AFP, décembre 2012
Le Plan Campus de rénovation immobilière des universités "avance" mais "beaucoup plus lentement" que prévu, en raison de partenariats et de montages très longs à mettre en place, a expliqué Anne Fraïsse, vice-présidente de la Conférence des présidents d'université (CPU)
Interrogé par l'AFP sur un rapport parlementaire révélant que seuls 56,9 millions d'euros du Plan Campus ont été versés sur les 5 milliards de son montant total, Anne Fraïsse a dit que ce chiffrage était exact mais que pour autant les plans de rénovation n'étaient "pas bloqués".
"Ils avancent, mais beaucoup plus lentement que ce qu'on prévoyait", notamment en raison des partenariats public-privé (PPP) dont "les coûts sont très chers" et qui "contrairement à ce qu'on nous avait dit, ne sont pas plus rapides, mais plus longs".
Du coup, "certains ont pris la forme de PPP publics, des formes nouvelles qui ont aussi été retardées du fait de problèmes juridiques", si bien qu'aucun PPP lié au Plan Campus n'a encore été signé à ce jour et que l'Etat n'a pas encore versé les capitaux promis qui y sont liés, selon Anne Fraïsse.
A ce stade, seul l'argent des intérêts intermédiaires, qui ont permis de lancer de "petits chantiers", et des études préalables a donc été versé, a-t-elle résumé pour expliquer le montant de 56,9 millions.
Des universités en difficultés financières
Par ailleurs, concernant les budgets, "il y en a déjà une bonne trentaine d'universités qui sont en difficultés financières" et "on sera de plus en plus nombreux à l'être", a estimé Anne Fraïsse, qui est également la présidente de l'université Montpellier 3.
"Cela ne veut pas dire qu'elles seront toutes en déficit, mais elles vont devoir réduire postes et investissements" si elles veulent éviter le déficit, a-t-elle ajouté, jugeant que les moyens du passage à l'autonomie avaient été "calculés trop justes".
"Le ministère a délégué beaucoup de dépenses et pas les moyens qui allaient avec", si bien que "les marges de manoeuvre" que l'autonomie devait procurer, "les universités, dans la quasi-totalité des cas, ne les ont pas".
Anne Fraïsse a enfin réclamé "que la politique de projets ne prenne pas totalement la place du financement récurrent des universités pour la pédagogie et la recherche".
Les projets du Grand emprunt de type "Idex ou Labex" apportent en effet "de l'argent, mais pas des postes de titulaires".
"S'il n'y a pas les personnels pour les mettre en place, cela ne sert à rien de lancer des projets nouveaux, ça ne marchera pas", a-t-elle conclu.