Le Monde - 17 avril 2013
Décidément, il est grand temps que se termine l'examen du projet de loi
sur le « mariage pour tous » ! Le changement du calendrier parlementaire
pour permettre à l'Assemblée de procéder en urgence à une seconde
lecture de cette réforme a fait, en effet, une victime collatérale : le
débat sans vote, prévu mardi 16 avril, sur la politique d'accueil des
étudiants étrangers en France a été reporté.
En dépit de ce
contretemps, le gouvernement a décidé d'avancer sur un dossier essentiel
pour l'attractivité universitaire de la France, au coeur des défis de
la mondialisation. Manuel Valls, ministre de l'intérieur, et Geneviève
Fioraso, sa collègue de l'enseignement supérieur et de la recherche, ont
annoncé plusieurs mesures pour améliorer l'accueil des étrangers non
communautaires dans les universités et les grandes écoles de l'Hexagone.
Trois
dispositions en particulier sont prévues. D'une part, le gouvernement
propose d'accorder de plein droit - et non plus au cas par cas et au gré
des préfectures - aux étudiants étrangers des visas de la durée de
leurs études et de prolonger ces visas d'une année pour leur permettre
de faire une première expérience professionnelle en France après
l'obtention de leur diplôme.
D'autre part, les doctorants
étrangers bénéficieront d'un visa permanent afin de mener leurs
recherches dans des laboratoires français sans être suspendus à
d'aléatoires renouvellements de titre de séjour. Enfin, un guichet
unique sera ouvert dans la plupart des campus, regroupant des
représentants des préfectures et des services sociaux, pour faciliter
l'accueil pratique de ces étudiants.
Ces mesures sont bienvenues.
Elles referment, on l'espère définitivement, le chapitre de la
politique déplorable menée par l'ancien ministre de l'intérieur, Claude
Guéant. Obsédé par le « risque migratoire », celui-ci avait pris, en mai
2011, une circulaire restreignant fortement les droits des étudiants
étrangers. Devant la levée de boucliers des présidents d'université, des
directeurs de grande école et des chefs d'entreprise, mais aussi devant
l'incompréhension des pays étrangers concernés, M. Guéant avait fini
par amender son texte, sans toutefois y renoncer. A peine installé, en
mai 2012, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault a abrogé cette
circulaire, qui symbolisait le repli sur soi de la France.
Si
elles ne règlent pas tous les problèmes - en particulier celui du coût
de ces étudiants qui payent les mêmes droits d'inscription que les
Français, contrairement à ce qui se passe souvent à l'étranger -, les
nouvelles mesures annoncées confirment ce changement de cap. A juste
titre.
Dans la compétition économique mondiale, chacun sait que
le savoir est un enjeu stratégique. L'enseignement supérieur doit
attirer les meilleurs étudiants et les meilleurs chercheurs, qui seront,
ensuite, les ambassadeurs de la France et renforceront sa politique
d'influence, son « soft power ».
Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne,
l'Australie et l'Allemagne l'ont parfaitement compris. La France, qui
accueille quelque 230 000 étudiants étrangers non européens, a une
tradition ancienne en ce domaine. Elle se doit, plus que jamais, de
l'honorer.
NB: Budget 230 000 x 8000 = 1,8 Milliards d'euros?