jeudi 9 juillet 2009

Université : les "refondateurs" appellent à l'élaboration collective d'une charte

Université : les "refondateurs" appellent à l'élaboration collective d'une charte, le Monde, 9 juillet 2009

Et si les universitaires prenaient l'université comme objet de réflexion… C'est en substance ce qu'un groupe d'intellectuels et d'universitaires propose aujourd'hui à la communauté d'enseignants du supérieur, à travers un "Appel des refondateurs aux collègues universitaires", publié dans Le Monde.

Ils appellent leurs "collègues de bonne volonté à participer dès la rentrée universitaire à l'élaboration collective d'une charte de l'université qui déterminerait les principes de base sur lesquels une vaste majorité d'enseignants-chercheurs se reconnaît et sur lesquels ils ne céderont pas".

"L'enseignement supérieur est devenu aussi important que l'école primaire. Il faut que la collectivité se saisisse de son destin", rappelle le philosophe Marcel Gauchet, l'un des tout premiers refondateurs. Le directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) estime que "loin d'être un aboutissement, la loi LRU [la loi sur la liberté et responsabilités des universités] est d'abord un point de départ à partir duquel les universitaires doivent travailler". A eux donc, à rêver l'université.

5 000 SIGNATURES

Ce mouvement s'est cristallisé autour de La Revue du Mauss (Mouvement anti-utilitariste en sciences sociales) et de son numéro sur l'université en crise, sorti en mai. Piloté par le sociologue Alain Caillé, cet ensemble d'articles est écrit au moment où les universités connaissent un hiver et un printemps de protestation contre la politique de la ministre de l'enseignement supérieur, Valérie Pécresse.

Un des articles du sociologue François Vatin, intitulé "Onze modestes propositions de réforme de l'université", sert alors de point de départ à la rédaction du Manifeste pour une refondation de l'université.

D'emblée l'accueil est positif. Les juristes Guy Carcassonne ou Olivier Beaud, le philosophe Bruno Karsenti, les sociologues Yves Lichtenberger ou Dominique Méda, le mathématicien Jean-Pierre Demailly apposent alors leur nom sur un texte diffusé dans Le Monde du 16 mai.

"Les signataires de l'appel viennent de tous horizons. Certains ont apporté leur soutien à la loi LRU mais estiment que si elle n'est pas bien comprise, elle ne peut être endossée. D'autres y sont clairement opposés", rappelle M. Caillé. Aujourd'hui, d'autres les ont rejoints, comme Dominique Plihon, le président du Conseil scientifique d'Attac France.

Depuis mi-mai, en effet, Alain Caillé, et les premiers signataires surfent sur la vague porteuse des 5 000 signatures. Ils organisent une première réunion en mai, une seconde le 27 juin. A cette date, ils se mettent d'accord sur le texte diffusé aujourd'hui. "L'université est née au XIIIe siècle d'un acte d'auto-création. Elle est née de la rencontre d'étudiants et de professeurs. Aussi faut-il périodiquement réactiver cette dimension."

C'est bien le but de ce groupe qui a conscience de ne représenter que le mouvement qui pourrait émerger de cet appel et espère qu'à la rentrée vont s'organiser des débats dans les universités.

Maryline Baumard