Alors qu’en France, les présidents d’université sont issus du monde enseignant, la Suède et les États-Unis ont opté pour des présidents nommés, souvent extérieurs à l’université.
«Nous recherchons une personnalité d’exception qui sache définir, faire partager et concrétiser une vision claire de l’orientation future de l’enseignement supérieur (…)». Quand les Américains ou les Suédois sont en quête d’un président d’université, ils n’hésitent pas à lancer des procédures d’appels publics à candidatures avec à la clé des salaires parfois très conséquents.
En France, au Japon, en Suisse, il est traditionnel d’élire les dirigeants des universités pour s’assurer qu’ils représentent les membres de l’établissement, surtout les enseignants. Mais, ailleurs, la nomination par un conseil composé en majorité de membres extérieurs tend à devenir la tendance, écrit l’OCDE dans un rapport sur l’évolution des modes de gouvernance dans l’enseignement supérieur. C’est le cas aux États-Unis, au Royaume-Uni, au Danemark, aux Pays-Bas… Ce changement est crucial. S’il est nommé plutôt qu’élu, le dirigeant «peut réaliser des transformations d’envergure qui bousculent les intérêts acquis».
Quelle est la gouvernance idéale?
Alors que les universités deviennent autonomes, des efforts ont été faits pour renforcer les pouvoirs de décision des dirigeants d’établissements dans la plupart des pays au détriment des instances académiques traditionnelles. Le poids accru des représentants extérieurs a contribué à consolider la position des organes de direction. En Suède, le conseil d’administration compte une majorité de représentants venus du monde des affaires, de l’industrie et de l’administration régionale. Et la présidence est confiée à une «personnalité extérieure, très qualifiée et expérimentée» qui ne travaille pas dans l’établissement.Dans un rapport commandé par Valérie Pécresse à l’économiste Philippe Aghion, ce dernier affirmait en 2010 que l’on retrouve «des constantes dans les principes d’organisation des universités étrangères qui marchent le mieux, en particulier la coexistence de deux légitimités qui sous-tendent la gouvernance de l’université». La légitimité administrative et exécutive repose sur un conseil d’administration composé de personnalités souvent non universitaires, qui désigne un président doté de pouvoirs étendus. La légitimité académique, s’incarne «dans une instance représentant la collégialité de la communauté académique, force de proposition en matière scientifique et pédagogique».
Il reste difficile de définir ce qu’est la gouvernance idéale, comme le montrent les modèles très différents selon les pays, voire selon les universités. Au Royaume-Uni, la gouvernance fait une large place au corps enseignant quand aux États-Unis, on observe une très forte majorité de membres extérieurs. Mais le succès de Harvard, la célèbre université américaine est-il uniquement à chercher dans sa gouvernance ou dans son fonds de dotation exceptionnel de 35 milliards de dollars?
États-Unis: des salaires à un million de dollars
Si un président d’université française perçoit un salaire compris entre 72.000 et 108.000 euros bruts annuels, le revenu médian des 493 présidents d’universités privées américaines est de 396 649 dollars (environ 300.000 euros), selon une enquête du Chronicle of Higher Education publiée en décembre 2012.Parmi eux, 36 présidents ont gagné plus d’un million de dollars. Avec 3.047.703 dollars, le président de la New School de New York est le premier, suivi par la présidente du Rensselaer Polytechnic Institute de Troy avec 2.340.441 dollars. Le président de Columbia University occupe la 7e place avec 1,9 million de dollars, celui de Yale (8e) gagne 1,6 million de dollars, celui de Stanford (33e) 1,03 million. La présidente de Harvard, 875.331 et le Français Jean-Lou Chameau, président de California Institute of Technology, 827.800.