LEMONDE.FR | 08.02.10
L'enseignement supérieur et la recherche publics font travailler 45 000 à 50 000 précaires, soit environ 20 % des effectifs, et la précarité est plus forte pour les femmes, dans les universités et dans les sciences humaines et sociales (SHS), selon une enquête rendue publique lundi et disponible sur Internet.
Cette enquête, lancée par une intersyndicale regroupant 19 organisations, s'appuie sur des recherches statistiques et surtout un questionnaire détaillé mis en ligne en octobre auquel ont répondu de façon anonyme 4 409 personnes précaires.
Au CNRS, entre 2006 et 2008, le nombre de permanents a baissé de 1,5 % et celui de non-permanents a augmenté de 17,2 %, a précisé lors du colloque de présentation de l'enquête Charles-Antoine Arnaud, chercheur statisticien en géographie au CNRS.
Derrière l'hétérogénéité des situations de ces précaires qui peuvent être des chargés de cours vacataires ou contractuels, des doctorants, des docteurs sans poste ou des personnels non enseignants (dits Ita et Biatoss), il y a des points communs, a expliqué Isabelle Clair, chargée de recherche en sociologie au CNRS : "Une rémunération basse et irrégulière, déconnectée des diplômes et de l'expérience".
A titre d'exemple, en 2009, plus d'un quart des répondants non enseignants gagnait moins de 1 250 euros par mois, a détaillé la chercheuse.
Selon l'enquête, les répondants réclament "un droit du travail au moins aussi protecteur que dans le privé" (ils n'ont par exemple pas de prime de précarité à la rupture d'un contrat précaire, contrairement aux CDD du privé) et en même temps, pour 70 % d'entre eux, "un plan de titularisation".
Selon le ministère de l'enseignement supérieur, les "non-titulaires" sont actuellement 23 500 dans les universités.