Le Figaro, 23 octobre 2009
Avec deux millions de participants depuis 1987, ce programme d'échanges universitaires a largement contribué au développement d'un sentiment europhile, du moins chez les jeunes générations.
Au nom d'Erasmus s'associe immédiatement le film de Cédric Klapish, L'Auberge espagnole, qui met en scène de jeunes colocataires fêtards et conviviaux issus de toute l'Europe.
Tous ont pour point commun d'avoir décidé d'étudier à Barcelone. La fiction rejoint ici la réalité puisque c'est justement l'Espagne qui connaît le plus de succès dans ce programme d'échanges universitaires. Viennent ensuite la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni parmi les pays qui accueillent le plus grand nombre d'étudiants.
Pour José-Manuel Barroso, le président de la commission, «Erasmus est un excellent exemple de ce qu'une action coordonnée des Etats membres peut permettre».
Depuis 1987, où seuls 3 000 étudiants avaient bénéficié d'une bourse, le programme européen a permis à 2 millions d'Européens, dont 290 000* Français, de découvrir un pays étranger pendant leurs études. Pourtant, la naissance d'Erasmus s'est faite dans la douleur, tant elle se heurtait aux réflexes nationaux.
Les sciences sociales et les études de commerce en tête
Ce sont les sciences sociales, les études de commerce et le droit qui constituent les filières les plus populaires pour les échanges, devant les études de lettres, de langue ou d'ingénierie. Certes, seuls 1 % des étudiants européens participent au programme : c'est encore peu, mais Erasmus a favorisé dans son sillage la création d'autres initiatives similaires. Aujourd'hui, à la commission, on estime qu'un étudiant français sur vingt aura accompli un séjour à l'étranger. Ouverture d'esprit, apprentissage d'une langue étrangère : l'intérêt d'Erasmus est évident.
C'est après une année passée en Irlande dans le cadre de ses études de droit queMarie Ottogali, 31 ans, a décidé de travailler dans un cabinet d'audit américain : «Sans cette année d'études, je n'aurai jamais franchi le pas… Je ne parlais pas assez bien anglais. Au-delà de cette expérience d'ouverture inoubliable, j'ai aussi approché une autre culture juridique», explique la jeune femme. C'est aussi grâce à Erasmus que le système universitaire européen s'est modernisé, avec le système unique du LMD (licence, master, doctorat) permettant aux jeunes de pouvoir étudier dans un autre pays plus facilement.
Le bilan est en revanche plus contrasté au sujet des bourses. Un étudiant français inscrit à l'étranger ne reçoit que 150 euros par mois. «À cette bourse, indique Frédéric Vincent, porte-parole chargé de l 'éducat ion à la commission, s'ajoutent d'autres subventions régionales notamment mais aussi des prêts étudiants, des programmes d'entreprise, etc. C'est un véritable patchwork !» Le système est donc perfectible car les étudiants les plus modestes sont encore souvent exclus de ces échanges relativement peu subventionnés. Mais les objectifs demeurent ambitieux : d'ici à 2012, la Commission européenne compte bien attirer un million d'étudiants supplémentaires.
* pourla période 1987/88-2007/08
vendredi 23 octobre 2009
lundi 12 octobre 2009
Universités : où en est l'autonomie ?
Universités : où en est l'autonomie ?, Le Monde, 12 octobre 2009
Adoptée le 9 août 2007, la loi relative aux libertés et responsabilités des universités (LRU) aborde sa troisième année de mise en place après avoir survécu à deux mouvements d'ampleur. Celui des étudiants à l'hiver 2007-2008, puis des universitaires au printemps 2009. Si pour la ministre de l'enseignement supérieur, Valérie Pécresse, "l'autonomie avance", une partie de la communauté universitaire reste sceptique et redoute toujours les effets de cette loi. Ces derniers sont toutefois encore très difficiles à évaluer, car le passage à l'autonomie, et notamment aux "compétences élargies" en matière comptable et de ressources humaines, est un processus lent et long, que les universités abordent aujourd'hui en ordre dispersé.
L'organisation en question. En 2008, les 83 universités ont adopté de nouveaux statuts et réduit la taille de leur conseil d'administration (CA). Le nouveau conseil est beaucoup plus resserré (de 20 à 30 membres, contre 40 à 70 auparavant) et plus puissant. Il est devenu l'instance de pilotage de l'établissement et définit sa stratégie. Mais ce nouveau CA a été également très critiqué : il serait trop restreint pour représenter les différentes sensibilités de la communauté universitaire, notamment l'éventail des disciplines.
Mode de scrutin problématique. En optant pour le scrutin de liste, avec prime à la liste majoritaire, la loi, dans certains cas, a facilité l'élection de conseils "monocolores", laissant un poids marginal aux listes d'opposition. Dans d'autres cas, et du fait de l'existence de deux "collèges électoraux" pour les universitaires (un pour désigner les sept postes de professeurs, l'autre pour les sept postes de maîtres de conférences), la majorité du président élu est fragile et ne s'appuie que sur les élus des personnels non enseignants et des étudiants.
"Le mode électoral n'est pas adapté à l'université et doit être revu", conclut Khaled Bouabdallah, président de l'université de Saint Etienne. "La gouvernance est encore perfectible", confirme Lionel Collet, président de la Conférence des présidents d'université (CPU).
Les pouvoirs du président. C'est la principale critique opposée aux nouveaux statuts. Elu par le CA, le président centralise l'essentiel des pouvoirs. Selon un arrêté publié cet été, les présidents ont le dernier mot en matière de gestion des recrutements, des carrières des universitaires, de l'octroi de congés de recherche, etc.
Des "pouvoirs exorbitants", dénonce le Snesup (FSU), syndicat majoritaire chez les enseignants-chercheurs. "Ces pouvoirs autrefois assurés par le ministère ont été délégués aux universités désormais autonomes. C'est une facilitation rendue aux enseignants-chercheurs et non une menace", assure, pour sa part, Lionel Collet. "Si un président ne joue pas la collégialité, il risque d'avoir des problèmes. On ne peut pas gouverner contre sa communauté", renchérit Jean-Loup Salzmann, président de Paris-XIII-Villetaneuse. A Paris-VII, le président Vincent Berger a passé un "contrat de gouvernance" avec les universitaires afin de restaurer la confiance au sein de l'établissement.
Compétences élargies. Depuis le 1er janvier 2009, les universités peuvent bénéficier de "compétences élargies" en matière de gestion de la masse salariale et des ressources humaines.
"Après les dix-huit universités pionnières de 2009, trente-trois autres entreront dans le dispositif en 2010. Pour moi, cela prouve l'attractivité de la loi", résume Lionel Collet. La trentaine d'universités restante devront suivre en 2011 et 2012.
"Il a fallu beaucoup travailler pour se mettre à niveau et maîtriser les nouveaux outils", assure Alain Brillard, président de l'université de Haute Alsace. "S'il y a eu dans un premier temps des difficultés avec les rectorats, cela va mieux. Tout le monde apprend en marchant", estime Khaled Bouabdallah.
La maîtrise de la masse salariale et des ressources humaines permet à l'université de dégager des marges de manoeuvre pour conduire sa propre politique en matière de recrutement, décharges de services, primes, etc. "Je prépare un plan pluriannuel d'une soixantaine de titularisations de personnels actuellement vacataires", indique Jean-Loup Salzman. Selon la CPU, les dix-huit universités entrées dans la réforme en 2009 ont déjà créé 85 postes.
Gestion de l'immobilier. Dernier volet de l'autonomie, sa dévolution aux universités reste facultative. Seules neuf d'entre elles l'ont, pour l'instant, réclamé, ce qui s'explique par la lourdeur et la complexité du dossier. La CPU souhaite qu'une réflexion soit menée avec les régions, qui ont massivement financé les constructions universitaires ces dernières années. Reste que si l'Etat souhaite une application de la loi, il devra maintenir jusqu'en 2012 l'effort d'augmentation du budget de l'enseignement supérieur entamé en 2008 : un milliard d'euros supplémentaires par an.
Philippe Jacqué
Haro sur le nouveau recrutement des universitaires
La LRU a entraîné la modification du statut des enseignants-chercheurs, qui a motivé le long mouvement du printemps 2009. Mais elle a également réformé les modalités de leur recrutement.
Aux "commissions de spécialistes" qui recrutaient chaque année l'ensemble des nouveaux universitaires se sont substitués des "comités de sélection" ad hoc, désignés par les conseils d'administration (CA).
En 2009, 2 700 universitaires ont été recrutés par ce biais, mais les présidents critiquent la lourdeur de cette "usine à gaz" qui nécessite de nombreuses délibérations du CA et la participation de professeurs extérieurs. Les syndicats critiquent, pour leur part, les décisions de certains CA ou de présidents en matière de recrutement.
Adoptée le 9 août 2007, la loi relative aux libertés et responsabilités des universités (LRU) aborde sa troisième année de mise en place après avoir survécu à deux mouvements d'ampleur. Celui des étudiants à l'hiver 2007-2008, puis des universitaires au printemps 2009. Si pour la ministre de l'enseignement supérieur, Valérie Pécresse, "l'autonomie avance", une partie de la communauté universitaire reste sceptique et redoute toujours les effets de cette loi. Ces derniers sont toutefois encore très difficiles à évaluer, car le passage à l'autonomie, et notamment aux "compétences élargies" en matière comptable et de ressources humaines, est un processus lent et long, que les universités abordent aujourd'hui en ordre dispersé.
L'organisation en question. En 2008, les 83 universités ont adopté de nouveaux statuts et réduit la taille de leur conseil d'administration (CA). Le nouveau conseil est beaucoup plus resserré (de 20 à 30 membres, contre 40 à 70 auparavant) et plus puissant. Il est devenu l'instance de pilotage de l'établissement et définit sa stratégie. Mais ce nouveau CA a été également très critiqué : il serait trop restreint pour représenter les différentes sensibilités de la communauté universitaire, notamment l'éventail des disciplines.
Mode de scrutin problématique. En optant pour le scrutin de liste, avec prime à la liste majoritaire, la loi, dans certains cas, a facilité l'élection de conseils "monocolores", laissant un poids marginal aux listes d'opposition. Dans d'autres cas, et du fait de l'existence de deux "collèges électoraux" pour les universitaires (un pour désigner les sept postes de professeurs, l'autre pour les sept postes de maîtres de conférences), la majorité du président élu est fragile et ne s'appuie que sur les élus des personnels non enseignants et des étudiants.
"Le mode électoral n'est pas adapté à l'université et doit être revu", conclut Khaled Bouabdallah, président de l'université de Saint Etienne. "La gouvernance est encore perfectible", confirme Lionel Collet, président de la Conférence des présidents d'université (CPU).
Les pouvoirs du président. C'est la principale critique opposée aux nouveaux statuts. Elu par le CA, le président centralise l'essentiel des pouvoirs. Selon un arrêté publié cet été, les présidents ont le dernier mot en matière de gestion des recrutements, des carrières des universitaires, de l'octroi de congés de recherche, etc.
Des "pouvoirs exorbitants", dénonce le Snesup (FSU), syndicat majoritaire chez les enseignants-chercheurs. "Ces pouvoirs autrefois assurés par le ministère ont été délégués aux universités désormais autonomes. C'est une facilitation rendue aux enseignants-chercheurs et non une menace", assure, pour sa part, Lionel Collet. "Si un président ne joue pas la collégialité, il risque d'avoir des problèmes. On ne peut pas gouverner contre sa communauté", renchérit Jean-Loup Salzmann, président de Paris-XIII-Villetaneuse. A Paris-VII, le président Vincent Berger a passé un "contrat de gouvernance" avec les universitaires afin de restaurer la confiance au sein de l'établissement.
Compétences élargies. Depuis le 1er janvier 2009, les universités peuvent bénéficier de "compétences élargies" en matière de gestion de la masse salariale et des ressources humaines.
"Après les dix-huit universités pionnières de 2009, trente-trois autres entreront dans le dispositif en 2010. Pour moi, cela prouve l'attractivité de la loi", résume Lionel Collet. La trentaine d'universités restante devront suivre en 2011 et 2012.
"Il a fallu beaucoup travailler pour se mettre à niveau et maîtriser les nouveaux outils", assure Alain Brillard, président de l'université de Haute Alsace. "S'il y a eu dans un premier temps des difficultés avec les rectorats, cela va mieux. Tout le monde apprend en marchant", estime Khaled Bouabdallah.
La maîtrise de la masse salariale et des ressources humaines permet à l'université de dégager des marges de manoeuvre pour conduire sa propre politique en matière de recrutement, décharges de services, primes, etc. "Je prépare un plan pluriannuel d'une soixantaine de titularisations de personnels actuellement vacataires", indique Jean-Loup Salzman. Selon la CPU, les dix-huit universités entrées dans la réforme en 2009 ont déjà créé 85 postes.
Gestion de l'immobilier. Dernier volet de l'autonomie, sa dévolution aux universités reste facultative. Seules neuf d'entre elles l'ont, pour l'instant, réclamé, ce qui s'explique par la lourdeur et la complexité du dossier. La CPU souhaite qu'une réflexion soit menée avec les régions, qui ont massivement financé les constructions universitaires ces dernières années. Reste que si l'Etat souhaite une application de la loi, il devra maintenir jusqu'en 2012 l'effort d'augmentation du budget de l'enseignement supérieur entamé en 2008 : un milliard d'euros supplémentaires par an.
Philippe Jacqué
Haro sur le nouveau recrutement des universitaires
La LRU a entraîné la modification du statut des enseignants-chercheurs, qui a motivé le long mouvement du printemps 2009. Mais elle a également réformé les modalités de leur recrutement.
Aux "commissions de spécialistes" qui recrutaient chaque année l'ensemble des nouveaux universitaires se sont substitués des "comités de sélection" ad hoc, désignés par les conseils d'administration (CA).
En 2009, 2 700 universitaires ont été recrutés par ce biais, mais les présidents critiquent la lourdeur de cette "usine à gaz" qui nécessite de nombreuses délibérations du CA et la participation de professeurs extérieurs. Les syndicats critiquent, pour leur part, les décisions de certains CA ou de présidents en matière de recrutement.
lundi 5 octobre 2009
Valérie Pécresse : "Faire de Paris une des plus belles métropoles universitaires du monde"
Valérie Pécresse : "Faire de Paris une des plus belles métropoles universitaires du monde", Le Monde, 5 octobre 2009
La ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, Valérie Pécresse, a reçu, lundi 5 octobre, les conclusions de la mission menée depuis le début de l'année par l'ingénieur général, Bernard Larrouturou, sur le patrimoine immobilier universitaire.
La ministre de l'enseignement supérieur fait part de sa volonté de regrouper les grandes universités parisiennes et annonce l'ouverture, d'ici à la fin de l'année, d'une concertation sur le sujet.
Bernard Larrouturou propose de créer à Paris des "universités confédérales", de quoi s'agit-il ?
Hors Paris, les universités ont déjà commencé à se regrouper dans des pôles de recherche et d'enseignement supérieur (PRES), comme Paris-Sud et Paris-Est en Ile-de-France. En revanche, Paris intra muros ne compte encore aucun regroupement d'universités. Bernard Larrouturou propose que les huit universités parisiennes, mais aussi des grandes écoles constituent des PRES qu'il appelle en effet "universités confédérales". Ce terme veut dire que personne, au sein de ces regroupements, ne doit perdre son identité.
C'est d'ailleurs ce qui se passe dans les grandes universités internationales: vous avez Cambridge, mais à l'intérieur, toujours Trinity College… Pour la visibilité internationale, la bannière sera commune, mais la recherche et la formation seront pluridisciplinaires. Ce type d'université favorise les doubles cursus et doit aussi nous aider à faire tomber les murs qui séparent les universités des grandes écoles.
Vous avec donc un projet pour les universités parisiennes. Mais ne sont-elles pas autonomes ?
Mon projet, c'est de les convaincre ! Les PRES sont nécessairement des entités constituées sur la base du volontariat et qui ne pourraient fonctionner autrement. La seule réserve tient à leur taille. L'expérience des grands campus internationaux montre qu'il existe une taille critique et que le regroupement ne doit pas être trop flou pour que les équipes travaillent vraiment ensemble. Pour cela, la "fourchette" est comprise entre 3 000 et 6 000 doctorants. Compte tenu de la spécificité française qu'est le poids très important des premiers cycles, cela peut correspondre à plus de 100 000 étudiants.
Quels vont être ces pôles parisiens ?
Je ne veux pas me prononcer sur leur configuration précise ! Je n'ai pas l'intention de décréter que tel établissement ira nécessairement avec tel autre. Ce serait anticiper sur les conclusions d'une concertation qui n'est pas encore terminée et dont l'importance est cruciale. Il nous faut un programme immobilier en correspondance avec un projet pédagogique et scientifique.
C'est un sujet compliqué, qui met en jeu notamment des questions d'identité. Nous ne ferons pas des mastodontes ingouvernables, mais des universités toniques ! Bernard Larrouturou propose la formation à Paris de trois pôles universitaires ainsi que d'un campus international sur la montagne Sainte-Geneviève. C'est une proposition qui ressort des nombreuses discussions qu'il a eues avec les acteurs concernés.
D'autres préconisations portent sur la priorité à l'amélioration de la vie étudiante, la modernisation des bibliothèques, la création d'un grand service interacadémique…
Mais je suis surtout enthousiaste sur la très haute ambition qu'il convient de donner à cette opération. Nous engageons une rénovation qui doit permettre de mener de front une réflexion stratégique, pédagogique et scientifique. Notre but est de faire de Paris une des plus belles métropoles universitaires du monde et, comme le dit M. Larrouturou, la vitrine de l'activité intellectuelle du pays.
Quelles sont les prochaines étapes du projet ?
Une période de très intense concertation, en deux temps. Les PRES parisiens pourraient être constitués d'ici à la fin décembre. Je propose que nous prenions deux mois pour en discuter avec tous les acteurs. D'abord avec les présidents d'universités et les directeurs des grandes écoles, sur les alliances pédagogiques et scientifiques nécessaires. Ensuite avec la ville de Paris et la région, pour aboutir à un schéma directeur immobilier concerté, fixant notamment la liste des opérations prioritaires. L'idée est de passer de 120 sites actuellement à une quarantaine. M. Larrouturou – ce sera une nouvelle étape de sa mission – mènera la concertation sur les PRES et le recteur de Paris sur le schéma directeur.
Le principe de subsidiarité s'appliquera : je suis prête à déléguer aux PRES la compétence de réaliser des travaux s'ils se constituent en établissements publics. Dans le cas contraire, l'Etat prendra ses responsabilités car nous ne pouvons laisser perdurer la situation actuelle. D'ici à la fin de l'année, nous créerons à titre transitoire un établissement public d'aménagement, pour accompagner les universités afin de remettre en état ce qui doit l'être, et d'engager sans tarder la rénovation.
Et l'argent ?
D'ici à 2013, ce sont 4 milliards d'euros qui seront investis en Ile-de-France pour les grands équipements universitaires: 2milliards de crédits budgétaires, et 2 milliards dans le cadre du plan Campus. Dans les autres régions, les collectivités territoriales, tous niveaux confondus, apportent en moyenne 1 euro pour 1 euro investi par l'Etat. J'espère que ce sera la même proportion à Paris. Dès qu'il sera prêt, le schéma directeur immobilier pour Paris intra-muros bénéficiera des 700 millions d'euros prévus. Tout cela est déjà budgété. Si nous retroussons tous nos manches, les grues seront là fin 2011.
Propos recueillis par Luc cédelle
La ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, Valérie Pécresse, a reçu, lundi 5 octobre, les conclusions de la mission menée depuis le début de l'année par l'ingénieur général, Bernard Larrouturou, sur le patrimoine immobilier universitaire.
La ministre de l'enseignement supérieur fait part de sa volonté de regrouper les grandes universités parisiennes et annonce l'ouverture, d'ici à la fin de l'année, d'une concertation sur le sujet.
Bernard Larrouturou propose de créer à Paris des "universités confédérales", de quoi s'agit-il ?
Hors Paris, les universités ont déjà commencé à se regrouper dans des pôles de recherche et d'enseignement supérieur (PRES), comme Paris-Sud et Paris-Est en Ile-de-France. En revanche, Paris intra muros ne compte encore aucun regroupement d'universités. Bernard Larrouturou propose que les huit universités parisiennes, mais aussi des grandes écoles constituent des PRES qu'il appelle en effet "universités confédérales". Ce terme veut dire que personne, au sein de ces regroupements, ne doit perdre son identité.
C'est d'ailleurs ce qui se passe dans les grandes universités internationales: vous avez Cambridge, mais à l'intérieur, toujours Trinity College… Pour la visibilité internationale, la bannière sera commune, mais la recherche et la formation seront pluridisciplinaires. Ce type d'université favorise les doubles cursus et doit aussi nous aider à faire tomber les murs qui séparent les universités des grandes écoles.
Vous avec donc un projet pour les universités parisiennes. Mais ne sont-elles pas autonomes ?
Mon projet, c'est de les convaincre ! Les PRES sont nécessairement des entités constituées sur la base du volontariat et qui ne pourraient fonctionner autrement. La seule réserve tient à leur taille. L'expérience des grands campus internationaux montre qu'il existe une taille critique et que le regroupement ne doit pas être trop flou pour que les équipes travaillent vraiment ensemble. Pour cela, la "fourchette" est comprise entre 3 000 et 6 000 doctorants. Compte tenu de la spécificité française qu'est le poids très important des premiers cycles, cela peut correspondre à plus de 100 000 étudiants.
Quels vont être ces pôles parisiens ?
Je ne veux pas me prononcer sur leur configuration précise ! Je n'ai pas l'intention de décréter que tel établissement ira nécessairement avec tel autre. Ce serait anticiper sur les conclusions d'une concertation qui n'est pas encore terminée et dont l'importance est cruciale. Il nous faut un programme immobilier en correspondance avec un projet pédagogique et scientifique.
C'est un sujet compliqué, qui met en jeu notamment des questions d'identité. Nous ne ferons pas des mastodontes ingouvernables, mais des universités toniques ! Bernard Larrouturou propose la formation à Paris de trois pôles universitaires ainsi que d'un campus international sur la montagne Sainte-Geneviève. C'est une proposition qui ressort des nombreuses discussions qu'il a eues avec les acteurs concernés.
D'autres préconisations portent sur la priorité à l'amélioration de la vie étudiante, la modernisation des bibliothèques, la création d'un grand service interacadémique…
Mais je suis surtout enthousiaste sur la très haute ambition qu'il convient de donner à cette opération. Nous engageons une rénovation qui doit permettre de mener de front une réflexion stratégique, pédagogique et scientifique. Notre but est de faire de Paris une des plus belles métropoles universitaires du monde et, comme le dit M. Larrouturou, la vitrine de l'activité intellectuelle du pays.
Quelles sont les prochaines étapes du projet ?
Une période de très intense concertation, en deux temps. Les PRES parisiens pourraient être constitués d'ici à la fin décembre. Je propose que nous prenions deux mois pour en discuter avec tous les acteurs. D'abord avec les présidents d'universités et les directeurs des grandes écoles, sur les alliances pédagogiques et scientifiques nécessaires. Ensuite avec la ville de Paris et la région, pour aboutir à un schéma directeur immobilier concerté, fixant notamment la liste des opérations prioritaires. L'idée est de passer de 120 sites actuellement à une quarantaine. M. Larrouturou – ce sera une nouvelle étape de sa mission – mènera la concertation sur les PRES et le recteur de Paris sur le schéma directeur.
Le principe de subsidiarité s'appliquera : je suis prête à déléguer aux PRES la compétence de réaliser des travaux s'ils se constituent en établissements publics. Dans le cas contraire, l'Etat prendra ses responsabilités car nous ne pouvons laisser perdurer la situation actuelle. D'ici à la fin de l'année, nous créerons à titre transitoire un établissement public d'aménagement, pour accompagner les universités afin de remettre en état ce qui doit l'être, et d'engager sans tarder la rénovation.
Et l'argent ?
D'ici à 2013, ce sont 4 milliards d'euros qui seront investis en Ile-de-France pour les grands équipements universitaires: 2milliards de crédits budgétaires, et 2 milliards dans le cadre du plan Campus. Dans les autres régions, les collectivités territoriales, tous niveaux confondus, apportent en moyenne 1 euro pour 1 euro investi par l'Etat. J'espère que ce sera la même proportion à Paris. Dès qu'il sera prêt, le schéma directeur immobilier pour Paris intra-muros bénéficiera des 700 millions d'euros prévus. Tout cela est déjà budgété. Si nous retroussons tous nos manches, les grues seront là fin 2011.
Propos recueillis par Luc cédelle
dimanche 4 octobre 2009
La Coordination nationale universitaire appelle à une journée de manifestations le 17 novembre
La Coordination nationale universitaire appelle à une journée de manifestations le 17 novembre, Le Monde, 5 octobre 2009
La Coordination nationale des universités (CNU), en partie à l'origine du mouvement universitaire de l'hiver dernier, s'est réunie mercredi 30 septembre, pour la première fois depuis la rentrée. Elle a d'ores et déjà appelé à une journée de manifestations le 17 novembre.
"Nous avons encore plus de raisons d'être en colère et de nous battre que l'an dernier", a déclaré cette douzième coordination réunie à l'université de Paris-VIII Saint-Denis, en "réaffirmant son refus de la loi LRU [loi relative aux libertés et responsabilités des universités]" d'août 2007 sur l'autonomie des universités.
Elle a aussi appelé à "bloquer l'élaboration et la remontée des maquettes" des futurs masters "métiers de l'enseignement", liés à la réforme de la formation des enseignants, qui prévoit de recruter à l'avenir ceux-ci au niveau "master 2" (bac + 5).
Une nouvelle réunion de la CNU est prévue le 27 octobre dans une université parisienne qu'il reste à choisir. Depuis le vote de la loi LRU, dix-huit universités sont déjà passées à l'autonomie et trente-trois nouvelles y passeront à partir du 1er janvier 2010, sur un total de quatre-vingt-trois universités françaises.
La Coordination nationale des universités (CNU), en partie à l'origine du mouvement universitaire de l'hiver dernier, s'est réunie mercredi 30 septembre, pour la première fois depuis la rentrée. Elle a d'ores et déjà appelé à une journée de manifestations le 17 novembre.
"Nous avons encore plus de raisons d'être en colère et de nous battre que l'an dernier", a déclaré cette douzième coordination réunie à l'université de Paris-VIII Saint-Denis, en "réaffirmant son refus de la loi LRU [loi relative aux libertés et responsabilités des universités]" d'août 2007 sur l'autonomie des universités.
Elle a aussi appelé à "bloquer l'élaboration et la remontée des maquettes" des futurs masters "métiers de l'enseignement", liés à la réforme de la formation des enseignants, qui prévoit de recruter à l'avenir ceux-ci au niveau "master 2" (bac + 5).
Une nouvelle réunion de la CNU est prévue le 27 octobre dans une université parisienne qu'il reste à choisir. Depuis le vote de la loi LRU, dix-huit universités sont déjà passées à l'autonomie et trente-trois nouvelles y passeront à partir du 1er janvier 2010, sur un total de quatre-vingt-trois universités françaises.
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