Les difficultés budgétaires des universités relancent la question de la sélection des étudiants en première année. Un quart des filières de licence pratiquent aujourd’hui le tirage au sort pour contenir le flot d’inscriptions.
Le débat sur la sélection à l’université
refait surface. Le syndicat étudiant UNI, classé à droite, l’a relancé
en dénonçant voilà quelques semaines la pratique arbitraire du tirage
au sort qui serait, selon lui, en plein essor. Plusieurs présidents
d’université, réputés à gauche pour certains, ont depuis embrayé,
n’hésitant pas à mettre les pieds dans le plat et appelant à sortir de
cette ambiguïté.
De fait, la sélection à
l’université existe mais se cache derrière les bi-licences ou le tirage
au sort. Cette dernière pratique «existe depuis 1997, confie la ministre de l’Enseignement supérieur, Geneviève Fioraso. Ce phénomène n’est ni en hausse, ni généralisé. Il ne concerne pas plus de 25% des filières de licence», assure-t-elle.
Le tirage au sort concerne les filières souvent saturées comme les STAPS (sciences et techniques des activités physiques et sportives), mais aussi le droit ou les activités culturelles.
Le tirage au sort concerne les filières souvent saturées comme les STAPS (sciences et techniques des activités physiques et sportives), mais aussi le droit ou les activités culturelles.
La pratique est légale. Mais elle fait grincer des dents. Et pose la question de «savoir si l’université doit accueillir tout le monde ou sélectionner»,
reconnaît le président de la Conférence des présidents d’université
(CPU), Jean-Loup Salzmann, classé à gauche.
Un avis partagé par le président de l’université de Versailles Saint Quentin-en-Yvelines (UVSQ), Jean-Luc Vayssière : «En droit, avec 300 étudiants dans un amphi de 200, le bâtiment va exploser, prédit-il. Je ne peux pas prendre la responsabilité de mettre des étudiants dans les escaliers...»
Un avis partagé par le président de l’université de Versailles Saint Quentin-en-Yvelines (UVSQ), Jean-Luc Vayssière : «En droit, avec 300 étudiants dans un amphi de 200, le bâtiment va exploser, prédit-il. Je ne peux pas prendre la responsabilité de mettre des étudiants dans les escaliers...»
«Nous arrivons dans le mur»
Faut-il plus de moyens pour accueillir davantage d’étudiants ? «A-t-on intérêt à augmenter le nombre de places d’accueil pour des filières aux débouchés compliqués ?»,
rétorque Geneviève Fioraso. La ministre plaide pour une information des
lycéens en amont, afin qu’ils s’orientent en connaissance de cause.
«Au nom d’un idéal que nous partageons tous, celui de l’ouverture de l’université, nous arrivons dans le mur», juge la présidente de Montpellier 3, Anne Fraïsse, qui envisage de recourir au tirage au sort en 2014. «C’est difficile de faire pire comme sélection», regrette-t-elle, en réclamant «des
étapes intermédiaires entre une sélection complète et une ouverture
sans aucune surveillance.»
«Il faut trouver un curseur entre les deux», affirme cette femme de gauche, qui se dit «frappée que, sur une université qui compte 5.000 étudiants en première année, 500 aient entre 0 et 2 de moyenne générale».
Elle souligne qu’une circulaire rappelait il y a quelques mois aux présidents d’université leur devoir d’accueillir des étudiants qui redoublent «pour la troisième, la quatrième, voire la cinquième fois sans avoir eu de résultat».
«Pour les motifs de non-sélection, nous n’avons pas le droit de les refuser, poursuit Anne Fraïsse. Et après, on nous reproche nos mauvais résultats en première année ! Ces étudiants ont-ils leur place à l’université ? Est-on responsable des étudiants qui nous demandent une carte d’étudiant, et finalement pas grand-chose d’autre ?»
«Il faut trouver un curseur entre les deux», affirme cette femme de gauche, qui se dit «frappée que, sur une université qui compte 5.000 étudiants en première année, 500 aient entre 0 et 2 de moyenne générale».
Elle souligne qu’une circulaire rappelait il y a quelques mois aux présidents d’université leur devoir d’accueillir des étudiants qui redoublent «pour la troisième, la quatrième, voire la cinquième fois sans avoir eu de résultat».
«Pour les motifs de non-sélection, nous n’avons pas le droit de les refuser, poursuit Anne Fraïsse. Et après, on nous reproche nos mauvais résultats en première année ! Ces étudiants ont-ils leur place à l’université ? Est-on responsable des étudiants qui nous demandent une carte d’étudiant, et finalement pas grand-chose d’autre ?»
Jean-Louis Vayssière s’emporte lui aussi contre «
a sélection par l’échec en fin de première année. En anglais, trois
mois après la rentrée, il ne reste que la moitié des étudiants». Il réclame des filières sélectives dès la licence, afin que l’université ne soit pas «privée de certains des meilleurs éléments».
Jean-Loup Salzmann, de son côté, insiste sur l’orientation des étudiants, qui doit être «plus prescriptive». Il faut «pouvoir presque imposer, à des gens dont on sait qu’ils n’ont aucune chance de succès, d’aller dans une filière où ils seront mieux encadrés».
Mais le président de la CPU réclame aussi des moyens supplémentaires. «Aujourd’hui, le nombre d’étudiants augmente de 2 à 4% par an, conclut-il. Si on veut passer de 43 à 50% d’une classe d’âge au niveau licence [l’objectif gouvernemental, NDLR], il faudra augmenter massivement les cursus.»
Jean-Loup Salzmann, de son côté, insiste sur l’orientation des étudiants, qui doit être «plus prescriptive». Il faut «pouvoir presque imposer, à des gens dont on sait qu’ils n’ont aucune chance de succès, d’aller dans une filière où ils seront mieux encadrés».
Mais le président de la CPU réclame aussi des moyens supplémentaires. «Aujourd’hui, le nombre d’étudiants augmente de 2 à 4% par an, conclut-il. Si on veut passer de 43 à 50% d’une classe d’âge au niveau licence [l’objectif gouvernemental, NDLR], il faudra augmenter massivement les cursus.»