Le Figaro, 23 octobre 2009
Avec deux millions de participants depuis 1987, ce programme d'échanges universitaires a largement contribué au développement d'un sentiment europhile, du moins chez les jeunes générations.
Au nom d'Erasmus s'associe immédiatement le film de Cédric Klapish, L'Auberge espagnole, qui met en scène de jeunes colocataires fêtards et conviviaux issus de toute l'Europe.
Tous ont pour point commun d'avoir décidé d'étudier à Barcelone. La fiction rejoint ici la réalité puisque c'est justement l'Espagne qui connaît le plus de succès dans ce programme d'échanges universitaires. Viennent ensuite la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni parmi les pays qui accueillent le plus grand nombre d'étudiants.
Pour José-Manuel Barroso, le président de la commission, «Erasmus est un excellent exemple de ce qu'une action coordonnée des Etats membres peut permettre».
Depuis 1987, où seuls 3 000 étudiants avaient bénéficié d'une bourse, le programme européen a permis à 2 millions d'Européens, dont 290 000* Français, de découvrir un pays étranger pendant leurs études. Pourtant, la naissance d'Erasmus s'est faite dans la douleur, tant elle se heurtait aux réflexes nationaux.
Les sciences sociales et les études de commerce en tête
Ce sont les sciences sociales, les études de commerce et le droit qui constituent les filières les plus populaires pour les échanges, devant les études de lettres, de langue ou d'ingénierie. Certes, seuls 1 % des étudiants européens participent au programme : c'est encore peu, mais Erasmus a favorisé dans son sillage la création d'autres initiatives similaires. Aujourd'hui, à la commission, on estime qu'un étudiant français sur vingt aura accompli un séjour à l'étranger. Ouverture d'esprit, apprentissage d'une langue étrangère : l'intérêt d'Erasmus est évident.
C'est après une année passée en Irlande dans le cadre de ses études de droit queMarie Ottogali, 31 ans, a décidé de travailler dans un cabinet d'audit américain : «Sans cette année d'études, je n'aurai jamais franchi le pas… Je ne parlais pas assez bien anglais. Au-delà de cette expérience d'ouverture inoubliable, j'ai aussi approché une autre culture juridique», explique la jeune femme. C'est aussi grâce à Erasmus que le système universitaire européen s'est modernisé, avec le système unique du LMD (licence, master, doctorat) permettant aux jeunes de pouvoir étudier dans un autre pays plus facilement.
Le bilan est en revanche plus contrasté au sujet des bourses. Un étudiant français inscrit à l'étranger ne reçoit que 150 euros par mois. «À cette bourse, indique Frédéric Vincent, porte-parole chargé de l 'éducat ion à la commission, s'ajoutent d'autres subventions régionales notamment mais aussi des prêts étudiants, des programmes d'entreprise, etc. C'est un véritable patchwork !» Le système est donc perfectible car les étudiants les plus modestes sont encore souvent exclus de ces échanges relativement peu subventionnés. Mais les objectifs demeurent ambitieux : d'ici à 2012, la Commission européenne compte bien attirer un million d'étudiants supplémentaires.
* pourla période 1987/88-2007/08