marchés mondiaux. Et les écoles sont prêtes à s'inscrire dans une logique de coopération territoriale avec tous les autres acteurs de l'enseignement supérieur et, au premier chef, l'université au sein des pôles de recherche et d'enseignement (PRES), pour autant que ceux-ci ne soient pas un corset bureaucratique mais un espace de partage et de mise en synergie d'expertises complémentaires.
Bienvenue sur nos campus à tous les candidats et merci à eux pour la confiance dont ils nous honorent. Cette confiance, notre principal rôle va être de la replacer en eux. Le monde professionnel dans lequel ils évolueront sera tout sauf un long fleuve tranquille… Complexe, imprévisible, dangereux parfois, il va requérir des caractères bien trempés et des esprits souples qui sauront saisir toutes les opportunités de développement.
C'est notre fierté de les préparer à assumer demain leurs responsabilités quel que soit le terrain qu'ils choisiront pour y investir leur énergie : grandes entreprises ou start-ups, ONG ou collectivités publiques. Le tour de France est parti pour les candidats. A leur tour maintenant de décider de leur avenir.
Arnaud Langlois-Meurinne, directeur général de Rouen Business School
jeudi 23 juin 2011
Pécresse réforme la licence en profondeur
Le Figaro, 22 juin 2011
Après avoir donné leur autonomie aux universités, Valérie Pécresse s'attaque à l'avenir du premier des diplômes universitaires : la licence. Après six mois de négociations avec les principaux acteurs du monde universitaire et de l'entreprise, la ministre de l'Enseignement supérieur et de le recherche vient carrément de finaliser un diplôme qu'elle veut «nouveau» : plus professionnel, plus tourné vers l'emploi, plus qualifiant et surtout revalorisé. Elle ne veut pas perdre du temps : la licence nouvelle version verra donc le jour à la rentrée 2012.
A la clé, trois objectifs : une exigence académique de haut niveau. La licence doit devenir selon la ministre «un diplôme de référence» et permettre une meilleure insertion professionnelle en favorisant les stages en entreprises.
Chaque étudiant devra se voir proposer un stage pour «doper» son cursus. Le but étant à la fois de permettre à ceux qui ne souhaitent pas poursuivre leurs études à l'issue du premier niveau de diplôme universitaire d'avoir accumulé un début d'expérience professionnelle et d'être aussi crédibles lors de leurs premiers pas sur le marché de l'emploi que leurs homologues issus d'écoles de commerce et d'ingénieurs.
«Nous voulons aussi personnaliser les parcours, permettre à ceux qui le souhaitent de changer de filières ou d'université en fonction de leurs compétences, de leurs projets et de leurs résultats», dit-on au cabinet de la ministre. Enfin, la ministre veut prévenir le décrochage universitaire, qui concerne encore 80 000 étudiants chaque année.
«Nous ne partons pas de rien, insiste-t-elle. La dynamique est engagée depuis trois ans, nous avons replacé la pédagogie au coeur des préoccupations de l'université. Notre ambition c'est désormais de généraliser les dispositifs les plus aboutis.» En 2011, quelque 211 millions d'euros ont effectivement été investis dans le plan réussir en licence.
Premier axe pour parvenir à ses fins : Valérie Pécresse va commencer par augmenter le nombre d'heure de cours. Elles seront désormais fixées à un minimum de 1500 heures, pour se rapprocher du modèle des classes préparatoires qui dispensent elles 900 heures par an, soit 1800 sur les deux ans de prépa à leurs étudiants.
S'il atteint déjà 1 745 heures sur les 6 semestres de la licence en «Sciences, technologie, santé» ou en «STAPS», le volume horaire pour une licence n'est que de 1 548 heures en «Droit, économie, gestion», 1432 heures en «Arts, lettres et langues» et «Sciences humaines et sociales» contre 1270 heures avant 2002. Dans certaines disciplines, en fonction des options choisies, le volume horaire minimum est de 1200 heures.
Fini donc en 2012 les emplois du temps parfois jugés bien légers par les parents, qualifiés de «gruyère» par les étudiants. Même s'ils laissent en contrepartie plus de place pour le travail personnel, les recherches documentaires, la lecture et… la douceur de vivre.
C'est bien contre cette image connotée de dilettantisme et perçue comme négative par les employeurs que la ministre engage son offensive. Pas de raison que seuls les diplômés de grandes écoles empruntent des voies royales.
Deuxième axe d'évolution, une généralisation des dispositifs mis en place dans certaines universités de personnalisation des parcours, avec du soutien, des possibilités de réorientation, des itinéraires pour changer de voie en cours d'année universitaire pour éviter de perdre trop de temps.
Mais il s'agit également de développer les dispositifs dits d'excellence (cycles préparatoires, doubles licences, parcours renforcés) qui doivent bénéficier, via l'établissement de passerelles, à l'ensemble des étudiants accueillis à l'université.
Enfin, cette nouvelle licence va comporter un important volet de meilleure préparation à la vie professionnelle avec des stages prévus tout au long des cursus. Une faiblesse du monde universitaire par rapport à celui des grandes écoles ou des IUT.
En effet, seuls 11 % des étudiants de licence font actuellement un stage, essentiellement en troisième année. Seuls 2 % des premières années ont eu une telle expérience, 9 % des deuxième année et 27 % des troisième année.
Une faiblesse aux yeux des chefs d'entreprises quand on sait que les élèves de grandes écoles qui ont jusqu'ici leur préférence effectuent eux des stages nombreux voire des années de césure pour doper leur CV avant de tenter de décrocher leur premier emploi.
Après avoir donné leur autonomie aux universités, Valérie Pécresse s'attaque à l'avenir du premier des diplômes universitaires : la licence. Après six mois de négociations avec les principaux acteurs du monde universitaire et de l'entreprise, la ministre de l'Enseignement supérieur et de le recherche vient carrément de finaliser un diplôme qu'elle veut «nouveau» : plus professionnel, plus tourné vers l'emploi, plus qualifiant et surtout revalorisé. Elle ne veut pas perdre du temps : la licence nouvelle version verra donc le jour à la rentrée 2012.
A la clé, trois objectifs : une exigence académique de haut niveau. La licence doit devenir selon la ministre «un diplôme de référence» et permettre une meilleure insertion professionnelle en favorisant les stages en entreprises.
Chaque étudiant devra se voir proposer un stage pour «doper» son cursus. Le but étant à la fois de permettre à ceux qui ne souhaitent pas poursuivre leurs études à l'issue du premier niveau de diplôme universitaire d'avoir accumulé un début d'expérience professionnelle et d'être aussi crédibles lors de leurs premiers pas sur le marché de l'emploi que leurs homologues issus d'écoles de commerce et d'ingénieurs.
«Nous voulons aussi personnaliser les parcours, permettre à ceux qui le souhaitent de changer de filières ou d'université en fonction de leurs compétences, de leurs projets et de leurs résultats», dit-on au cabinet de la ministre. Enfin, la ministre veut prévenir le décrochage universitaire, qui concerne encore 80 000 étudiants chaque année.
«Nous ne partons pas de rien, insiste-t-elle. La dynamique est engagée depuis trois ans, nous avons replacé la pédagogie au coeur des préoccupations de l'université. Notre ambition c'est désormais de généraliser les dispositifs les plus aboutis.» En 2011, quelque 211 millions d'euros ont effectivement été investis dans le plan réussir en licence.
Premier axe pour parvenir à ses fins : Valérie Pécresse va commencer par augmenter le nombre d'heure de cours. Elles seront désormais fixées à un minimum de 1500 heures, pour se rapprocher du modèle des classes préparatoires qui dispensent elles 900 heures par an, soit 1800 sur les deux ans de prépa à leurs étudiants.
S'il atteint déjà 1 745 heures sur les 6 semestres de la licence en «Sciences, technologie, santé» ou en «STAPS», le volume horaire pour une licence n'est que de 1 548 heures en «Droit, économie, gestion», 1432 heures en «Arts, lettres et langues» et «Sciences humaines et sociales» contre 1270 heures avant 2002. Dans certaines disciplines, en fonction des options choisies, le volume horaire minimum est de 1200 heures.
Fini donc en 2012 les emplois du temps parfois jugés bien légers par les parents, qualifiés de «gruyère» par les étudiants. Même s'ils laissent en contrepartie plus de place pour le travail personnel, les recherches documentaires, la lecture et… la douceur de vivre.
C'est bien contre cette image connotée de dilettantisme et perçue comme négative par les employeurs que la ministre engage son offensive. Pas de raison que seuls les diplômés de grandes écoles empruntent des voies royales.
Deuxième axe d'évolution, une généralisation des dispositifs mis en place dans certaines universités de personnalisation des parcours, avec du soutien, des possibilités de réorientation, des itinéraires pour changer de voie en cours d'année universitaire pour éviter de perdre trop de temps.
Mais il s'agit également de développer les dispositifs dits d'excellence (cycles préparatoires, doubles licences, parcours renforcés) qui doivent bénéficier, via l'établissement de passerelles, à l'ensemble des étudiants accueillis à l'université.
Enfin, cette nouvelle licence va comporter un important volet de meilleure préparation à la vie professionnelle avec des stages prévus tout au long des cursus. Une faiblesse du monde universitaire par rapport à celui des grandes écoles ou des IUT.
En effet, seuls 11 % des étudiants de licence font actuellement un stage, essentiellement en troisième année. Seuls 2 % des premières années ont eu une telle expérience, 9 % des deuxième année et 27 % des troisième année.
Une faiblesse aux yeux des chefs d'entreprises quand on sait que les élèves de grandes écoles qui ont jusqu'ici leur préférence effectuent eux des stages nombreux voire des années de césure pour doper leur CV avant de tenter de décrocher leur premier emploi.
mardi 14 juin 2011
Luc Ferry, l'universitaire qui ne fait pas cours
par Fabrice Melleray, Le Monde, 14 juin 2011
De la même manière que l'on ne saurait déduire du passage d'un cygne blanc que tous les cygnes sont blancs, comme l'écrivait Karl Popper, on ne peut évidemment prétendre que si un universitaire n'assure pas son service, ou s'emploie à s'y soustraire, tous les universitaires procèdent de la même manière.
Pour autant, et même ramenées à un cas que l'on espère isolé et qui est à certains égards exceptionnel (tous les professeurs d'université n'ont pas connu la même carrière politico-administrative que lui), les récentes révélations relatives à la situation statutaire de Luc Ferry posent un très sérieux problème de droit.
On voudrait signaler ici l'existence d'un profond décalage entre la sévérité des règles et la mollesse de leur mise en œuvre.
En droit de la fonction publique, le principe est pourtant clair : les fonctionnaires n'ont droit à rémunération qu'après service fait et, au moins pour les fonctionnaires de l'Etat, le service partiellement fait est assimilé au service non fait.
Il est également acquis qu'un universitaire, sauf s'il bénéficie d'une décharge (totale ou partielle) ou encore s'il est placé dans une position statutaire particulière (détachement, délégation ou mise à disposition), doit assumer l'intégralité de ses obligations d'enseignement.
Son service se compose en effet pour moitié d'activités d'enseignement déterminées par rapport à une durée annuelle de référence égale à 128 heures de cours. Dès lors qu'il n'assure pas tout ou partie de ses obligations statutaires d'enseignement, un professeur d'université doit donc faire l'objet d'une retenue sur traitement.
Et, de la même manière qu'un enseignant qui tarde à remettre ses notes et les copies peut valablement faire l'objet d'une retenue de l'intégralité de son traitement durant cette période, un professeur qui n'assurerait pas ses enseignements devrait subir le même sort.
Que va-t-il cependant très probablement se passer dans le cas d'espèce ?
Soit on parvient à trouver une nouvelle base juridique permettant de dispenser l'intéressé d'assurer son service (mais une telle option est assurément plus délicate à mettre en œuvre depuis que les universités sont devenues autonomes et assument donc l'essentiel des prérogatives, et des devoirs, de l'employeur alors même que les enseignants-chercheurs demeurent des agents de l'Etat), soit on trouve un compromis, le professeur récalcitrant acceptant de faire quelques heures de cours alors que les étudiants ont déjà déserté les bancs des amphithéâtres ou promettant qu'une telle situation ne se reproduira pas à l'avenir.
On se permettra de signaler que, du point de vue du droit, un tel compromis est tout aussi illégal que l'absence de service fait dès lors que le fonctionnaire est dans une situation statutaire et que son employeur ne peut pas l'exempter sans motif valable de l'essentiel de ses obligations d'enseignement.
Il faudra pourtant bien un jour mettre en adéquation le droit et la pratique administrative, sauf à accepter que l'image des universités et des universitaires ne continue à se dégrader.
Fabrice Melleray, professeur de droit public à l'université Montesquieu-Bordeaux IV
De la même manière que l'on ne saurait déduire du passage d'un cygne blanc que tous les cygnes sont blancs, comme l'écrivait Karl Popper, on ne peut évidemment prétendre que si un universitaire n'assure pas son service, ou s'emploie à s'y soustraire, tous les universitaires procèdent de la même manière.
Pour autant, et même ramenées à un cas que l'on espère isolé et qui est à certains égards exceptionnel (tous les professeurs d'université n'ont pas connu la même carrière politico-administrative que lui), les récentes révélations relatives à la situation statutaire de Luc Ferry posent un très sérieux problème de droit.
On voudrait signaler ici l'existence d'un profond décalage entre la sévérité des règles et la mollesse de leur mise en œuvre.
En droit de la fonction publique, le principe est pourtant clair : les fonctionnaires n'ont droit à rémunération qu'après service fait et, au moins pour les fonctionnaires de l'Etat, le service partiellement fait est assimilé au service non fait.
Il est également acquis qu'un universitaire, sauf s'il bénéficie d'une décharge (totale ou partielle) ou encore s'il est placé dans une position statutaire particulière (détachement, délégation ou mise à disposition), doit assumer l'intégralité de ses obligations d'enseignement.
Son service se compose en effet pour moitié d'activités d'enseignement déterminées par rapport à une durée annuelle de référence égale à 128 heures de cours. Dès lors qu'il n'assure pas tout ou partie de ses obligations statutaires d'enseignement, un professeur d'université doit donc faire l'objet d'une retenue sur traitement.
Et, de la même manière qu'un enseignant qui tarde à remettre ses notes et les copies peut valablement faire l'objet d'une retenue de l'intégralité de son traitement durant cette période, un professeur qui n'assurerait pas ses enseignements devrait subir le même sort.
Que va-t-il cependant très probablement se passer dans le cas d'espèce ?
Soit on parvient à trouver une nouvelle base juridique permettant de dispenser l'intéressé d'assurer son service (mais une telle option est assurément plus délicate à mettre en œuvre depuis que les universités sont devenues autonomes et assument donc l'essentiel des prérogatives, et des devoirs, de l'employeur alors même que les enseignants-chercheurs demeurent des agents de l'Etat), soit on trouve un compromis, le professeur récalcitrant acceptant de faire quelques heures de cours alors que les étudiants ont déjà déserté les bancs des amphithéâtres ou promettant qu'une telle situation ne se reproduira pas à l'avenir.
On se permettra de signaler que, du point de vue du droit, un tel compromis est tout aussi illégal que l'absence de service fait dès lors que le fonctionnaire est dans une situation statutaire et que son employeur ne peut pas l'exempter sans motif valable de l'essentiel de ses obligations d'enseignement.
Il faudra pourtant bien un jour mettre en adéquation le droit et la pratique administrative, sauf à accepter que l'image des universités et des universitaires ne continue à se dégrader.
Fabrice Melleray, professeur de droit public à l'université Montesquieu-Bordeaux IV
samedi 11 juin 2011
Vers une fondation des sciences du vivant
Le Point.fr - 10/06/2011
Nicolas Sarkozy souhaite "fédérer les bonnes volontés", y compris "certaines grandes entreprises".
Nicolas Sarkozy a milité vendredi pour la création d'une fondation de coopération scientifique associant organismes de recherche, universités, CHU et entreprises en matière de sciences du vivant, en clôture des 3es rencontres internationales de recherche biomédicale.
S'exprimant devant des chercheurs, le chef de l'État a demandé aux ministres compétents de "parachever la création" de cette fondation en soulignant qu'elle devait "associer des acteurs de la vie quotidienne des Français", et notamment "certaines grandes entreprises d'ores et déjà désireuses de s'engager".
"Au cours des prochains mois, je compte sur vous pour rassembler ces énergies, ces bonnes volontés au service de la santé de nos concitoyens", a-t-il dit à l'adresse de Valérie Pécresse (Recherche), Xavier Bertrand et Nora Berra (Santé) et du patron de l'Alliance des sciences de la vie et de la santé (Aviesan) et P-DG de l'Inserm, André Syrota.
Nicolas Sarkozy a précisé que cette fondation n'avait pas vocation à "mettre la main sur qui que ce soit", "à se substituer aux fondations en cours de création dans les universités autonomes", ou encore à "ajouter une couche de complexité à un dispositif que nous voulons au contraire simplifier".
"Simplifier le paysage"
"Il s'agit simplement de fédérer les bonnes volontés et de simplifier le paysage et de remplacer les innombrables groupements d'intérêt scientifique créés au fil des années", a insisté le président.
"Nous avons besoin de cette coopération entre universités et entreprises (...). Je suis très heureux, on peut (aujourd'hui) dire ça sans être accusés de marchandisation de l'université ou de l'arrivée du capitalisme dans les universités", s'est réjoui Nicolas Sarkozy.
Évoquant les maladies infectieuses, thème de la 3e édition des rencontres, il a assuré que la France tiendrait ses promesses d'aide au Fonds mondial de lutte contre le sida et d'engagement budgétaire en faveur de recherche.
"La crise ralentit la croissance et nos recettes fiscales, mais pas les épidémies. Il n'y a donc aucune raison de baisser la garde", a-t-il plaidé.
Après son discours, Nicolas Sarkozy a déjeuné avec les lauréats de l'appel à projet créant les instituts hospitalo-universitaires (IHU).
Nicolas Sarkozy souhaite "fédérer les bonnes volontés", y compris "certaines grandes entreprises".
Nicolas Sarkozy a milité vendredi pour la création d'une fondation de coopération scientifique associant organismes de recherche, universités, CHU et entreprises en matière de sciences du vivant, en clôture des 3es rencontres internationales de recherche biomédicale.
S'exprimant devant des chercheurs, le chef de l'État a demandé aux ministres compétents de "parachever la création" de cette fondation en soulignant qu'elle devait "associer des acteurs de la vie quotidienne des Français", et notamment "certaines grandes entreprises d'ores et déjà désireuses de s'engager".
"Au cours des prochains mois, je compte sur vous pour rassembler ces énergies, ces bonnes volontés au service de la santé de nos concitoyens", a-t-il dit à l'adresse de Valérie Pécresse (Recherche), Xavier Bertrand et Nora Berra (Santé) et du patron de l'Alliance des sciences de la vie et de la santé (Aviesan) et P-DG de l'Inserm, André Syrota.
Nicolas Sarkozy a précisé que cette fondation n'avait pas vocation à "mettre la main sur qui que ce soit", "à se substituer aux fondations en cours de création dans les universités autonomes", ou encore à "ajouter une couche de complexité à un dispositif que nous voulons au contraire simplifier".
"Simplifier le paysage"
"Il s'agit simplement de fédérer les bonnes volontés et de simplifier le paysage et de remplacer les innombrables groupements d'intérêt scientifique créés au fil des années", a insisté le président.
"Nous avons besoin de cette coopération entre universités et entreprises (...). Je suis très heureux, on peut (aujourd'hui) dire ça sans être accusés de marchandisation de l'université ou de l'arrivée du capitalisme dans les universités", s'est réjoui Nicolas Sarkozy.
Évoquant les maladies infectieuses, thème de la 3e édition des rencontres, il a assuré que la France tiendrait ses promesses d'aide au Fonds mondial de lutte contre le sida et d'engagement budgétaire en faveur de recherche.
"La crise ralentit la croissance et nos recettes fiscales, mais pas les épidémies. Il n'y a donc aucune raison de baisser la garde", a-t-il plaidé.
Après son discours, Nicolas Sarkozy a déjeuné avec les lauréats de l'appel à projet créant les instituts hospitalo-universitaires (IHU).
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